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M. Patrice Joly attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie sur le déclin de l'industrie pharmaceutique en France.
La crise du coronavirus a montré les dysfonctionnements de la politique nationale et européenne en matière d'approvisionnement en médicaments, en vaccin et a montré toutes les faiblesses françaises en matière de recherche pharmaceutique. Cette situation risque de se dégrader encore à l'avenir si aucune action concrète ne voit le jour.
Tout d'abord, l'absence de politique publique industrielle nationale, en matière de médicaments et de produits médicaux, a affaibli les capacités de lutte contre la pandémie.
Un chiffre est particulièrement frappant : notre production de produits pharmaceutiques en parts de marché mondial a été divisée par deux entre 2005 et 2015. Entre 60 et 80 % des principes actifs contenus dans les médicaments consommés en France sont fabriqués hors d'Europe alors que la proportion n'était que de 20 % il y a une trentaine d'années ! Nous devons agir vite.
Ensuite, sur la question des vaccins et de la concurrence entre les laboratoires, la recherche française a subi deux revers majeurs dans la course mondiale aux vaccins contre le Covid-19. Le 11 décembre, le géant pharmaceutique français Sanofi et son allié britannique Glaxo Smith Kline (GSK) annonçaient que leurs essais cliniques de vaccin contre le Covid-19 n'étaient pas à la hauteur de leurs espérances et prendraient donc du retard. Le 25 janvier dernier, c'était au tour de l'institut Pasteur d'annoncer qu'il arrêtait le développement de son principal projet de vaccin.
En moins de 30 ans la France est passée du premier rang international dans la production de vaccins à 6 % des essais cliniques de phase 1 en 2018 ; même chemin pour la recherche biomédicale. L'institut Pasteur n'était qu'au quinzième rang des organismes publics innovants en 2017 et Sanofi bien que septième groupe pharmaceutique mondial doit servir d'auxiliaire à Pfizer pour produire un vaccin concurrent dans ses propres usines.
Le diagnostic est cruel : avec 2,2 % de son PIB consacré à la recherche-développement, la France reste en dehors du club des plus de 3 %, (Suède, Allemagne, Suisse ou Autriche) ; même chose pour la dépense publique à 0,85 % du PIB ; quant aux salaires de recherche, ils sont à 63 % de la moyenne de l'OCDE. Ainsi, aucune université française ne figure dans le classement de Shanghaï des 50 premiers établissements mondiaux. La part française dans les publications internationales se réduit.
La communauté scientifique alerte depuis longtemps sur la nécessité d'un effort de financement comparable à celui de l'Allemagne, de la Corée ou de la Chine, sur l'urgence d'un programme de recrutement dans tous les corps de métier, sur l'impératif de financements récurrents et de garanties des libertés académiques. Face à une baisse drastique depuis 10 ans des inscriptions en première année doctorale et à la fuite de nos « cerveaux » partis en stages post-doctoraux à l'étranger et qui ne reviennent pas faute de poste, des actions concrètes à destination des jeunes chercheurs doivent être prises.
Une note du conseil d'analyse économique (CAE) préconisent un fléchage plus ciblé, des brevets « moins rigides », un patrimoine donné mieux valorisé, une extension des médicaments génériques pour recentrer les budgets publics sur l'innovation et enfin le respect l'engagement UE d'augmenter les financements publics à 1 % du PIB, soit 3 milliards d'euros supplémentaires par an.
Aussi, il lui demande quelles mesures financières urgentes elle compte mettre en place rapidement pour donner les moyens à nos chercheurs, à nos laboratoires, à nos entreprises pharmaceutiques et à nos futurs étudiants les moyens de redevenir des référents mondiaux et à faire avancer le progrès médical.
Cette question n'a pas encore de réponse.
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