Photo de Franck Menonville

Franck Menonville
Question d'actualité au gouvernement N° 1055 au Ministère de l'agriculture


Situation de la forêt française

Question soumise le 28 novembre 2019

M. Franck Menonville. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, dans un premier temps, je souhaite à mon tour, au nom du groupe Les Indépendants, assurer les familles des treize militaires tués lundi de notre sincère compassion et de notre profond respect.

Ma question s'adresse au ministre de l'agriculture. Elle porte sur la crise sanitaire que traverse la forêt ; j'y associe notre collègue Anne-Catherine Loisier, présidente du groupe d'études Forêt et filière bois du Sénat.
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Monsieur le ministre, la forêt traverse une crise sans précédent.

Les conditions climatiques ont mis à mal les peuplements forestiers. On compte désormais près de 2,7 millions de mètres cubes touchés, toutes essences confondues ; les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté sont les plus frappées.

En outre, depuis la sécheresse de 2018, la propagation du scolyte a explosé, entraînant un dépérissement massif. Les volumes d'épicéas scolytés approchent, dans les forêts publiques du Grand Est, 1,5 million de mètres cubes, ce qui représente presque 5 000 hectares de forêts dans le seul département de la Meuse.

Le 8 octobre dernier, vous avez annoncé la mise en place d'un plan de soutien de 16 millions d'euros, pour valoriser le bois scolyté et replanter. C'est un début, mais, face à l'ampleur du désastre, cela s'avérera vite insuffisant. Comment ce plan se déclinera-t-il ?

Cette tempête silencieuse qui frappe nos forêts françaises est aussi un véritable enjeu européen, puisque l'Allemagne et les pays d'Europe centrale sont eux aussi fortement touchés. À titre d'exemple, l'Allemagne vient de concevoir un plan de 800 millions d'euros sur trois ans.

C'est donc une catastrophe économique, écologique et sanitaire.

Monsieur le ministre, que comptez-vous faire à court et à moyen terme ? La forêt a besoin d'une politique très ambitieuse : il est urgent d'évacuer le bois contaminé, afin de contenir la propagation, et il est également nécessaire de réinvestir massivement dans nos forêts ; il y va de l'héritage que nous laisserons aux générations futures.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants, ainsi que sur des travées des groupes RDSE, UC et Les Républicains.)

Réponse émise le 28 novembre 2019

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur Franck Menonville, vous avez raison de poser cette question, en y associant Anne-Catherine Loisier et, de fait, l'ensemble des sénateurs, parce que la situation que traverse la forêt française est aujourd'hui dramatique.

Elle l'est à deux égards : d'un point de vue conjoncturel, avec cette maladie liée aux scolytes – on parle de dizaines de milliers d'hectares de bois scolyté –, qui pose un véritable problème à notre forêt, et pour l'avenir, pour la longue durée, car, avec le dérèglement et le réchauffement climatiques et nos essences actuelles, la forêt ne répond pas suffisamment à l'enjeu du captage du carbone.

Sur le premier point – la dimension conjoncturelle –, vous l'avez dit, il est urgent de bouger, d'avancer. Avec le CSF forêt-bois, le Gouvernement en a pris la mesure. Nous avons mis sur pied un plan d'extrême urgence de 16 millions d'euros : 6 millions d'euros disponibles immédiatement pour lutter contre les scolytes et sortir le bois scolyté afin de l'injecter dans l'économie, et 10 millions d'euros pour travailler à la régénérescence de la forêt. Il faut gagner cette bataille.

Sur la durée, il est absolument indispensable de tenir compte de ce que vous, les forestiers, constatez, vous qui êtes habitués à évoluer dans la forêt ; j'aurais également pu citer le sénateur Daniel Gremillet (Très bien ! sur les travées du groupe Les Républicains.), avec lequel nous travaillons beaucoup.

Il faut absolument travailler à une replantation de la forêt avec d'autres essences. Nous devons avoir un plan d'ensemble, et j'ai demandé que l'ensemble de la filière bois, de l'amont à l'aval, travaille, d'ici à fin mars, sur la mise en place d'un plan structurel qui nous permette de régler cette situation dramatique.

Les parlementaires ont pris, comme le Gouvernement, la mesure du problème, et nous réussirons ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées du groupe RDSE.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.

Inscription
ou
Connexion