M. Jean-Louis Lagourgue. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Le 15 décembre dernier, un navire de pêche était intercepté au large de La Réunion avec, à son bord, près de soixante-dix personnes, dont des femmes et des enfants, originaires du Sri Lanka.
Quelques jours plus tard, un autre bateau accostait, transportant cette fois sept passagers et portant à cinq le nombre de navires ayant rejoint, en 2018, les côtes réunionnaises en provenance de cette île voisine de l'Inde, située à 4 200 kilomètres.
Ces faits laissent penser qu'une nouvelle filière est en train de se structurer pour fuir la crise politique, ethnique et religieuse qui divise l'ancien Ceylan. Dix ans après la fin de la guerre civile, qui causa la mort de près de 100 000 personnes, les minorités tamoule et chrétienne restent en proie aux persécutions.
La Réunion représente une porte d'entrée vers la France, pays des droits de l'homme, où la diaspora sri-lankaise est évaluée à environ 150 000 personnes.
Sur les quelque quatre-vingts migrants qui ont rejoint notre île en l'espace de dix mois, certains ont formulé des demandes d'asile, d'autres ont déjà été reconduits chez eux, avec les conséquences que l'on peut imaginer.
En plus de nous alerter sur le drame humain que vit cette population, l'ouverture de cette nouvelle voie migratoire vers La Réunion suscite de vives inquiétudes dans la population.
Monsieur le ministre, les autorités disposent-elles de moyens adéquats pour assurer la surveillance des côtes réunionnaises ? Quelle position le Gouvernement compte-t-il adopter face à ce phénomène aussi soudain qu'inattendu qui touche La Réunion ? Comment accompagner cette population sans risquer une amplification du flux migratoire ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires.)
M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, je vous confirme que, depuis le mois de mars de l'année dernière, nous avons enregistré l'arrivée de quatre navires sur les côtes réunionnaises, transportant un certain nombre de personnes qui auront donc fait un périple de plus de 4 000 kilomètres en mer.
Les autorités françaises à La Réunion ont mis en place un dispositif d'accueil et de prise en charge, d'abord sanitaire, puis administratif, lequel a conduit à considérer certaines des demandes d'asile. Nous avons également pris des décisions de non-admission et procédé à des éloignements effectifs.
Les mesures mises en œuvre ont visé, d'abord, à renforcer la surveillance des côtes réunionnaises, comme vous le souhaitez, mais aussi, bien en amont de cela, à prendre contact avec les autorités du Sri Lanka afin de définir ensemble une politique susceptible de les inciter à détecter les départs. Ces échanges ont été positifs, dans la mesure où plusieurs navires ont été empêchés de quitter le Sri Lanka pour se rendre à La Réunion. Nous allons poursuivre ces discussions : une réunion se tiendra le 25 janvier avec les autorités du Sri Lanka à la direction générale des étrangers en France pour aborder précisément ce thème.
Vous le voyez, notre ambition est de respecter le droit légitime de certaines personnes à être protégées, mais également de faire preuve de fermeté afin d'éviter que ne se reconstitue une filière d'immigration clandestine du Sri Lanka vers La Réunion, qui serait, au final, une nouvelle filière de traite des êtres humains. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
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