M. Jacques Grosperrin. Je souhaiterais à mon tour interpeller Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Madame la ministre, en fin de semaine dernière, près de 50 000 lycéens ont fait les frais d'un bug de Parcoursup. À la mise en place de ce nouveau dispositif, nombreuses étaient les personnes à s'émouvoir de l'impact psychologique de l'attente des réponses et de la vérification des classements. Mais qui aurait pu prévoir un tel ascenseur émotionnel pour ces jeunes gens à un mois du début des épreuves du baccalauréat ? Comment en est-on arrivé là, moins de deux ans après le fiasco d'Admission post-bac, APB ?
Les témoignages de lycéens déçus et de familles inquiètes affluent. En filigrane se dessine de nouveau la grande interrogation à propos des algorithmes et du manque de transparence de la plateforme.
M. David Assouline. Tout à fait !
M. Jacques Grosperrin. Vous nous expliquez que 400 formations auraient fait des erreurs humaines, mais comment est-ce possible ? N'y a-t-il pas eu des instructions des services, ou, à tout le moins, les directives données n'ont-elles pas péché par manque de clarté ? Dans les deux cas, madame la ministre, il y va de votre responsabilité.
Nous sommes nombreux à nous demander si les formations n'ont pas été sciemment encouragées à gonfler excessivement leur taux de surréservation pour raccourcir les délais d'attente pour les candidats et accélérer la fameuse convergence.
Le sujet est grave. La représentation nationale souhaite que vous vous adressiez aux 900 000 candidats inscrits sur Parcoursup et à leurs familles, qui attendent des réponses claires et précises.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Jacques Grosperrin, vous avez raison de rappeler que les erreurs commises par les formations sont inacceptables. Elles ont suscité beaucoup de faux espoirs chez de nombreux candidats.
Au-delà de ce constat, il faut savoir que, pour les 2 % de formations qui ont commis ces erreurs, le service central gérant Parcoursup, qui a vu apparaître ces erreurs, comme les responsables de ces formations ont réagi immédiatement de façon à ce que l'ensemble des 900 000 candidats puissent, avec quelques heures de retard, obtenir des propositions dans un cadre corrigé pendant la nuit. Un accompagnement humain a également été mis en place par les rectorats, les responsables de formation, les professeurs principaux et les proviseurs des lycées qui accueillent ces jeunes. Je voudrais les saluer aujourd'hui.
Comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer auparavant, ce à quoi vous faites référence n'a rien à voir avec les erreurs qui se sont produites. Il est normal que, lorsqu'une formation a 30 places, elle puisse appeler une quarantaine de candidats, car, nous le savons, tous ces candidats ne se présenteront pas à la rentrée, ces places étant alors perdues pour les autres candidats. C'est ce que l'on appelle un taux d'appel supérieur de 30 % à la norme.
Les erreurs constatées par le service chargé de Parcoursup étaient d'une tout autre ampleur. Il s'est agi de BTS à 12 places qui ont appelé plus de 300 candidats ou de classes préparatoires à 30 places qui ont appelé plus de 600 candidats, à cause d'une interversion du chiffre d'appel et du chiffre de la liste d'attente. C'est ce que j'ai demandé à l'inspection générale de vérifier, de sorte que nous puissions mettre en place des contrôles pour éviter que ces erreurs humaines ne se reproduisent.
Mme Laurence Cohen. Il faut plus de transparence !
M. le président. La parole est à M. Jacques Grosperrin, pour la réplique.
M. Jacques Grosperrin. Que 50 000 candidats sur quelque 900 000 inscrits aient été affectés par le bug, c'est trop ; que 400 formations se soient trompées, contre aucune l'année passée, cela nous interpelle. Est-ce que les procédures n'étaient pas assez claires ? Les responsables étaient-ils mal accompagnés ? S'il y a eu erreur, j'entends bien votre empathie et vos excuses, mais je crois qu'il aurait été bien que les lycéens les entendent aussi.
Enfin, madame la ministre, tous nos collègues doivent savoir que les boursiers ont actuellement une réponse positive, alors que des lycéens très brillants au sein des mêmes classes n'ont toujours aucun résultat, ce qui suscite des interrogations. Au moment où nous venons de voter l'école de la confiance que votre collègue Jean-Michel Blanquer appelle de ses vœux, nous devons retrouver de la transparence dans Parcoursup. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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