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Antoine Karam
Question d'actualité au gouvernement N° 1042 au Ministère des outre-mer


Situation migratoire en Guyane

Question soumise le 18 novembre 2016

M. Antoine Karam. Ma question s'adresse à Mme la ministre des outre-mer.

La société guyanaise traverse actuellement une période de tension extrême. Voilà une semaine, c'est un ancien conseiller général apprécié de tous qui a été assassiné, tué par balle lors d'un cambriolage à son domicile.

Ce nouveau drame nous rappelle douloureusement la spirale de violence dans laquelle la Guyane est plongée depuis plusieurs mois. Les chiffres de la délinquance sont en effet alarmants : 38 homicides en 2015 et 39 cette année ; 13 fois plus de vols avec armes que dans l'Hexagone.

Parallèlement, la Guyane doit faire face à une crise migratoire sans précédent. Alors que 2 700 demandes d'asile avaient été enregistrées en 2015, nous devrions en compter entre 9 000 et 10 000 à la fin de cette année. Cette augmentation exceptionnelle fait de Cayenne le deuxième guichet de France, après Paris, et met à mal un dispositif d'accueil déjà au bord de l'asphyxie.

Pour faire face à ces deux phénomènes, le ministre de l'intérieur a annoncé un plan de sécurité publique déployant des moyens matériels et humains importants.

Néanmoins, nous savons que cela ne suffira pas. La société guyanaise souffre de nombreux maux économiques et sociaux, qui alimentent un sentiment de frustration et de rejet.

Excédée par la situation, la population descend dans la rue pour crier son exaspération.

Je veux être clair, il est question pour moi non pas de faire l'amalgame entre insécurité et immigration, mais de vous relayer l'émotion, la fragilité et la colère légitime de la population guyanaise.

L'insécurité et l'immigration sont devenues les deux principales préoccupations de celle-ci. Elles risquent, si des réponses fortes et adaptées au territoire ne sont pas apportées, de causer des troubles graves dans la société.

Depuis 2013, la Guyane attend désespérément un pacte d'avenir, dont l'un des axes est justement d'affirmer la souveraineté de l'État et de maîtriser ses frontières.

Alors, je vous le demande, madame la ministre, comment le Gouvernement entend-il réaffirmer les pouvoirs régaliens de l'État en Guyane ? Quelles mesures pouvons-nous mettre en place pour rassurer nos concitoyens ?
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Réponse émise le 18 novembre 2016

Mme Ericka Bareigts, ministre des outre-mer. Je veux tout d'abord, au nom du Gouvernement, renouveler à la famille et aux proches de Patrice Clet nos condoléances les plus attristées.

Vous le savez, monsieur le sénateur, au lendemain de ce crime crapuleux, j'ai reçu l'ensemble des parlementaires guyanais pour échanger sur ce fait extrêmement douloureux.

Dans le cadre du plan sécurité outre-mer, que j'ai cosigné avec le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, nous avons confirmé l'envoi de matériel aux forces de sécurité et 55 policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés au 1er janvier. Bernard Cazeneuve a également annoncé la création d'une zone de sécurité prioritaire à Saint-Laurent-du-Maroni. Enfin, un escadron de gendarmes mobiles est arrivé, voilà deux jours, en Guyane.

D'autres moyens d'action doivent être mis en œuvre.

Pour ce qui concerne les armes, j'ai annoncé, hier soir à l'Assemblée nationale, une concertation locale pour proposer des mesures adaptées.

Quant à la prévention de la délinquance, je souhaite une large implication des élus afin de parvenir à une plus grande efficacité. Le ministre de l'intérieur et moi-même sommes parfaitement conscients de la situation et nous y apportons des réponses fortes et lucides.

Vous avez raison, monsieur le sénateur, il n'est absolument pas question de faire l'amalgame entre insécurité et immigration. Nous devons aborder la question essentielle du développement économique et social.

M. le président. Veuillez conclure, madame la ministre !

Mme Ericka Bareigts, ministre. Le pacte d'avenir pour la Guyane est un enjeu très important et je vous annonce qu'il sera transmis aux élus très prochainement. Nous aurons l'occasion d'en parler lors de mon prochain déplacement en Guyane, qui aura lieu la semaine prochaine. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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