M. Dominique Théophile. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, à l'approche de votre déplacement en Guadeloupe, le 4 novembre prochain, les questions de l'emploi et des déchets, tout comme celles de l'alimentation en eau potable et des transports, constituent les principales préoccupations des Guadeloupéens.
Aujourd'hui, je voudrais évoquer la problématique du financement des investissements dans l'eau potable en Guadeloupe, ce que l'on appelle dans ma région « le scandale de l'eau » !
Les coupures d'eau sont désormais quotidiennes en Guadeloupe. Karukéra, l'île aux belles eaux, est devenue l'île sans eau ! Cette question est préoccupante dans un pays où le précieux liquide ne semble pourtant pas manquer. En effet, si nous ne souffrons pas d'une production insuffisante, l'état désastreux des réseaux et des installations connexes nous indique l'ampleur de la catastrophe.
De façon systématique, des coupures d'eau ont lieu dans les communes. Elles sont appelées « tours d'eau ». Ces coupures touchent et handicapent la quasi-totalité de la population. Le rendement du réseau est, en moyenne, à moins de 50 %. Nos réseaux demeurent archaïques, datant pour la plupart de plus de cinquante ans.
De nombreuses études sur la question du volume des investissements à réaliser ont été entreprises et toutes, notamment la dernière étude du Secrétariat général pour les affaires régionales, le SGAR, de 2016, s'accordent à admettre qu'il nous faudra, sur les dix années à venir, mobiliser plus de 900 millions d'euros afin de mettre aux normes nos installations.
Monsieur le Premier ministre, vous le comprendrez, cette situation doit changer ! La question de l'eau est un enjeu à la fois économique, environnemental et sanitaire. Comment admettre, en 2017, dans une île tournée vers un tourisme de qualité, gage de son développement, que nous puissions assister à de tels « tours d'eau » et que certains foyers se trouvent privés d'eau plus de quatre jours dans la semaine ? Malgré les efforts financiers des collectivités locales, nous sommes très loin des montants nécessaires à la résolution de ce problème.
Ma question sera donc la suivante : pouvez-vous nous indiquer quelles sont les différentes mesures d'aide que prendra le Gouvernement sur cette question, dans le cadre d'une véritable solidarité nationale ?
M. Gérard Larcher. Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Dominique Théophile. Rappelons que, dans son programme présidentiel, le candidat Macron, devenu Président de la République, indiquait qu'un milliard d'euros seraient consacrés à la Guadeloupe sur les cinq prochaines années, afin de résoudre les problèmes d'eau et d'assainissement.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Théophile, je ne peux pas vous dire le contraire : la situation n'est pas supportable plus longtemps.
Vous l'avez rappelé, la Guadeloupe connaît effectivement depuis un long moment cette crise de l'alimentation en eau potable, qui a été aggravée récemment par les coupures d'électricité liées aux récents cyclones. Il n'est pas tolérable, ni pour vous ni pour nous, qu'une partie de la population française subisse des coupures d'eau quotidiennes.
Par conséquent, depuis plusieurs années, l'État et ses opérateurs apportent d'ores et déjà un appui technique et financier important aux collectivités locales, qui sont, comme vous le savez, compétentes en matière d'alimentation en eau potable, afin de les aider à améliorer la situation.
Il est vrai que la géographie de l'île et ses conditions climatiques rendent parfois difficile l'accès à la ressource en eau, qui ne manque pas, comme vous l'avez évoqué, d'où la nécessité d'infrastructures pour l'acheminer là où il y en a besoin. Des investissements sont ainsi en cours pour la réalisation d'opérations prioritaires, afin d'améliorer les infrastructures. Des financements importants – plusieurs dizaines de millions d'euros – sont par ailleurs mobilisables jusqu'en 2020 viales fonds européens, les crédits d'État, l'Office de l'eau et le conseil régional.
Toutefois, l'argent n'est pas le facteur limitant. C'est sa mobilisation, qui doit permettre l'émergence de projets opérationnels et finalisés, qui est difficile. Partant du diagnostic qui a été dressé par un rapport interministériel, l'État a donc lancé un Plan national d'action pour les services d'eau et d'assainissement en Guadeloupe et dans chaque département d'outre-mer. Ce plan vise à renforcer l'efficience des investissements.
Pour conclure, j'ajoute qu'il faut saluer le dynamisme sur ce sujet des collectivités de Guadeloupe, qui font de ce territoire ultramarin l'un de ceux qui avancent le plus vite. Mon secrétaire d'État, Sébastien Lecornu, qui travaille avec moi sur ce sujet, ira sur place en fin de semaine à l'occasion du déplacement du Premier ministre.
Ce sera l'occasion de tirer les enseignements du passé, afin de poursuivre le travail mené en soutien aux collectivités et au bénéfice des usagers, qui est bien l'essentiel. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe Les Indépendants – République et Territoires.)
Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.