Mme Anne Chain-Larché. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Monsieur le ministre, aujourd'hui, monde rural rime trop souvent avec abandon, enclavement, déserts médicaux, zones blanches numériques, fermeture de commerces, disparition de services publics.
Nous apprenons que, en vue de la rentrée prochaine, c'est au tour des écoles rurales d'être sacrifiées. Des décisions couperets sont prises sans aucune concertation avec les élus locaux, alors que ceux-ci entreprennent de construire des écoles qui sont le cœur battant de nos communes.
Le dédoublement des classes de CP dans les réseaux d'éducation prioritaire, les REP, et des classes de CE1 dans les REP+ est une bonne chose, mais cela ne doit pas se faire au détriment des classes du monde rural ! Personne n'est dupe, monsieur le ministre ! Les territoires ruraux en ont assez d'être dépouillés au profit de la mise en œuvre de vos politiques publiques. C'est une marque de mépris de plus à l'égard de territoires qui méritent autant de moyens que tous les autres pour la scolarisation des enfants.
Dans toute la France, les menaces de fermeture de classes en milieu rural se multiplient : 84 classes sont concernées dans le Pas-de-Calais, 51 dans l'Oise, 46 en Meurthe-et-Moselle, 27 en Moselle, 66 dans les Vosges, 15 en Corrèze, 45 en Eure-et-Loir, 121 en Seine-et-Marne, mon département, dont parfois plusieurs dans une même commune, comme à Souppes-sur Loing, tandis que peu d'ouvertures de classes sont annoncées.
Pourquoi ce gouvernement accorde-t-il autant d'attention aux uns et si peu aux autres ? Comment expliquez-vous cela, monsieur le ministre ? Les petits écoliers des champs ne seraient-ils pas égaux en droit à ceux des villes ?
(Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires et du groupe Union Centriste.)
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Madame la sénatrice, je vous remercie de votre question, qui me permet de revenir sur le sujet de l'équilibre entre milieu urbain et milieu rural.
Je veux tout d'abord affirmer que le monde rural n'est aucunement sacrifié au profit du monde urbain.
(Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.)
Les écoles primaires de France compteront plus de 30 000 élèves de moins l'année prochaine. Nous créons 3 800 postes. Je prends ici l'engagement que, dans chaque département rural de France, le taux d'encadrement des élèves sera supérieur à la rentrée prochaine.
Il n'est pas tout à fait honnête de citer les fermetures de classes dans certains départements sans mentionner les ouvertures de classes dans les mêmes départements.
(Nouvelles protestations sur des travées du groupe Les Républicains.)
La Seine-et-Marne, département que je connais bien, comptera à la rentrée prochaine 240 élèves de moins et 40 professeurs supplémentaires. Il y aura 70 dédoublements à la rentrée prochaine, contre 30 à la rentrée dernière. Votre département bénéficiera donc d'une augmentation du taux d'encadrement des élèves, y compris en milieu rural.
Je vois bien que l'on essaie de faire entendre une petite musique de dénigrement du dédoublement (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), mais le Gouvernement s'est donné les moyens d'y procéder tant en zones urbaines que, parfois, en zones rurales. Il met en œuvre une politique rurale volontariste, à laquelle je vous invite à vous associer !
Nous avons besoin d'analyses conjointes, et non pas fausses, en vue de faire renaître le milieu rural grâce à l'école. Pour permettre cette renaissance, j'ai engagé une politique de renforcement de l'attractivité des territoires ruraux, notamment viales contrats de département, auxquels je travaille avec Jacques Mézard.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe Union Centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Anne Chain-Larché, pour la réplique.
Mme Anne Chain-Larché. Nous savons que la réussite de nos jeunes se joue dès la maternelle et l'école élémentaire. L'État doit mettre toutes les chances du côté de tous les écoliers, sans discrimination !
Lors de la Conférence des territoires du 17 juillet dernier, le Président de la République a affirmé pompeusement que « les territoires ruraux ne peuvent plus être la variable d'ajustement et qu'il n'y aura plus aucune fermeture de classe dans les écoles rurales ». Bon sang, monsieur le ministre, comment pouvez-vous répondre de la sorte, vous qui avez été un recteur d'académie apprécié des élus et qui connaissez les difficultés du monde rural ? Écoutez bien, monsieur le ministre, la colère qui gronde et monte de ces territoires qui se battent pour leur survie !
(Marques d'impatience sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe La République En Marche.).
M. le président. Il faut conclure !
Mme Anne Chain-Larché. Faites en sorte que le Président de la République cesse son double langage et honore ses engagements ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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