Mme Florence Lassarade. Ma question porte sur les mineurs isolés d'origine étrangère qui errent en bandes dans Paris et Bordeaux, et y commettent des délits.
Ce phénomène est apparu il y a trois ans à Paris, dans le quartier de la Goutte d'Or. Depuis, il s'est progressivement étendu à la banlieue, et désormais à Bordeaux. Ce phénomène prend de plus en plus d'ampleur, sans que les pouvoirs publics arrivent à l'endiguer.
Ces mineurs sont pour la plupart polytoxicomanes, très violents et spécialisés dans les vols et les agressions. En 2018, 5 989 mineurs isolés, essentiellement des garçons, ont été arrêtés par la préfecture de police à Paris et en petite couronne.
Nous savons que la situation est complexe. Les mineurs étrangers sont d'abord des enfants, et ces enfants sont des victimes avant d'être des délinquants. On s'interroge encore sur l'existence de réseaux criminels qui jetteraient ces enfants dans les rues en les droguant, afin qu'ils commettent des vols pour alimenter des circuits de revente. Les associations et la justice font leur possible pour leur venir en aide.
Nous ne devons pas céder au fatalisme et à la résignation. Notre responsabilité politique est d'apporter des réponses pour aider ces jeunes en errance, pour lutter contre les agressions et pour abattre les réseaux qui les utiliseraient.
Le Gouvernement entend-il mettre en œuvre un cadre d'action national pour aider ces jeunes et pour lutter contre la délinquance qui leur est liée ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
M. Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Madame la sénatrice, je vous remercie de votre question et de la façon dont vous l'abordez : comme vous l'avez souligné, le sujet est extrêmement complexe.
Le phénomène que vous avez décrit a d'abord émergé dans la capitale, avec l'arrivée de nombreux mineurs, dont un certain nombre étaient d'origine marocaine. Nous avons d'emblée pris l'attache des pays de départ de ces jeunes, afin notamment d'obtenir des informations sur ceux-ci. Je peux vous dire qu'une coopération renforcée est d'ores et déjà à l'œuvre avec le ministre de la justice sur ce sujet. Elle nous a permis de judiciariser de nombreux cas lorsque les faits le justifiaient. Nous avons obtenu des résultats probants en matière de renvoi de ces mineurs dans leur pays d'origine quand un tel retour relevait de la procédure.
L'action du ministre de l'intérieur s'est par ailleurs concentrée sur la lutte contre les trafics d'êtres humains, plus particulièrement sur le démantèlement des réseaux. La lutte contre les filières de passeurs, sous l'égide du parquet, est un objectif prioritaire : plus de vingt-cinq réseaux ont été démantelés en 2018.
S'agissant plus particulièrement du département de la Gironde, l'arrivée de mineurs d'origine marocaine ou algérienne a en effet causé des troubles à l'ordre public. Cette arrivée est due à la modification des réseaux et des voies d'immigration en Europe. Celles-ci passent désormais par l'Espagne et un département comme le vôtre, madame la sénatrice, est en conséquence plus fortement touché.
Sachez que nous prenons ce problème très au sérieux. Dès demain, la préfète de Gironde rencontrera les consuls marocain et algérien, afin de mettre en place un réseau de coopération similaire à celui qui avait été mis en œuvre à Paris avec la préfecture de police.
(Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour la réplique.
Mme Florence Lassarade. Monsieur le ministre, vous ne répondez qu'en partie à ma question ; je vous ai également interrogé sur la santé de ces enfants.
Je vous remercie néanmoins d'avoir pris en compte la situation difficile de ces jeunes en errance. Les acteurs de terrain et les Français qui sont quotidiennement confrontés à cette misère sont relativement rassurés de voir s'amorcer un début de solution.
Mme la présidente. Veuillez conclure, ma chère collègue !
Mme Florence Lassarade. J'espère que les élus pourront être associés à ce travail. La préfète de Gironde m'a d'ailleurs appelée à ce sujet.
Mme la présidente. Il faut conclure !
Mme Florence Lassarade. Néanmoins, les acteurs de terrain et les Français qui sont quotidiennement confrontés à cette violence attendent des actes et des mesures concrètes ! (Applaudissements sur ses travées du groupe Les Républicains.)
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