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M. Jean Hingray attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur la situation particulière des étudiants éloignés de leurs universités, de leurs classes préparatoires ou de tout autre lieu de délivrance de l'enseignement supérieur. De nombreuses études menées par des syndicats étudiants, des émissions de télévision telles que « Envoyé Spécial » du 21 janvier 2021 informent des multiples difficultés auxquelles est confrontée une population estimée à près de 2,7 millions de personnes, depuis la période du deuxième confinement entré en vigueur après les vacances d'automne. Ces difficultés sont autant financières que morales, scolaires que psychologiques et touchent un très large panel – depuis les primo-accédants déjà déboussolés par un parcours scolaire chaotique jusqu'aux 3ème, 4ème, 5ème année ou plus, en manque de stages ou de perspectives d'emplois. Après une période de relative acceptation ou de résignation, toutefois ponctuée de drames poignants alertant sur la montée d'une profonde détresse, on assiste à une brutale séquence de mobilisation menée par des mouvements comme « étudiants fantômes ». La perte des petits boulots « alimentaires » a contraint beaucoup d'étudiants « provinciaux » à mettre fin à leur location et donc à revenir chez leurs parents dans une cohabitation parfois difficile à envisager. L'université de Rennes 2 relève que plus de la moitié des étudiants sont rentrés chez leurs parents ! En procédant ainsi, ils écartent certes la menace bien réelle d'une précarité alimentaire qui, hélas, se propage jour après jour. Mais ils s'orientent vers un risque de décrochage massif. Comment imaginer dans l'hypothèse d'une réouverture à raison d'une journée par semaine des universités que les étudiants redevenus distants de leurs universités puissent effectuer de tels trajets souvent chronophages et cela d'autant plus qu'ils sont le plus souvent privés de moyens de transports propres ? Comment peuvent-ils accéder à l'enseignement en ligne alors qu'ils sont ramenés, notamment en milieu rural, à un service internet frustre, rarement disponible en haut-débit et donc inadapté au suivi à distance ? Et en admettant qu'ils souhaitent bénéficier d'une assistance psychologique, comment le faire en étant si éloignés de spécialistes délivrant ces compétences ? En réalité, il faudrait porter un autre regard sur la priorisation des publics cibles sur la question des tests ou des vaccins. À propos de ces derniers, la doctrine qui en est donnée aujourd'hui est la suivante : les populations les plus vulnérables et ceux qui s'en occupent. Mais qu'en est-il de catégories tout autant fragiles, pour lesquels on a littéralement « arrêté la vie », et de ceux qui s'en occupent ? Les étudiants en font partie et les décrocheurs isolés de retour dans leur famille au premier rang. Ils se considèrent dès à présent comme des victimes et demain peut-être comme des sacrifiés. Construire l'avenir de notre société sur un base aussi fragilisée, si peu confiante relève de la gageure. Il demande donc si le Gouvernement ne devrait pas engager une nouvelle évaluation des risques, tant vaccinaux que psychologiques, de façon à redéfinir une politique de tests et de vaccins à la lumière des parcours de vie des uns ou des autres quitte à redéfinir les critères de priorisation.
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