M. Marc Laménie. Ma question s'adresse à M. le ministre de la cohésion des territoires.
Monsieur le ministre, ma question porte sur une France qui se sent oubliée. En novembre 2017, une étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, le CREDOC, a mis l'accent sur le sentiment d'abandon ressenti par les territoires ruraux.
Élu des Ardennes, je peux en témoigner : le désarroi est devenu de la détresse.
Les commerces disparaissent progressivement, mais comment gérer efficacement son activité quand on ne dispose pas du haut débit ?
La fermeture des services publics se poursuit inexorablement.
Le sud des Ardennes est en train de payer le lourd tribut de la carte scolaire. Des classes ferment, alors que les communes ont lourdement investi dans leurs écoles. Les élèves ont également des difficultés d'apprentissage. Ne méritent-ils pas, eux aussi, des classes à un seul niveau avec des petits effectifs ?
L'accès aux soins est chaque jour un peu plus menacé. Ainsi, le centre hospitalier Bélair, à Charleville-Mézières, seul établissement de santé mentale des Ardennes, devrait subir une diminution des moyens accordés. S'ensuivra une baisse de la qualité des soins, qui ne permettront plus de répondre correctement aux besoins d'une population essentiellement rurale, sachant que la précarité frappe particulièrement les personnes en situation de fragilité psychique. Doit-on s'y résoudre ?
L'abandon d'une partie de nos territoires est-il inéluctable ? La reprise en main des collectivités locales par la haute administration sera-t-elle positive ?
Monsieur le ministre, ces évolutions sont plus qu'inquiétantes. Entendez-vous la détresse des maires ruraux ? Qu'avez-vous à leur dire maintenant que vous avez quitté les travées du Sénat ?
(Sourires et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Laménie, c'est toujours un plaisir de vous entendre. Vous êtes entré dans cette enceinte en même temps que moi, en 2008, et je reconnais une constance dans le dynamisme de vos propos. (Sourires.)
Vous parlez Ardennes, je vous répondrai Ardennes !
Depuis 1999, ce département perd un peu plus de 1 000 habitants par mois… Pardon, par an ! (Rires.) Heureusement, ma langue a fourché…
Il a vécu une désindustrialisation, bien que, aujourd'hui, le nombre d'emplois industriels y soit supérieur à la moyenne régionale.
Le taux de chômage y est de 11,3 %, supérieur à la moyenne régionale.
Les territoires y sont diversifiés. Il y a Charleville-Mézières, Sedan, mais aussi une partie du département, autour de Rethel, qui va mieux.
Il ne faut pas dire que rien n'a été fait dans ce département par les gouvernements précédents. De gros investissements ont été consacrés à l'A304, à la ligne ferroviaire Charleville-Givet, mais ils n'ont pas suffi à renverser cette problématique.
Je vous invite, monsieur le sénateur – mais je sais que vous le faites –, à travailler avec le député Jean-Luc Warsmann, qui nous propose un plan stratégique 2022 pour ce département. Il nous indique qu'il faut arrêter de consacrer des investissements publics à des sujets non prioritaires, et faire un audit sur ce qu'il serait particulièrement utile de développer en matière économique.
Nous allons répondre à cette demande, avec vous et avec lui. En effet, un certain nombre de départements qui ont vécu depuis à peu près vingt-cinq ans ce déclin doivent bénéficier du concours de l'État, mais aussi de l'action interne. Nous avons besoin de l'aide des collectivités, des élus, des forces vives de ces départements pour élaborer un plan constructif. C'est ce que nous allons faire ensemble, je vous l'assure !
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour la réplique.
M. Marc Laménie. Les territoires ruraux, et mon département en particulier, ont un formidable potentiel. Leurs élus sont une chance pour notre pays. Encore faut-il que nous ayons le courage de leur faire confiance et de leur donner les moyens de se développer ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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