Mme Marie-Noëlle Lienemann. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, les élus et les habitants des quartiers attendaient un engagement majeur du Président de la République en faveur des banlieues. Quelle déception ! Aucune proposition significative du rapport Borloo n'est reprise, et rien n'est proposé à la place. Emmanuel Macron ne veut pas écouter, il ne veut pas voir la réalité en face.
D'un côté, il sous-estime la gravité de la situation dans certains quartiers – plusieurs centaines ! Par conséquent, il n'engage ni stratégie opérationnelle ni moyens financiers et humains pour résoudre les problèmes.
De l'autre, il refuse de reconnaître les réussites – il y en a ! –, pour mieux disqualifier la politique de la ville et justifier les coupes budgétaires qui pénaliseront les catégories populaires et les quartiers. Il y en a déjà : la baisse des APL, les ponctions massives sur le logement social, la suppression des contrats aidés et même la suppression de la délégation à la mixité sociale.
Le miracle viendrait du retour au droit commun. Toutefois, celui-ci n'a jamais été abrogé, et s'il est nécessaire, il n'est pas suffisant. La simple mise en œuvre de la sécurité au quotidien, à des échéances bien éloignées, ne suffira pas à rétablir une vie normale là où la situation est très dégradée. Il faut des moyens pour la justice, la prévention, et une mobilisation générale.
Le seul dédoublement en CP et CE1 ne suffira pas à la réussite du cursus scolaire de ces enfants. Il faut des moyens supplémentaires. Sans des ressources nouvelles pour l'éducation populaire et la vie associative, nous n'arrêterons pas les dérives qui, trop souvent, éloignent certains quartiers de notre République.
Oui, c'est bien un rattrapage et une reconquête républicaine qui s'imposent. C'est bien une nouvelle étape de la politique de la ville qu'il faut ouvrir, et non son enterrement. Le Président de la République a manqué le rendez-vous, nous ne pouvons en rester là !
Monsieur le ministre, quelles actions concrètes le Gouvernement compte-t-il prendre pour les banlieues ?
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Chère Marie-Noëlle Lienemann (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.), vous êtes dans votre rôle, et c'est bien normal ; je vais être dans le mien, et ce le sera tout autant.
Mon prédécesseur à ce ministère de la ville était le président Patrick Kanner. Or, voyez-vous, jamais je n'ai mis en cause sa politique.
M. François Grosdidier. Cela ne change pas grand-chose !
M. Patrick Kanner. Allons !
M. Jacques Mézard, ministre. Ce débat mérite mieux, parce que c'est l'un des enjeux fondamentaux des années qui viennent. C'est la raison pour laquelle il était indispensable que le Président de la République s'exprime cette semaine – c'est ce qu'il a fait à Tourcoing – et qu'il fixe des rendez-vous et des objectifs.
On peut ne pas être d'accord sur la manière dont il aborde le sujet, mais en tout cas celui-ci est pris en main au plus haut niveau de l'État, ainsi que par le Premier ministre, qui s'est lui aussi largement impliqué sur ce dossier.
Effectivement, nos concitoyens attendent des actions. Vous parlez de sécurité, en vous demandant si la sécurité au quotidien est pour dans longtemps. Non, elle commence le 1er septembre prochain ! Dans ces quartiers-là, personne n'avait jusqu'à présent organisé l'accès aux informations sur les radicalisés ; on va le faire ! Le partenariat avec les polices municipales ; on va le faire !
(Protestations sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe socialiste et républicain.)
M. Philippe Dallier. Cela existe depuis des lustres !
M. Jacques Mézard, ministre. La lutte contre les trafiquants ; elle a été annoncée au plus haut niveau. Voilà quelle est la réalité !
On peut toujours dire que ce n'est pas assez et qu'il n'y a pas assez d'argent. (Mêmes mouvements.) Mais quel est le résultat ? Ce n'est pas cela qui a changé la situation. Je vous demande donc simplement un peu de sérénité et d'engagement, parce que nous avons besoin d'être rassemblés face au danger communautariste. Voilà quelle est la réalité ! (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche.)
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