M. Maurice Antiste. Ma question s'adresse à l'ensemble du Gouvernement.
La France compte plus de 1,3 million de jeunes qui ne sont ni à l'école, ni à l'université, ni en apprentissage et ni en emploi.
Concernant l'outre-mer, et particulièrement la Martinique, l'apprentissage est rendu encore plus difficile en raison du tissu économique principalement constitué de microentreprises, ce qui rend l'accueil d'apprentis très difficiles et maintient les jeunes et leurs familles dans l'angoisse et le doute permanent.
Pour être totalement transparent, mesdames, messieurs les ministres, je suis sollicité toutes les semaines par de jeunes Martiniquais – et leurs familles –, qui, face à l'indispensable nécessité d'une alternance, ne trouvent pas d'entreprise et sont contraints d'abandonner leurs études.
D'ailleurs, si l'on prend en compte l'ensemble de l'alternance, apprentissage et professionnalisation, on observe une baisse des effectifs de 4,1 % par rapport à février 2018.
La réforme de l'apprentissage voulue par le Gouvernement, qui s'accompagne de la mise en place d'un nouveau statut de l'apprenti, théoriquement plus attractif pour les jeunes, ne semble pas faire consensus localement, principalement parce que les conditions requises pour obtenir la « prépa apprentissage » sont identiques à celles de l'apprentissage lui-même – nécessité d'obtenir un contrat d'apprentissage.
Quid donc des jeunes qui n'arriveront pas à trouver de contrat de travail dans le cadre de ce nouveau dispositif ? Une enquête de Studyrama révèle ainsi que 84 % des sondés, entre le bac et bac+5, ont trouvé la recherche d'une entreprise très difficile.
Je souhaite donc connaître les intentions du Gouvernement en la matière pour nos jeunes ultramarins, qui se sentent totalement abandonnés.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Mmes Christine Prunaud et Nassimah Dindar ainsi que M. Guillaume Arnell applaudissent également.)
Mme Sibeth Ndiaye, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Antiste, je souhaite excuser l'absence de la ministre du travail, Muriel Pénicaud, actuellement à Genève aux côtés du Président de la République, où ils participent au centenaire de l'Organisation internationale du travail.
Je vous remercie de votre question, qui met en lumière les difficultés relatives à l'emploi, à l'insertion professionnelle et, plus largement, à la formation des jeunes, en particulier dans les outre-mer, notamment en Martinique.
Je partage avec vous le constat d'un chômage qui frappe plus durement non seulement les jeunes, mais également les territoires d'outre-mer par rapport au reste du pays.
Cette difficulté, nous la connaissons évidemment et nous avons souhaité agir depuis le début du quinquennat pour y apporter des réponses. Vous vous en souvenez sans doute, le Livre bleu des outre-mer, en 2018, avait fléché 700 millions d'euros du programme d'investissement dans les compétences spécifiquement pour les outre-mer, apportant ainsi un soutien fort à la formation professionnelle, qui est un vecteur de reprise d'emploi.
Nous avons également, en avril 2019, étendu le dispositif des emplois francs sous l'autorité de Muriel Pénicaud, d'Annick Girardin et de Julien Denormandie.
S'agissant plus spécifiquement de l'apprentissage, partout sur le territoire, le nombre des jeunes en apprentissage augmente, mais les chiffres en outre-mer, et en Martinique en particulier, ne sont pas satisfaisants. C'est la raison pour laquelle une ordonnance spécifique découlant de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel sera dédiée aux outre-mer. Cette ordonnance a fait l'objet d'une large concertation, laquelle continue encore aujourd'hui avec les élus locaux à la fois pour dresser un diagnostic et proposer des solutions. Elle précisera les règles de gouvernance et de déploiement dans les outre-mer des dispositifs relatifs à l'apprentissage.
Je veux vous assurer, monsieur le sénateur, de notre préoccupation constante sur ce sujet et de notre volonté de développer l'apprentissage également dans les outre-mer. (M. Jean-Marc Gabouty applaudit.)
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