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Élisabeth Lamure
Question orale N° 684 au Ministère de l'europe


Précisions sur le devenir d'Atout France

Question soumise le 14 mars 2019

Mme Élisabeth Lamure interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères au sujet de l'avenir d'Atout France.

D'après une note diplomatique dont la teneur a été connue en février 2019, il semblerait que le Gouvernement ait décidé d'engager un plan de restructuration de cet organisme, dans l'optique de réaliser quatre millions d'euros d'économie. Véritable outil de promotion de la destination France à l'étranger, Atout France subirait un plan qui aurait pour conséquence la réduction d'un tiers de sa masse salariale.

Cela représenterait donc un risque immédiat pour les salariés d'Atout France, exposés à la perte soudaine de leur emploi, mais au-delà, ce serait une menace pour la promotion du tourisme français à l'étranger, si les moyens de cette promotion étaient diminués.

Ainsi si elle est confirmée, cette décision paraît d'autant plus incompréhensible au regard de l'objectif ambitieux de 100 millions de touristes étrangers en France à l'horizon 2020, porté par le Gouvernement.

Elle souhaiterait qu'il se prononce quant à cette décision sur le devenir d'Atout France et fournisse tous les éclaircissements nécessaires au débat public.

Réponse émise le 10 avril 2019

Mme Élisabeth Lamure. Monsieur le secrétaire d'État, comme cela a déjà été évoqué dans cet hémicycle, une note interne des services du ministère de l'Europe et des affaires étrangères indique que, dans le cadre du programme Action publique 2022, un plan social de grande ampleur est prévu chez Atout France.

Au-delà de la préoccupation légitime des salariés de l'agence, nous sommes nombreux à nous interroger sur le choix stratégique du Gouvernement, qui a pour objectif d'accueillir 100 millions de touristes d'ici à 2020, mais cela, si l'on comprend bien, avec des moyens et des effectifs en baisse pour Atout France.

Vouloir économiser 4 millions d'euros, alors que l'action d'Atout France sur notre rayonnement à l'étranger est majeure, est plus que surprenant. La filière du tourisme représente des centaines de milliers d'emplois en France. Cette richesse contribue largement à notre croissance et à un rayonnement culturel qui va bien au-delà du simple secteur touristique.

Monsieur le secrétaire d'État, alors que la concurrence touristique est toujours plus vive et que certains pays déploient des moyens colossaux en faveur de leur attractivité, comment justifiez-vous de réduire les moyens d'action d'Atout France ?

Qui plus est, la France souffre malheureusement d'une image dégradée du fait de la crise sociale que nous traversons depuis des mois. Au-delà du secteur touristique, un pan entier de notre économie attend donc vos réponses.
(Mme Martine Berthet et M. François Grosdidier applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice Lamure, le Gouvernement est clairement mobilisé en faveur du secteur du tourisme.

Vous le savez, nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux : atteindre 100 millions de touristes internationaux à la fin de 2020 et générer 60 milliards d'euros de recettes. L'année 2018 montre que nous sommes sur la bonne voie, puisque les chiffres recommencent à progresser : ainsi, nous avons atteint 90 millions de visiteurs internationaux et 57 milliards d'euros de recettes.

Le tourisme, qui représente environ 7 % de la richesse nationale, est une composante majeure de notre économie nationale. Surtout, il irrigue nos territoires bien au-delà de la seule Île-de-France et de Paris, puisque beaucoup de nos trésors patrimoniaux sont situés dans les territoires ruraux. Nous sommes d'ailleurs très attachés au fait que ces flux bénéficient à l'ensemble des régions.

Vous le voyez, notre ambition est intacte.

En ce qui concerne les moyens, le Gouvernement a fait un geste très concret, en affectant une partie des recettes des visas à Atout France pour 5 millions d'euros, ce qui lui a permis de développer des plans de promotion.

Je rends d'ailleurs hommage au directeur général d'Atout France, Christian Mantei, qui achève sa mission, et à l'ensemble de ses équipes : lorsque nous leur confions un euro pour la promotion, ils réussissent à en lever deux, un auprès des collectivités locales et un auprès du secteur privé, ce qui démultiplie notre force de frappe. Nos objectifs ne sont donc pas du tout à la baisse en termes de promotion.

Atout France a aussi montré par le passé, notamment durant les cinq dernières années, qu'il savait se transformer et je lui tire mon chapeau, parce qu'il a réussi à le faire, tout en permettant l'amplification des flux touristiques vers la France. Dans les dernières années, pas loin de 80 postes en équivalent temps plein n'ont pas été reconduits, si bien que beaucoup de choses ont dû être revues. Je tiens de nouveau à rendre hommage à son personnel pour cela.

Nous sommes en train d'écrire une nouvelle page de cette transformation. Un nouveau directeur général va être nommé. Christian Mantei va devenir président du conseil d'administration. Un nouveau contrat d'objectifs et de performance va être préparé et conclu. Des économies de fonctionnement seront, il est vrai, demandées à Atout France – je rappelle de ce point de vue que l'agence a déjà déménagé dans de nouveaux locaux.

Je fais pleinement confiance aux salariés, à la gouvernance et aux différents acteurs du secteur pour faire des propositions et améliorer le fonctionnement d'Atout France, tout en développant encore la promotion de notre pays au profit de ses territoires.

M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Lamure, pour la réplique.

Mme Élisabeth Lamure. Monsieur le secrétaire d'État, votre réponse va dans le sens de celle qui avait été donnée à ma collègue Catherine Dumas à l'occasion d'une séance de questions d'actualité au Gouvernement. Des ressources supplémentaires pérennes doivent ainsi être affectées à Atout France à partir des recettes obtenues par la délivrance de visas, ce qui devrait limiter la baisse de ses moyens.

Cependant, à l'occasion de la question que j'évoquais à l'instant, le ministre avait ajouté que nous aurions très prochainement à mener une réflexion stratégique sur la promotion touristique. Il est inutile de vous dire que les acteurs du tourisme, notamment Atout France, attendent avec impatience l'issue de cette réflexion.

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