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M. Antoine Karam appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice sur la situation critique du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly en Guyane.
Mercredi 1er juin 2016, un détenu, muni d'une arme blanche artisanale, a pris en otage son compagnon de cellule durant une heure et demie. Ce détenu, qui réclamait un transfert d'établissement pénitentiaire, s'est finalement rendu à l'issue d'une négociation efficacement menée par l'équipe de sécurité pénitentiaire.
Cet événement n'est malheureusement pas isolé puisqu'en juin 2015, une mutinerie avait éclaté au sein de ce même établissement. 74 détenus avaient alors pris le contrôle d'un quartier de détention durant quelques heures, avant de négocier directement avec le procureur de la République.
Si les contextes étaient différents, ces faits inquiétants sont révélateurs de la situation extrêmement tendue que connaît le centre pénitentiaire de Guyane.
Depuis de longs mois, les syndicats de personnels ont alerté l'administration sur l'augmentation constante des actes d'agressions et sur la dégradation de leurs conditions de travail, conséquences directes du surencombrement patent de cet établissement.
En effet, en outre-mer en général, et en Guyane en particulier, les chiffres du ministère sont éloquents.
Au niveau national, les maisons d'arrêt et les quartiers maisons d'arrêt des centres pénitentiaires ont un taux moyen de surpopulation de 139 %. Dans les outre-mer, le même taux atteint 147,6 % et grimpe à 164 % à Rémire-Montjoly (soit 510 détenus pour 310 places).
Le constat est identique concernant la détention. Au niveau national, les maisons centrales, centres de détention et quartiers centres de détention ont un taux moyen d'occupation de 91 %, contre 113 % dans les outre-mer et 111,2 % en Guyane (soit 338 détenus pour 304 places).
Tous les deux mois, le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly accueille 40 détenus supplémentaires. Sur ces bases, l'effectif de la prison dépassera largement le millier de personnes d'ici la fin de l'année 2016.
En pratique, c'est avec plus d'une centaine de matelas au sol que le personnel doit gérer la détention des détenus.
Parallèlement, la Guyane doit faire face à deux phénomènes majeurs : d'une part, une croissance démographique exponentielle et, d'autre part, une question sécuritaire préoccupante avec des taux de délinquance et de criminalité largement supérieurs à la moyenne nationale.
Dans un tel contexte, l'avenir du système pénitentiaire guyanais ne peut inspirer que l'inquiétude.
Le respect des droits et de la dignité des personnes détenues mais aussi les conditions de travail des agents exigent d'apporter des solutions qui donnent un nouveau souffle à ce système au bord de l'asphyxie.
Aussi lui demande-t-il si l'État envisage la création d'une nouvelle prison. À défaut, il l'interroge sur les moyens qu'il compte mettre en œuvre pour améliorer les conditions de travail et de détention au sein de l'établissement de Rémire-Montjoly.
Cette question n'a pas encore de réponse.
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