M. Dominique Théophile. Ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
À la suite de l'incendie du CHU de Guadeloupe le 28 novembre 2017, tous les services connaissent une désorganisation, en particulier les urgences et les trois unités de médecine néonatale.
Madame la ministre, nous connaissons votre implication sans cesse manifestée auprès de nos professionnels de santé.
Néanmoins, la situation catastrophique, maintes fois signalée par les agents et les médecins, n'a, jusqu'à ce jour, pas reçu de réponse satisfaisante à la hauteur des enjeux sanitaires.
Au moment où je vous parle, le personnel est en grève.
Vous comprendrez aisément le ras-le-bol des professionnels de santé, qui, tous les jours, font des prouesses pour maintenir la sécurité et la continuité des soins.
À toutes ces difficultés s'ajoute la situation très largement dégradée des finances de l'établissement, qui ne peut assurer dans de bonnes conditions l'approvisionnement des denrées et des médicaments pour les patients. Les parlementaires, notamment le député de la circonscription, Olivier Serva, l'ont déjà signalé.
Pour rappel, à ce jour, la dette du CHU envers ses fournisseurs avoisine les 49 millions d'euros. L'annonce d'une aide de 20 millions d'euros en trésorerie à la structure n'a toujours pas été suivie d'effet ; cette somme permettrait de libérer une partie de la dette et de tenter de retrouver la confiance des fournisseurs.
Madame la ministre, les attentes sont fortes et la détermination professionnelle des agents est encore intacte. Ces derniers attendent, au-delà des discours rassurants, des signaux tangibles, un vrai plan Marshall, mais également une déclinaison de la stratégie de reconquête de la population envers son CHU.
La prévision d'ouverture du nouvel établissement dans les cinq prochaines années ne doit en aucune manière occulter la nécessité du maintien du niveau de soins des patients. Cette évidence conduit d'ores et déjà la collectivité régionale à soutenir, au côté de l'État, le projet d'équipement d'une salle de coronarographie interventionnelle, investissement ô combien important pour la bonne prise en charge de nos patients.
Pourriez-vous, madame la ministre, rappeler et confirmer les engagements de l'État pour la sécurité et la continuité des soins, et décliner leurs différentes phases ?
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Théophile, le CHU de la Guadeloupe occupe effectivement une place prépondérante dans l'offre de soins de ce territoire et je suis extrêmement vigilante, depuis cet incendie, à ce que cet établissement soit capable de remplir les missions qui sont les siennes envers la population guadeloupéenne.
La situation particulière relative au paiement des fournisseurs, que vous citez, est suivie attentivement par l'agence régionale de santé et par mon ministère. Un plan d'apurement de la dette a été établi et une aide supplémentaire en trésorerie a été versée à l'établissement début juillet, laquelle permettra d'atteindre, au total, 48 millions d'euros d'aide pour les six premiers mois de 2019, ce qui devrait permettre d'accompagner la résorption progressive de la dette.
Une ligne de secours en trésorerie a également été mise en place, conformément au souhait du Président de la République, sous la forme d'un « bon à tirer » par le directeur de l'établissement en cas de nécessité ou d'urgence.
Je tiens à saluer l'engagement des équipes du CHU qui effectuent, vous avez raison de le rappeler, un travail absolument remarquable pour prendre en charge les patients dans des conditions que je sais difficiles en raison de la dispersion des sites sur l'île.
Le plan de réorganisation de l'offre de soins est suivi et la situation structurelle de l'établissement devrait être stabilisée, comme prévu, en 2020. Ce plan a fait l'objet d'un financement important, à hauteur de 54 millions d'euros, pour la livraison d'un nouveau pôle parents-enfants en octobre 2020 et pour la réhabilitation des premiers services, dont les urgences, d'ici à la fin de l'année. Les blocs seront de nouveau opérationnels au premier semestre 2020.
Enfin, nous resterons tous mobilisés pour que la construction du nouveau CHU se fasse le plus rapidement possible et je renouvelle ma confiance à la directrice de l'ARS comme au directeur général du CHU pour mener à bien ces actions et cette réorganisation.
Je remercie également la collectivité régionale de son aide, laquelle est déterminante pour que ces réorganisations soient cohérentes avec les besoins de santé du territoire. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – M. Jérôme Bignon applaudit également.)
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