M. Jean-Louis Lagourgue. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.
Monsieur le ministre, après l'épisode de l'an dernier, la France connaît de nouveau une grave sécheresse et les canicules à répétition n'arrangent rien. Cette sécheresse touche la métropole, mais aussi les outre-mer, comme l'île de la Réunion ou celle de la Martinique. Le monde agricole est l'une des premières victimes de ces événements.
Certes, vous avez déjà annoncé quelques mesures. Comme l'an dernier, le dispositif de calamité agricole sera activé, les constructions de retenues collectives d'eau de pluie sont autorisées depuis le mois dernier et des flux de solidarité entre des départements disposant de fourrage et ceux qui en manquent seront mis en place.
Vous allez solliciter de l'Union européenne le déblocage en octobre de 70 %, au lieu de 50 %, des aides de la politique agricole commune, mais cette avance de trésorerie n'arrivera qu'après la sécheresse, c'est-à-dire trop tard ! Nous ne pouvons pas accepter que nos éleveurs doivent se résigner à envoyer leurs bêtes à l'abattoir, parce qu'ils n'ont plus de quoi les nourrir.
Nous devons trouver des solutions pour la sécheresse de cette année, mais aussi pour celles qui suivront. La France doit se préparer à subir régulièrement de tels épisodes. La réponse de l'État doit être anticipée.
Monsieur le ministre, pouvez-vous faire un point sur la situation actuelle et nous dire quelles mesures vous envisagez à court et moyen terme ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires. – M. Pierre Louault applaudit également.)
M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur, vous avez raison, la canicule et la sécheresse sont là, pour la deuxième fois de la saison et la deuxième année consécutive. En raison du réchauffement climatique, nous serons vraisemblablement amenés à connaître ces phénomènes année après année.
Cette répétition complique vraiment les choses, puisque les éleveurs ont déjà puisé dans leur stock l'année dernière et qu'ils doivent recommencer cette année, alors qu'ils en ont beaucoup moins. C'est la raison pour laquelle il faut apporter des réponses structurelles à ces sujets, comme votre question nous y invite.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer ici, un aspect important de cette question touche à l'irrigation. Aujourd'hui, je veux affirmer devant le Sénat que l'agriculture ne sera résiliente que si elle est irriguée ; si elle ne l'est pas, un grand pan de notre agriculture disparaîtra.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
L'eau est rare, il faut en dépenser moins et la protéger. Il faut d'ailleurs savoir que l'agriculture, grâce à de nouvelles techniques comme le goutte-à-goutte, utilise aujourd'hui 30 % d'eau en moins par rapport à ce qui se faisait il y a dix ou quinze ans. C'est la réalité !
Pour autant, il faudra bien continuer à irriguer. S'il y avait des prairies et des champs irrigués, les bêtes pourraient aller pâturer. C'est la raison pour laquelle, en liaison avec le ministère de la transition écologique et solidaire, une instruction a été envoyée le mois dernier dans tous les départements pour autoriser la construction de retenues d'eau à multi-usages, qui doivent permettre l'irrigation de l'agriculture. C'est très important !
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants – République et Territoires, du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe Union Centriste, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)
Le problème auquel nous sommes confrontés – je livre ce constat à la Haute Assemblée qui est une assemblée de sages –, c'est qu'avant même la mise en place d'un projet un comité de défense se constitue et qu'ensuite des recours sont déposés devant le tribunal administratif qui annule parfois les décisions prises.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je peux vous dire que le Gouvernement sera preneur d'une proposition de loi ou d'un amendement qui nous permettrait d'avancer sur ces questions. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.) Il faut d'ailleurs savoir que le Gouvernement a fait appel de décisions rendues en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres à ce sujet.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Lagourgue, pour la réplique.
M. Jean-Louis Lagourgue. Cette réponse me satisfait.
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