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Jean-Noël Guérini
Question écrite N° 19852 au Ministère des affaires sociales


Virus Zika

Question soumise le 4 février 2016

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur la propagation du virus Zika.

Le Zika est une maladie due à un virus transmis par certains moustiques, dont le moustique tigre (Aedes albopictus). Le moustique se contamine en prélevant le virus dans le sang d'une personne infectée, virus qu'il peut ensuite transmettre en piquant une autre personne. Les symptômes sont de type grippal (fatigue, fièvre qui peut être modérée, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires) ; d'autres manifestations sont possibles, comme des éruptions cutanées, de la conjonctivite, des douleurs derrière les yeux, des troubles digestifs… Ces seuls symptômes ne permettent pas d'effectuer un diagnostic, notamment lorsque coexistent dans la même zone géographique d'autres arboviroses telles que la dengue ou le chikungunya. Dans 70 à 80 % des cas, la maladie s'avère sans symptômes apparents. Si ce virus peut sembler relativement anodin, des complications neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré ont été décrites au Brésil et en Polynésie française. De surcroît, des microcéphalies et des anomalies du développement cérébral intra-utérin ont également été observées chez des fœtus et des nouveau-nés de mères enceintes pendant la période épidémique. La direction générale de la santé (DGS) a confirmé le 15 janvier 2016 un « début d'épidémie d'infections à virus Zika » en Martinique, en Guyane et à Saint-Martin. Des cas suspects sont en cours d'investigation en Guadeloupe et à Saint-Barthélemy. Des moustiques tigres étant déjà présents dans le sud de la France métropolitaine, une transmission du Zika est à craindre si des patients virémiques se trouvent dans les zones infestées durant la période d'activité des moustiques vecteurs (de mai à novembre).

Sachant qu'il n'existe à ce jour ni vaccin ni traitement spécifique contre le Zika, il souhaiterait connaître les dispositifs qui peuvent être mis en place pour protéger la population.

Réponse émise le 7 avril 2016

Comme la dengue et le chikungunya, le virus Zika est une arbovirose transmise par des moustiques du genre Aedes. La fièvre Zika est la plupart du temps spontanément résolutive, les symptômes durant de 4 à 7 jours. Cependant, des signes neurologiques graves (syndrome de Guillain Barré) au décours d'une infection par le virus Zika et des augmentations significatives de microcéphalies chez les nouveaux nés ont été rapportés suite aux épidémies de Zika en Polynésie française et au Brésil. Aucun vaccin ni traitement curatif spécifique ne sont aujourd'hui disponibles. L'apparition de cette arbovirose dans les départements français d'Amérique (DFA) se fait dans un contexte de lutte anti-vectorielle (LAV) récurrente : les services de LAV, formés à la lutte contre le moustique vecteur Aedes aegypti, qui est également le vecteur de la dengue, sont opérationnels. Des programmes de surveillance, d'alerte et de gestion des épidémies sont élaborés localement. Cependant, l'absence totale d'immunité au chikungunya et au virus Zika au sein de la population impose une lutte rapide et massive, avec comme objectif d'empêcher l'extension de l'épidémie et son endémisation. La recherche est aujourd'hui fondamentale pour limiter l'impact du virus Zika, et le Gouvernement a souhaité renforcer l'intervention des acteurs dans ce domaine. L'institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) est mobilisé, en lien avec l'institut Pasteur et l'institut de recherche et de développement (IRD), au sein du consortium REACTing. Ces travaux se font en lien avec leBrésil : la Fiocruz et l'université de Sao Paulo. Les gynécologues obstétriciens français et brésiliens sont également en contact. Parmi les actions d'ores et déjà entreprises, des études observationnelles ont été lancées en janvier 2016, sur les conséquences de l'infection par le virus zika au cours de la grossesse pendant l'épidémie. Elles devraient permettre le suivi de 5000 femmes enceintes en Guadeloupe, Guyane et Martinique, avec l'appui du centre d'investigation clinique sous l'égide de l'INSERM. La communauté des neurosciences, a également été mobilisée sur le plan clinique et fondamental. Un consortium international a été constitué pour préparer un projet de recherche en réponse à un appel d'offre européen. L'émergence des résistances des moustiques vecteurs aux biocides autorisés pour la LAV et le nombre restreint de substances disponibles offrent également un champ de recherche important pour des moyens de lutte alternatifs (technique de l'insecte stérile, moustique génétiquement modifié, autres substances chimiques biocides…). L'institut Pasteur de la Guyane a lancé une étude sur la résistance des moustiques pour mener des tests de résistance. Le centre national d'étude des vecteurs travaille également en lien avec l'agence nationale de sécurité de l'environnement, du travail et de l'alimentation, afin de déterminer les nouvelles molécules ou méthodes de lutte qui pourraient être utilisées. Enfin, la ministre des affaires sociales et de la santé a eu l'occasion lors de son déplacement dans les Antilles et en Guyane, en février 2016, de prendre la mesure de la situation et de la gestion au niveau local de l'épidémie de virus zika. Elle a pu rappeler les mesures prises par le Gouvernement pour lutter contre l'épidémie de zika et prévenir les cas graves, notamment de malformations congénitales, et s'engager à fournir les renforts nécessaires, en tant que de besoin.

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