Mme Sophie Joissains. Ma question s'adresse à Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, et porte sur la grève dans les services d'urgence, grève qui a débuté il y a six mois.
Madame la ministre, en tant que médecin, vous mesurez à quel point les personnels soignants sont engagés dans l'exercice de leur métier. Cet engagement profond s'apparente le plus souvent à de l'abnégation. Nous le saluons bien bas.
Aujourd'hui, ces personnels sont à bout : impossibilité de prendre leurs jours de repos, heures supplémentaires pas toujours payées, sous-effectifs, dépressions, burn-out, risques d'erreurs médicales accrus.
Le triste accident survenu aux urgences psychiatriques de Niort le dimanche 15 septembre, en raison de l'absence d'un service de sécurité de jour, en est une terrible illustration.
La crise des urgences n'est certes pas nouvelle. Le nombre de passages annuels a doublé en vingt ans et triplé depuis 1988. La situation, qui s'est aggravée d'année en année, est aujourd'hui critique : manque de lits aux urgences et dans les services appropriés, effectifs insuffisants, revalorisation salariale inexistante.
Le pacte de refondation des urgences que vous avez présenté il y a quinze jours ouvre certes des pistes intéressantes, mais force est de constater qu'il ne répond pas à l'ensemble des besoins des personnels de santé. La grève se poursuit.
Envisagez-vous des mesures complémentaires et nouvelles afin de débloquer cette situation ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste.)
Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice, je vous prie d'excuser l'absence de Mme Buzyn, qui est actuellement à l'Assemblée nationale pour l'examen du projet de loi de bioéthique.
Je ne reviendrai pas sur les causes de la saturation des services d'urgence. Le constat est connu et partagé par tous ici. Je vous parlerai de l'avenir et des solutions que nous mettons en œuvre.
Avant l'été, le Gouvernement avait demandé au député Mesnier et au professeur Carli de lui soumettre des propositions concrètes. Sur la base de leur travail, Agnès Buzyn a présenté la semaine dernière un pacte de refondation en douze mesures, salué par bon nombre de professionnels de santé.
Nous souhaitons mettre en place un service universel d'accès aux soins pour les patients afin de répondre à leurs besoins immédiats, sans rendez-vous, ce service venant en plus du médecin traitant, lequel reste le premier palier. Il faut également organiser un accès direct à l'hôpital pour les personnes âgées, sans passage par les urgences, et tout entreprendre pour éviter leur hospitalisation, chaque fois que cela est possible.
Nous voulons rendre les métiers des personnels paramédicaux plus attractifs. Nous avons accordé une prime à tous les professionnels des urgences, que nous avons étendue aux assistants régulateurs, ainsi qu'une prime de 80 euros aux personnels paramédicaux dans le cadre des protocoles de coopération.
Nous allons développer un nouveau métier, celui d'infirmier en pratique avancée, avec une rémunération augmentée.
Par ailleurs, il faut généraliser à l'hôpital une gestion informatisée des lits, avec du personnel. Il faut inviter les hôpitaux à contractualiser avec tous les établissements de leur environnement afin que ces derniers accueillent les patients après leur passage aux urgences.
Enfin, nous entendons poursuivre notre lutte contre l'intérim, qui pèse sur le budget des hôpitaux.
Les moyens alloués sont au rendez-vous et importants : ils s'élèvent à 750 millions d'euros, qui viennent s'ajouter aux 70 millions d'euros déjà engagés en juin. Nous écoutons les professionnels sur le terrain : 80 % de cette enveloppe sera consacrée à des moyens humains supplémentaires.
(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme Sophie Joissains, pour la réplique.
Mme Sophie Joissains. Ces mesures paraissent en effet ambitieuses ; mais peut-être faudra-t-il aller plus loin.
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