M. Olivier Léonhardt. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre ; je souhaite y associer ma collègue Laurence Rossignol.
Depuis plusieurs mois, le peuple algérien se mobilise massivement, chaque semaine, de manière exemplaire et pacifique, dans les plus petits villages comme dans les grandes villes, pour conquérir sa liberté.
Si personne ne demande à la France d'agir en lieu et place de la société algérienne, le silence du Gouvernement sur ces événements est chaque jour plus gênant.
Depuis quelques semaines, un nouveau cap a été franchi par la junte au pouvoir : on relève des arrestations arbitraires et l'incarcération de citoyens algériens qui expriment simplement leur opinion. Des militants associatifs du Rassemblement actions jeunesse ou de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, eux aussi, sont arrêtés.
Certes, chacun connaît les liens de la France avec l'Algérie, notamment en matière de lutte contre le terrorisme ; pour autant, ne laissons pas le cynisme politique l'emporter sur l'honneur de notre pays !
Il est temps de condamner clairement les agissements contre le mouvement démocratique. À la faute morale, n'ajoutons pas une faute politique !
N'oublions jamais que c'est le peuple algérien qui est notre allié, et non la junte en place. Il faut tendre la main au peuple algérien : voilà l'intérêt de la France ! C'est bien le peuple algérien qui sera au pouvoir, tôt ou tard : c'est inéluctable. C'est lui notre partenaire, c'est lui l'avenir !
Ne passons pas du silence gêné au silence coupable !
Alors, monsieur le Premier ministre, ma question est simple : le Gouvernement compte-t-il condamner les arrestations et les incarcérations d'opposants politiques en Algérie ?
(Applaudissements sur des travées des groupes RDSE et SOCR. – Mme Christine Prunaud applaudit également.)
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Léonhardt, la situation en Algérie est complexe depuis plusieurs mois ; vous l'avez rappelé. Pour remettre les événements dans leur contexte, rappelons la démission du président Bouteflika, suivie de la décision du parlement algérien, réuni en Congrès, de désigner un président par intérim ; on a pu constater que le terme de la période d'intérim prévu par la Constitution algérienne pour l'organisation d'élections présidentielles avait été dépassé le 9 juillet dernier.
Deux voies parallèles continuent de coexister : celle des manifestants, qui expriment une aspiration forte et profonde à ouvrir un nouveau chapitre de l'Algérie, et celle des autorités, qui repose sur la volonté de faire en sorte que la Constitution algérienne puisse s'appliquer en l'état.
Mme Marie-Pierre de la Gontrie. Elles sont parallèles, peut-être, mais se valent-elles ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. Dans ce contexte, le seul souhait de la France est que les Algériens trouvent ensemble les chemins d'une transition démocratique.
C'est ce que nous espérons pour l'Algérie, compte tenu de la densité et de la profondeur des liens humains qui nous rattachent à ce pays. M. Jean-Yves Le Drian a récemment eu l'occasion de le dire à son homologue algérien, M. Sabri Boukadoum, lorsqu'il l'a rencontré à l'Assemblée générale des Nations unies.
Nous avons confiance dans l'esprit de responsabilité, de civisme et de dignité qui prévaut depuis le début des manifestations et qui suscite l'admiration. Nous sommes attentifs à ce que cet esprit puisse continuer à s'exprimer pacifiquement, dans le respect de la liberté d'expression et de manifestation. Il n'y a qu'une solution : le dialogue démocratique. Nous continuerons à nous tenir aux côtés de l'Algérie et des Algériens, dans le respect et l'amitié qui président à nos relations.
(Applaudissements sur des travées du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. Olivier Léonhardt, pour la réplique.
M. Olivier Léonhardt. Ma question était très simple, monsieur le secrétaire d'État : qu'allez-vous faire pour que ces opposants, ces citoyens algériens, puissent être libérés ? Ils sont aujourd'hui en prison sans aucune raison.
M. le président. Il faut conclure !
M. Olivier Léonhardt. Je compte recevoir une réponse un peu plus précise que celle que vous venez de nous donner. (Applaudissements sur des travées des groupes RDSE, SOCR et CRCE. – M. Jean-Marie Janssens applaudit également.)
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