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M. Claude Bérit-Débat attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur les conséquences négatives de la réforme des lycées sur les établissements scolaires situés en milieu rural, en s'appuyant sur le cas concret du refus de l'ouverture de l'enseignement de spécialité « art-cinéma et audiovisuel » en faveur du lycée Arnault Daniel à Ribérac en Dordogne.
En effet, désormais douze spécialités seront proposées aux élèves à partir de la classe de seconde. Sept d'entre elles, seulement, seront programmées dans tous les établissements. Les cinq autres, dont l'enseignement de l'art, ne seront donc pas accessibles partout en France créant ainsi une mise en concurrence et donc des inégalités entre lycées et entre territoires. Les territoires ruraux et les lycées de proximité seront donc impactés négativement par rapport aux lycées des centres urbains.
La problématique rencontrée au lycée de Ribérac l'illustre hélas pleinement. Alors même que l'établissement accueille depuis 2012 une option cinéma qui attire près d'un cinquième de ses effectifs (84 élèves sur près de 500), il vient d'essuyer un refus incompréhensible en termes éducatifs et d'aménagement du territoire de se voir attribuer la spécialité « art-cinéma et audiovisuel » qu'il demandait avec le soutien appuyé des équipes éducatives, des élèves et des élus.
À la place, le lycée Arnault Daniel se verrait attribuer notamment la spécialité « informatique et science du numérique » qui ne correspond absolument pas au projet de la communauté éducative ni au moyens actuels de la cité scolaire en termes de parc informatique. Les conséquences seront ainsi catastrophiques pour l'établissement puisque les élèves du secteur de Ribérac, intéressés par les métiers de l'art cinématographique, devront s'inscrire ailleurs, c'est-à-dire à plus de 60 kilomètres de chez eux, soit à Angoulême ou à Sarlat comme le suggèrent de façon incohérente les services pour justifier leur refus. Incohérente parce qu'à l'heure où la question des moyens insuffisants mis en œuvre en faveur de la mobilité est criante en milieu rural, on va obliger des élèves à payer au prix fort des déplacements ou bien à renoncer à leurs choix scolaires initiaux pour ceux dont les familles ont des revenus modestes. Or le lycée de Ribérac se situe justement dans un secteur comprenant des catégories socio-professionnelles aux revenus faibles.
Incohérente aussi, parce les lycées qui devront accueillir les élèves qui peuvent se déplacer devront faire face à une surcharge d'effectifs tant dans les classes que dans leur internat.
Incohérente parce que comme l'illustre le cas de Ribérac, les projets éducatifs des établissements ne sont pas réellement pris en compte. En l'espèce, les investissements des enseignants du lycée précité, le travail réalisé depuis des années avec la venue de professionnels, de réalisateurs de renommée nationale ne seraient ainsi pas reconnus.
La réforme des lycées impacte donc négativement nos territoires ruraux. En n'offrant pas une large possibilité de spécialités, elle affaiblit les lycées de proximité, déjà menacés ici et là par une faible démographie scolaire. Elle les rend moins attractifs et peut entraîner leur décote. Or, s'il s'avère que le dispositif parcoursup prenait en considération justement la cote des établissements comme le craignent nombre d'enseignants, cela renforcerait encore plus les inégalités entre élèves ruraux et élèves urbains.
Aussi, il lui demande de reconsidérer la réforme des lycées afin de veiller à l'égalité territoriale en matière scolaire et de prendre en considération la requête légitime formulée par le lycée Arnault Daniel mais également par les élus de la communauté de communes concernée qui souhaitent à juste titre une égalité entre territoires en matière éducative.
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