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Guillaume Arnell
Question d'actualité au gouvernement N° 349 au Ministère des solidarités


Urgences dans les hôpitaux en outre-mer

Question soumise le 30 mai 2018

M. Guillaume Arnell. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé.

Madame la ministre, l'accès aux soins est un droit fondamental pour tout citoyen. Pourtant, dans la pratique, ce droit n'est pas garanti partout. Les déserts médicaux, tout comme les difficultés d'installation des jeunes médecins, sont une des raisons de cet état de fait, mais, aujourd'hui, je voudrais attirer votre attention sur la situation des services d'urgence et, plus particulièrement, sur celle des médecins urgentistes, et ce sur l'ensemble du territoire.

Je suis bien conscient, madame la ministre, qu'il y a d'autres professions médicales en souffrance, comme les médecins-anesthésistes.

En France hexagonale, les alertes sur ces situations, qui sont sans lien avec votre arrivée au ministère, sont nombreuses. L'Association des médecins urgentistes de France alerte régulièrement sur ces difficultés : pénurie de médecins spécialisés, manque d'attractivité de certains territoires, difficultés financières de certains établissements, conditions d'exercice de plus en plus difficiles, pour n'en citer que quelques-unes.

En outre-mer, plusieurs événements récents viennent complexifier davantage la situation : les difficultés du SAMU de la Guadeloupe, amplifiées par le problème de l'incendie du CHU ; la récente démission de 17 des 25 urgentistes de Guyane ; enfin, à Saint-Martin, le territoire que j'ai l'honneur de représenter, la situation post-Irma, qui a encore amplifié l'absence de sédentarisation des médecins. Sur 11 postes de praticien hospitalier aux urgences, seuls 5 sont pourvus, et sur les 4 en anesthésie, 1 seul est pourvu.

À Saint-Martin, à ces difficultés s'ajoutent l'absence momentanée d'attractivité du territoire, à cause notamment de l'absence de logements et d'une vie sociale dégradée, et les évacuations sanitaires, qui mobilisent les professionnels pendant plusieurs heures, impactant ainsi la qualité et la continuité des soins.

Madame la ministre, ma question est simple : quelles réponses êtes-vous en mesure d'apporter aux services des urgences et aux urgentistes, qui ne demandent qu'à exercer leur mission d'aide et d'assistance dans les meilleures conditions possible ?
(Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. – Mme Sophie Joissains applaudit également.)

Réponse émise le 30 mai 2018

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Merci, monsieur le président. (Mme la ministre souffrant d'une extinction de voix, on s'en amuse, en particulier sur des travées du groupe Les Républicains.) Mesdames, messieurs les sénateurs (Nouvelles réactions amusées sur les mêmes travées.),…

M. le président. Mes chers collègues, un peu de silence pour encore mieux écouter. Allez-y, madame la ministre.
(Sourires.)

Mme Agnès Buzyn, ministre. Merci, monsieur le président.

Monsieur le sénateur, la situation des services d'urgence en outre-mer me préoccupe, mais c'est aussi le cas de beaucoup de territoires métropolitains aujourd'hui. Dans les territoires ultramarins, ces services sont exposés en plus à des difficultés spécifiques. En effet, ils ont connu des événements particulièrement marquants ces derniers mois.

En Guyane, c'est un problème de vacance de postes qui alourdit la charge de service, avec un mouvement collectif des médecins urgentistes qui affecte le centre hospitalier de Cayenne. Nous travaillons sur ce problème avec l'ARS et nous allons envoyer la réserve sanitaire.

En Guadeloupe, vous le savez, c'est l'incendie du CHU de Pointe-à-Pitre, en novembre, qui rend nécessaire, aujourd'hui, une réorganisation complète du territoire. L'ARS est très mobilisée pour que cela n'affecte pas l'accès aux soins dans les territoires.

Quant à votre île, Saint-Martin, monsieur le sénateur, outre l'ouragan Irma, des difficultés de recrutement des médecins urgentistes y ont créé une très forte tension sur l'hôpital.

L'ensemble de ces situations fait l'objet d'une attention particulière. J'ai souhaité traiter la question de l'accès aux soins pour les territoires ultramarins dans un chapitre particulier de la Stratégie nationale de santé. J'ai d'ores et déjà programmé pour 2018 la création de 100 postes de médecins spécialistes et d'assistants spécialistes pour les territoires d'outre-mer, notamment dans les spécialités en tension, pour attirer les jeunes médecins et pour qu'ils découvrent la richesse de ces territoires. Nous allons travailler à cette attractivité tant pour les médecins que pour les équipes d'encadrement, que nous sommes en train de renouveler partiellement.

Monsieur le sénateur, vous pouvez compter sur ma détermination et sur mon affection pour les territoires ultramarins, que, je crois, vous connaissez.
(Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche.)

M. le président. Merci et bravo !

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