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Marie-Noëlle Lienemann
Question écrite N° 9630 au Premier Ministre.


Recul des intérêts économiques de la France en Afrique

Question soumise le 28 mars 2019

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Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de M. le Premier ministre sur le recul des intérêts économiques de la France en Afrique.

Publié le 8 février 2019 par le conseil français des investisseurs en Afrique lors de son forum annuel organisé à la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Paris, le baromètre Africaleads montre le recul de notre influence en Afrique. Distancée à la cinquième place pour l'image, la France descend au septième rang des pays les plus bénéfiques pour l'Afrique derrière la Chine, le Japon, l'Allemagne, la Turquie, les États-Unis et l'Inde.

Économiquement, la France continue à perdre des parts de marché au profit de l'Inde et de la Chine. La compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (COFACE) confirme la chute des parts de marché dans les pays d'Afrique francophone dans une étude de 2018 : entre 15 et 20 % en Algérie, au Maroc et en Côte-d'Ivoire et 25 % au Sénégal.

La France est aussi supplantée par l'Allemagne depuis 2017 comme principal fournisseur européen. En 2000, nos exportations représentaient près de 11% des flux vers l'Afrique. En 2017, selon la COFACE, ce n'était plus que 5,5 %. L'Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis reculent aussi. La Chine, elle, affiche une forte progression à l'export, de 3 % en 2001 à près de 18 % en 2017, avant l'Inde, la Turquie et l'Espagne.

Sur la substitution de la France par l'Allemagne, de nombreux analystes indiquent que le prisme d'analyse de la coopération nord-sud qu'appliquent encore nos entreprises est dépassé. L'Allemagne a une approche bilatérale et une organisation en filières : les Allemands investissent en co-entreprise, provoquant l'intérêt en retour. Les Allemands ont désormais une logique d'investissement de long terme. Le président de la quatrième génération de la « coordination de l'Afrique de demain » analyse que l'avenir de l'Afrique se joue justement sur la structuration des filières. Derrière les tournées africaines de la chancelière allemande se déploie une stratégie exportatrice, sur deux axes : renforcer les garanties aux entreprises dans l'exportation et celles pour les investissements, des mesures d'exonération. Ces joint-ventures combinent la rapidité chinoise dans l'acquisition des marchés à des produits allemands de qualité reconnue : « L'Allemagne n'espère plus seulement devenir le premier fournisseur européen, mais le premier investisseur industriel en Afrique » ; or nos entreprises de taille intermédiaire pourraient jouer un rôle moteur dans la reconquête des marchés grâce à leur technologie, leur savoir-faire et leur positionnement.

L'image de la France est par ailleurs écornée par ses interventions militaires successives et une ingérence politique, jugées de plus en plus négativement par les jeunes générations.

Les réponses françaises apportées ne répondent ni aux défauts d'analyse, ni au défaut d'image, nécessité impérieuse pour asseoir son influence, y compris économique. En février 2019, la Lettre du Continent révélait qu'un attelage militaro-industriel patronné par le mouvement des entreprises de France (MEDEF), la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et l'agence française de développement (AFD) mettait en en place « une réserve opérationnelle spécialiste » dans le cadre d'une stratégie globale de sécurisation de nos investissements en zone de conflit : une fois notre armée déployée dans un pays africain au prétexte de sécuriser la région, les entreprises françaises seraient appelées à envoyer leurs cadres réservistes faire des affaires dans des régions à risque mais « à fort potentiel ».

Ces solutions ne paraissent pas de nature à redonner à la France une dynamique positive dans ses relations, notamment économiques, sur le continent.

Elle lui demande donc de bien vouloir lui indiquer quelle est la stratégie du Gouvernement pour rétablir une position compétitive des entreprises françaises en Afrique. Elle demande également que le Gouvernement associe les différents acteurs (Parlement, administrations, entreprises) dans une réflexion sur notre stratégie économique en Afrique.

Réponse

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