Mme Élisabeth Lamure. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie et des finances.
Monsieur le ministre, l'INSEE vient d'annoncer que la croissance française n'atteindrait que 1,2 % en 2016. C'est malheureusement très en deçà de vos prévisions.
Cette croissance illustre le décalage entre la France et ses voisins européens, car de 1,2 % pour la France, cette prévision passe à 1,7 % pour l'ensemble des pays de la zone euro, et à 1,9 % pour l'Allemagne.
Monsieur le ministre, comment expliquez-vous le décrochage général de la France, constaté par tous les organismes officiels internationaux ?
Notre taux de prélèvements obligatoires atteindra 44,5 % du PIB en 2016. Notre déficit budgétaire est de 3,6 % cette année, soit 970 milliards d'euros. La dette publique, avec 2 200 milliards d'euros, atteindra bientôt 100 % du PIB. Cette dette a progressé de 15 % en France au cours de ces dernières années, quand celle de l'Allemagne reculait de 10 %.
Autant de chiffres qui montrent que vos choix en matière économique ont fait reculer le pays.
Pourquoi des pays comme l'Allemagne, l'Espagne ou l'Irlande ont-ils réussi à résorber leur chômage quand le nôtre continuait d'augmenter ?
Monsieur le ministre, êtes-vous conscient de l'ampleur de l'échec de votre politique ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Martine Pinville, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, chargée du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire. Madame la sénatrice, permettez-moi de citer quelques chiffres précis.
La reprise de l'activité économique dont vous semblez douter se confirme depuis un an et demi. Après une croissance de l'ordre de 0,5 % entre 2012 et 2014, l'activité croît désormais à un rythme compris entre 1,2 % et 1,5 % depuis l'année dernière. Vous devriez vous en réjouir.
Cette reprise est portée par la croissance de l'investissement et la consommation des ménages, qui progressent nettement.
Par ailleurs, on peut noter la franche reprise du marché immobilier, qui se confirme après avoir négativement pesé sur la croissance au début du quinquennat.
M. François Grosdidier. C'est Noël !
Mme Martine Pinville, secrétaire d'État. Pour 2017, les dernières enquêtes de conjoncture, tant du côté de la confiance des ménages que de celle des chefs d'entreprise, se situent également à des niveaux très élevés, historiquement associés à une croissance trimestrielle de l'ordre de 0,4 à 0,5 %. Tout indique donc que la croissance s'accélérera l'an prochain.
Surtout, l'économie crée à nouveau des emplois dans le secteur marchand à un rythme élevé, plus de 180 000 emplois sur une année. Cela nous permet de revenir à un niveau d'emplois marchands que nous n'avions plus connu depuis 2009.
M. François Bonhomme. Et les 60 000 chômeurs de plus ?
Mme Martine Pinville, secrétaire d'État. Il est donc faux de dire, madame la sénatrice, que l'économie française décroche. Depuis 2008, nous avons connu une croissance totale de notre PIB par habitant supérieure à celle de la zone euro. Si notre reprise a été légèrement plus faible que chez nos voisins ces dernières années, c'est principalement parce que nous avons mieux résisté que les autres au plus fort de la crise.
M. le président. Il faut conclure, madame la secrétaire d'État.
Mme Martine Pinville, secrétaire d'État. Si l'on se place dans un temps plus long, le PIB a autant crû en France qu'en Allemagne depuis le début des années 2000.
M. Philippe Dallier. Depuis 2012, c'est moins vrai !
Mme Martine Pinville, secrétaire d'État. Le Président de la République et le Gouvernement ont tout mis en œuvre pour redresser le pays, et nous en voyons les résultats.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Lamure, pour la réplique.
Mme Élisabeth Lamure. Madame la secrétaire d'État, votre réponse est peu convaincante et cache mal votre embarras. Les chiffres ont parlé, et ce sont bien les chiffres d'aujourd'hui qui attestent du décrochage de la France.
En matière de décrochage, je crois que c'est ce gouvernement qui depuis des années décroche. Ce quinquennat fait du mal à la France ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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