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M. Maurice Antiste attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la nécessité de réserver le traitement par chirurgie de certaines tumeurs, comme celles de l'œsophage, du sein ou de l'ovaire, à des établissements experts afin de garantir la qualité des soins aux malades, et donner ainsi une meilleure chance de survie aux patients.
Interrogée sur l'opportunité de fermer certains services de chirurgie devant le grand jury RTL-Le Monde, elle a rappelé que « quand on ne fait pas souvent certains actes chirurgicaux, on les fait mal ». Elle a notamment cité le cas de la chirurgie du cancer de l'ovaire, indiquant que c'est une activité qui devrait être soumise à un seuil. Cela reviendrait à interdire à certains services hospitaliers trop peu actifs dans ce domaine de continuer à prendre en charge des patientes. Si plusieurs spécialités de chirurgie cancérologique sont concernées, celle du cancer de l'ovaire est un exemple particulièrement parlant quant à la nécessité de regrouper certaines opérations dans des centres spécialisés. Il s'agit en effet d'une chirurgie très complexe, car les tumeurs de l'ovaire se développent souvent en toute discrétion, sans causer de symptômes particuliers, et sont donc généralement découvertes au stade métastatique.
En effet, selon les derniers chiffres disponibles, 62 % des 6 000 patientes opérées en 2017 d'une tumeur à l'ovaire l'ont encore été dans des centres trop peu spécialisés réalisant moins de 20 interventions de ce type chaque année, dont 35 % dans des centres n'en faisant même pas 10 par an. Au total, sur les 568 hôpitaux publics ou cliniques privées qui continuent à prendre en charge des femmes atteintes de cancers de l'ovaire en France, seuls 37 atteignent ou dépassent le volume recommandé par la Société européenne de gynécologie oncologique qui recommande un volume minimal annuel de 20 opérations par établissement et de 10 par chirurgien.
Ainsi, en cas de pratique insuffisante, le risque est beaucoup plus grand que le chirurgien, trop peu expérimenté, ne parvienne à retirer tous les tissus cancéreux, avec l'assurance d'une récidive rapide, ou pire, que des femmes prises en charge dans ces centres trop peu spécialisés soient déclarées inopérables par les équipes en place, faute de l'expertise nécessaire pour ce type d'opération. Cet état des lieux est le même pour les tumeurs touchant d'autres organes très sensibles, tels le pancréas, l'œsophage, le foie, le rectum ou le poumon, comme l'attestent des études européennes très préoccupantes.
Les exemples étrangers montrent pourtant que les malades auraient tout à gagner à un regroupement des opérations sur un nombre plus réduit d'hôpitaux. Au Danemark, le nombre de centres autorisés à pratiquer la chirurgie du cancer de l'ovaire est passé de 22 établissements en 2005 à cinq aujourd'hui, avec une nette amélioration de la survie des patientes, passée de 45 % à 68 % des malades encore en vie au bout d'un an pour les stades les plus avancés de la maladie. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Norvège ou encore en Suède, la centralisation des opérations sur un nombre réduit d'hôpitaux a donné les mêmes résultats.
C'est pourquoi il souhaite savoir quelles actions en ce sens sont ou seront menées, afin d'atteindre un niveau de survie des patientes équivalent à ceux des pays étrangers. Il souhaite également connaître les possibilités offertes aux patients quant à une meilleure visibilité sur la spécialisation des différents hôpitaux ou cliniques dans leur recherche d'un établissement pour être opérés.
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