M. Olivier Léonhardt. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Monsieur le ministre, dans Le Figaro de ce lundi, le directeur de l'UFR de chimie de l'Université Paris-Diderot déplore de devoir refuser des bacheliers de banlieue ayant obtenu d'excellents résultats, au profit de bacheliers parisiens dont les résultats sont, selon lui, moyens, voire médiocres.
L'an dernier, sa filière accueillait jusqu'à 40 % d'élèves de banlieue et de province. Cette année, le rectorat a fixé un quota de 3 % dans le cadre de Parcoursup.
Selon le directeur, dès la quatorzième place, l'université est obligée de retenir la candidature d'un élève parisien qui plafonne à 8 de moyenne générale, quand un candidat du Val-de-Marne qui a 17 de moyenne se retrouve relégué à la millième place.
La crainte des enseignants, selon le directeur de l'UFR, est que 90 % des potentiels admis échouent l'an prochain. Les lycéens de banlieue vont donc se retrouver dans des filières qui ne leur conviennent pas et risquent également d'échouer. Les choses doivent bouger !
À Diderot, les enseignants de la filière biologie ont obtenu que le quota de 3 % de non-Parisiens soit porté à 15 %. Avoir fait passer le quota de banlieusards de 40 % à 3 % revient, de fait, à leur fermer totalement la porte de ces filières.
Il s'agit d'une forme d'assignation à résidence tellement brutale qu'elle en devient absurde et produit ce qu'il faut bien appeler un gâchis.
(Mme Françoise Cartron s'exclame.)
Monsieur le ministre, il serait normal, selon moi, que les demandes d'inscription des étudiants de banlieue soient traitées sur un pied d'égalité avec celles des Parisiens, sur la seule base de leurs résultats et de leur mérite.
Quelle initiative comptez-vous prendre pour mettre fin à cette injustice ? En effet, que serait Paris sans sa banlieue ?
(Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe socialiste et républicain. – M. Richard Yung applaudit également.)
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur Olivier Léonhardt, je vous remercie de cette question qui porte sur un sujet extrêmement important.
J'ai lu, comme vous, cet article, qui m'a en partie étonné, car les chiffres que je vais vous donner vont dans un sens quelque peu différent.
S'agissant de l'académie de Versailles, 34 % des inscrits sur Parcoursup ont obtenu une proposition dans un établissement parisien. Avec APB, ils n'étaient que 21,7 % l'année dernière.
(Exclamations sur quelques travées du groupe socialiste et républicain.)
Dans l'académie de Créteil – vous le savez, elle m'est très chère –, avec APB, un jeune sur cinq obtenait une proposition à Paris. Avec Parcoursup, c'est le cas d'un inscrit sur trois.
Il y a donc réellement un progrès, et l'on ne peut pas, comme la presse le fait trop souvent, faire d'un témoignage sur un cas une généralité.
(Mme Patricia Schillinger applaudit.)
Oui, nous avons voulu une ouverture sociale et nous l'avons pratiquée. Vous le verrez, à la fin, les résultats seront là et, si vous le souhaitez, nous pourrons alors en débattre.
Donc, les chiffres sont en amélioration.
M. Pierre Ouzoulias. On verra !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Par ailleurs, le raisonnement que vous avez mené à la fin de votre question conduirait, si on le poursuivait jusqu'au bout, à dévaloriser les excellentes universités qui se trouvent dans les académies que j'ai citées. En Seine-Saint-Denis, nous avons Paris-VIII et Paris-XIII, dans le Val-de-Marne, Paris-XII. Ces universités offrent tout le panel que nous voulons.
Si l'on poursuivait jusqu'au bout votre raisonnement, les meilleurs élèves de banlieue iraient au centre de Paris, et il n'y aurait plus de place que pour les moins bons dans les académies limitrophes. Votre raisonnement mènerait à une réelle inégalité, avec des universités de première classe au centre de Paris et de deuxième classe en banlieue. Ce n'est pas ce que nous voulons.
Nous voulons une approche équilibrée, et c'est ce qui est en train de se passer avec ce que nous avons fait, c'est-à-dire une ouverture sociale, avec un calibrage qui s'est élargi d'une année à l'autre.
Hier, j'étais en Haute-Savoie,…
M. Loïc Hervé. Très bien !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. … dans un lycée professionnel avec un sénateur de ce département, j'ai interrogé des élèves de terminale Bac pro. Ils avaient tous obtenu leur choix pour un BTS, ou même un DUT. C'est le résultat de notre politique, parce que nous avons élargi pour ces lycéens souvent issus de milieux sociaux défavorisés le nombre de places en DUT et en BTS, c'est-à-dire dans des filières sélectives où ils vont réussir.
C'est donc cela, la politique menée et je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour en voir les résultats, y compris sur le plan social. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Françoise Gatel et M. Daniel Dubois applaudissent également.)
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