M. Jean-Noël Cardoux. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'intérieur, qui n'est pas là.
(Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Roger Karoutchi. Où est-il ?
M. Jacques Grosperrin. Il est en congé !
M. Jean-Noël Cardoux. Depuis plusieurs semaines, on ne compte plus les boucheries, charcuteries, poissonneries et fromageries harcelées, attaquées, détériorées au nom d'une cause prétendument animale.
Vendredi dernier, l'abattoir de Haut-Valromey, dans l'Ain, a été la cible d'un incendie criminel, laissant 80 employés au chômage technique.
Les mêmes activistes tentent d'empêcher ou de perturber de nombreuses activités liées au monde rural, pourtant exercées légalement. Les associations à l'origine de ce vandalisme sont ultra-minoritaires, mais bénéficient de forts soutiens médiatiques et financiers.
Personne ne conteste la nécessité de prendre en compte le bien-être animal, aussi bien celui des animaux d'élevage que celui des animaux de compagnie, mais il n'est pas acceptable qu'une très faible minorité veuille imposer par la violence un mode de vie mettant en cause l'équilibre de notre société au nom d'une utopie importée des pays anglo-saxons. Si de telles actions perdurent, des affrontements sont à redouter.
Que compte faire le Gouvernement pour mettre fin à de tels agissements et protéger dans notre société civilisée ceux qui exercent pacifiquement des activités légalement autorisées ?
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, du groupe Union Centriste et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jacques Grosperrin. Il est où, M. Collomb ?
M. Christophe Castaner, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Jean-Noël Cardoux, chacun est libre de ses choix, notamment de ses choix de consommation. Évidemment, vous l'avez réaffirmé, personne ici ne menacerait cette liberté-là. Pour autant, jamais nous ne pourrons accepter que, au nom de cette liberté de choix, certains atteignent au principe même de la libre vente, de la libre exploitation, de la libre commercialisation et même de la sécurité (M. Bruno Sido s'exclame.), celle des boucheries, celle des étals, mais aussi celle des abattoirs. Je pense à l'abattoir de l'Ain qui, le 28 septembre dernier, a été la cible d'un incendie.
Il nous faut d'abord observer attentivement l'évolution des mouvements antispécistes, animalistes ou vegan. Au nom du Gouvernement, je tiens à vous dire qu'ils font l'objet d'un suivi particulier de la part des services de renseignement, compte tenu du durcissement de leur attitude. Sur ce sujet, il ne faut évidemment pas mettre tout le monde dans le même sac, mais certains comportements nécessitent une attention toute particulière.
Dans le même esprit, le Gouvernement a reçu le président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs voilà quelques semaines, pour mettre en place des observations, des surveillances et des suivis, en particulier à destination des lieux les plus menacés, compte tenu des informations que nous détenons.
De la même façon, le 5 juillet dernier, le ministre de l'intérieur a donné des instructions précises aux préfets de région pour qu'ils reçoivent les représentants de ces professions dans chacun des départements et que, au-delà de cette prise de contact, une information et une protection régulières soient fournies. À l'échelon local, des instructions fermes ont été données pour renforcer la vigilance autour des commerces de viande et rassurer la profession.
Lorsque des exactions ont lieu, il faut que des investigations judiciaires soient systématiquement menées. Ainsi, les 10 et 11 septembre, des investigations diligentées par la sûreté de Lille ont conduit à l'interpellation de six activistes à l'origine de nombreuses dégradations.
Sachez, monsieur le sénateur, que le Gouvernement restera totalement engagé et attentif pour qu'aucune situation ne dégénère.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe Union Centriste.)
M. Jacques Grosperrin. Merci, monsieur Collomb !
(Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Noël Cardoux, pour la réplique.
M. Jean-Noël Cardoux. Monsieur le secrétaire d'État, je prends acte de votre engagement. Il faut aller très loin : sanctionner les associations qui incitent à l'intolérance et à la violence, rechercher si leurs modes de financement sont licites et, le cas échéant, les sanctionner.
Il faut avoir conscience que, à travers de telles actions, ce sont les terroirs et la culture rurale française qui sont menacés. C'est pourquoi il faut réagir avec force. Bien qu'il soit absent, je voudrais demander à M. le ministre de l'intérieur s'il peut imaginer que les bouchons lyonnais ne servent plus de tabliers de sapeurs ! (Ah ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, du groupe Union Centriste et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
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