M. Alain Houpert attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur l'absence de prise en compte de la maladie cœliaque dans les politiques de santé publique. Le gluten est une protéine présente dans un grand nombre de céréales (blé, orge, avoine), elles-mêmes contenues dans des aliments de base ou de consommation courante, comme la farine, le pain, les biscuits, les gâteaux. La maladie liée à l'intolérance au gluten, dite cœliaque, est présente chez 1 % de la population occidentale. Elle affecte l'intestin grêle et ceux qui en souffrent peuvent aussi être sujets à d'autres affections touchant le système immunitaire, comme le diabète ou l'arthrite. « Jusqu'à récemment, la sensibilité au gluten n'a reçu que peu d'attention dans la littérature médicale traditionnelle, bien qu'il y ait de plus en plus de symptômes constatés chez les patients avec différents troubles neurologiques et psychiatriques », a expliqué un spécialiste de la faculté de médecine et de chirurgie de Columbia. Cette maladie n'est pas diagnostiquée tant qu'elle n'a pas provoqué de sérieuses complications, c'est pourquoi il lui demande s'il ne lui paraît pas opportun de faire un rapport sur la prévalence, le dépistage et la prise en charge de la maladie cœliaque en France. Il la remercie de sa réponse.
La maladie cœliaque est une entéropathie inflammatoire chronique, auto-immune, provoquée par un antigène alimentaire, la gliadine du gluten. Selon les études disponibles, la prévalence régionale varierait de 0,1 % à 1 % de la population. L'intolérance au gluten peut se manifester à des périodes différentes de la vie, parfois chez le nourrisson peu après l'introduction du gluten dans l'alimentation, et parfois beaucoup plus tard à l'âge adulte. La présentation clinique de la maladie est très variable, allant de la forme totalement asymptomatique à la malnutrition sévère, en passant par des plaintes imprécises, digestives ou non digestives. Les manifestations les plus communes sont des douleurs abdominales, une diarrhée chronique, un amaigrissement, des pathologies osseuses, l'anémie, la fatigue. Le diagnostic est un diagnostic d'élimination, qui repose sur une séquence d'examens (recommandations de la HAS 2007) dont l'un est invasif et présente donc des risques propres : recherche des anticorps IgA anti-transglutaminase, voire des anticorps IgG anti-transglutaminase et anti-endomysium en cas de déficit en IgA, puis biopsie de l'intestin grêle à la recherche de lésions inflammatoires, non-spécifiques de la maladie cœliaque et dont les résultats sont donc à interpréter en fonction des situations cliniques. Chez l'enfant, cet acte nécessite une anesthésie générale. D'autres recommandations anglo-saxonnes concernant ce diagnostic, font apparaître la biopsie en deuxième rang de cette séquence, car les lésions sont parfois peu marquées, avec une éventuelle confirmation du diagnostic par la recherche d'anticorps anti-endomysium, venant en troisième rang. Les recommandations internationales sont donc de pratiquer une recherche diagnostique d'opportunité, devant un tableau clinique compatible avec une maladie cœliaque. Il a été démontré une diminution des taux d'anticorps et une régression des signes histologiques chez les malades observant correctement un régime alimentaire sans gluten. Le seul traitement est l'éviction de l'antigène, c'est-à-dire des aliments contenant du gluten. Il n'est cependant pas démontré que ce traitement apporte un bénéfice quelconque aux personnes asymptomatiques, et cette pathologie ne justifie donc pas un dépistage en population générale. L'opportunité d'actualiser les recommandations de bonne pratique actuellement en vigueur sera prochainement débattue avec la Haute autorité de santé.
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