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François Grosdidier
Question orale N° 682 au Ministère de l'enseignement


Décrochage de Metz dans l'université de Lorraine

Question soumise le 7 mars 2019

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M. François Grosdidier attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur la place de Metz dans l'université de Lorraine. Le Premier Empire avait créé deux facultés, l'une de sciences à Metz et l'autre de lettres à Nancy. Lors de l'Annexion en 1871, l'intelligentsia quitte Metz pour Nancy. Le IIème Reich assèche la vie intellectuelle et condamne toute activité universitaire à Metz. Il investit exclusivement à Strasbourg. La République française, légitimement, investit massivement à Nancy, le bastion universitaire le plus avancé aux marches de l'Est. Il faudra attendre la loi du 12 novembre 1968 d'orientation de l'enseignement supérieur, dite loi Faure, pour voir la création de quatre établissements publics en Lorraine : Metz, Nancy-I, Nancy-II, et l'institut national polytechnique de Lorraine. Metz reste sous-dotée par rapport à son bassin de population. Au 1er janvier 2012, l'université Paul Verlaine de Metz fusionne avec les trois autres établissements pour créer l'université de Lorraine sous la forme d'un « grand établissement ». Metz a accepté cette fusion car elle était convaincue qu'ensemble, les sites universitaires de Lorraine seraient plus forts et se développeraient d'autant mieux, sans rien enlever à Nancy et en permettant à Metz de croître plus que proportionnellement à l'existant. Cependant, le risque était fort pour Metz, en acceptant cette fusion, de figer cette disproportion entre les deux sites, voire de l'accroître. Ce risque se vérifie. Metz a toujours un site universitaire sous-dimensionné par rapport à ses bassins de vie et d'emploi. L'activité économique mosellane repose sur plus de 11 000 entreprises contre 8 000 en Meurthe-et-Moselle, elle a donc bien plus besoin pour son développement de jeunes formés à Metz. Aujourd'hui l'organisation de cette université ne profite manifestement pas à Metz. Son siège est à Nancy, ainsi que l'ensemble des personnels de la direction. Le président siège à Nancy, et 64 % des vice-présidents sont nancéiens. Sur les onze directions opérationnelles, une seule siège à Metz. Seuls 31 % des étudiants sont implantés sur la Lorraine-Nord. La population étudiante, de près de 16 000 personnes en l'an 2000, est aujourd'hui de moins de 14 000. On observe une baisse de 31,4 % des étudiants ingénieurs formés à Metz en 2016. L'école nationale d'ingénieurs de Metz (ENIM) a atteint ses capacités maximales et elle a perdu près de 6 millions d'euros de budget. L'antenne messine de Centrale-Supelec a perdu cent étudiants. La répartition des contrats doctoraux n'est pas équitable et l'essentiel est centré à Nancy. À titre d'exemple, seulement deux contrats de l'école d'informatique, automatique, électrotechnique et mathématiques (IAEM) sont situés à Metz contre quinze à Nancy. Il n'y a d'ailleurs plus de laboratoire de recherche informatique à Metz depuis le 1er janvier 2018. Metz espérait légitimement, afin de rattraper son retard universitaire, que le processus de fusion lui soit bénéfique. Or Nancy continue à se développer et l'écart continue de se creuser. Les derniers développements du projet « management, ingénierie, sciences et technologies avancées » sont emblématiques de cette situation. La douzième école d'ingénieurs de l'université, prévue à Metz, devait ouvrir ses portes en 2021. Le conseil d'administration a décidé de reporter le projet, voté pourtant à l'unanimité du collégium des écoles d'ingénieurs qui y voyait une réelle opportunité de développer ses flux de diplômés, et soutenu par le président-directeur général de Dassault Systèmes. Le besoin de former davantage d'ingénieurs est crucial pour ne pas passer à côté des grandes mutations scientifiques comme l'intelligence artificielle ou le numérique. Il l'interroge sur les intentions de l'État pour enfin rééquilibrer les pouvoirs au sein de l'université de Lorraine et offrir à Metz les structures universitaires comparables aux métropoles et bassins de vie de même importance.

Réponse

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