Mme Catherine Procaccia. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Dans un État de droit, il revient à l'État d'assurer le respect des lois de la République et la sécurité de chacun de nos concitoyens sur tout le territoire national, en tout temps et en toutes circonstances.
Après près de neuf mois où le rendez-vous hebdomadaire des Français était le journal de 20 heures du samedi soir pour connaître l'étendue des dégâts occasionnés par les « gilets jaunes », certains ont vite compris qu'ils pouvaient insulter, casser, piller, profaner, voire agresser dans la plus totale impunité.
Ainsi, dans mon département du Val-de-Marne, à peine installés, les mâts des caméras de vidéosurveillance ont été sciés à la meuleuse par les dealeurs à Villejuif et dans plusieurs autres communes.
La ville de Limeil-Brévannes connaît, elle, des actes d'une violence inédite : quinze véhicules ont été incendiés devant la mairie ; l'hôtel de ville et le centre socioculturel ont été attaqués à la voiture bélier enflammée, en représailles à l'arrestation de quelques trafiquants qui s'en vantent. Et tout cela en à peine quelques semaines ! En 2018, il y a eu 576 signalements de trafic ou de revente de stupéfiants ; c'est 100 % d'augmentation en à peine cinq ans !
Il n'est pas acceptable que, dans notre démocratie, des voyous attaquent et détruisent les symboles de la République, persuadés, s'ils sont identifiés, de s'en sortir avec une simple relaxe.
Que comptez-vous faire, monsieur le ministre, pour rétablir l'ordre républicain dans nos territoires, notamment aujourd'hui à Limeil-Brévannes ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, vous m'interrogez sur des faits graves qui se sont produits sur la commune de Limeil-Brévannes. J'ai eu l'occasion d'avoir des échanges avec Mme la maire de cette commune et elle a été reçue hier par mon cabinet avec le député Laurent Saint-Martin pour trouver les moyens de faire face à cette situation.
Que s'est-il passé précisément dans cette commune ? Il se trouve que, le 1er juillet, nous avons démantelé un important réseau de trafic de drogue, nous avons saisi 100 000 euros et interpellé sept personnes qui ont été placées sous écrou. Et nous subissons la réaction de ces voyous et de leurs amis. Ils ont réagi très brutalement, en incendiant des voitures et, vous l'avez dit, en utilisant un véhicule comme un bélier contre la mairie de Limeil-Brévannes.
Face à ces réactions violentes, une chose est certaine, nous ne céderons rien ! Nous avons conforté les effectifs sur place, renforcé la BAC et fait en sorte que, chaque nuit, il y ait une surveillance accrue.
Vous l'avez dit, la République doit être partout chez elle. Si l'intervention de la police et le démantèlement d'un important réseau de trafiquants de drogue entraînent de telles réactions, nous serons tout simplement encore plus fermes. Je peux vous dire que nous procéderons systématiquement aux interpellations nécessaires et que nous mettrons ces personnes sous main de justice.
Ces comportements sont totalement inacceptables. Nous ne devons évidemment pas baisser les bras et nous devons renforcer notre action.
C'est pourquoi nous avons engagé un plan de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes, dont votre département doit profiter au regard des faits, encore une fois inacceptables, que vous évoquez, madame la sénatrice.
C'est aussi pourquoi le Premier ministre a validé, il y a quelques jours, un plan d'action qui refonde en profondeur la lutte contre les produits stupéfiants sur l'ensemble du territoire ; nous le présenterons à la rentrée avec des moyens nouveaux.
Aucun mètre carré de notre République ne doit reculer et nous devons lutter de manière systématique contre le trafic de drogue, qui est au cœur des batailles que nous devons mener contre la criminalité, tant il déstructure nos quartiers et nos villes.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Sylvie Vermeillet, MM. Jean-Marc Gabouty et Pierre Louault applaudissent également.)
M. le président. La parole est à Mme Catherine Procaccia, pour la réplique.
Mme Catherine Procaccia. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. C'est bien que vous ayez pu recevoir Mme le maire. Les élus qui mettent en place une police municipale, que ce soit à Limeil-Brévannes ou dans d'autres villes du Val-de-Marne, ont besoin du soutien de l'État et de la présence des forces de l'ordre.
Vous nous dites que ces actes de violence font suite à une intervention de la police, mais sincèrement, s'il y avait eu dans le passé davantage d'interventions et une plus grande présence policière, cette intervention particulière n'aurait pas entraîné de telles réactions. Par conséquent, j'espère que vous maintiendrez des forces de l'ordre en nombre suffisant sur ces territoires, que ce soit à Limeil-Brévannes, à Boissy-Saint-Léger, à Villejuif, à Sucy-en-Brie ou ailleurs ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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