M. Jacques Grosperrin. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, le bilan de la délinquance en 2019 est mauvais : tous les indicateurs publiés discrètement par le ministère de l'intérieur sont au rouge. Il est loin le temps où le ministre présentait les résultats de son action devant la presse !
À la lecture des chiffres, on comprend cette humilité nouvelle : comme en 2018, les coups et blessures volontaires ont enregistré une forte hausse ; les violences sexuelles explosent – après une année 2018 catastrophique, elles augmentent encore de 12 % ; le nombre d'homicides a crû de 8,5 %, les vols sans violence de 3 % et les escroqueries de 11 %.
La police de sécurité du quotidien n'a pas inversé la tendance. Dans mon département, voilà deux ans, le ministre de l'intérieur était venu installer la police de sécurité du quotidien dans le quartier de Planoise, à Besançon. Nous allions voir ce que nous allions voir, le Gouvernement avait trouvé la solution, nous disait-on.
Ce que nous avons vu, avec un commissariat ouvert à dix heures et fermé à dix-sept heures, ce sont des tirs de balles journaliers, huit blessés à ce jour, une fourrière incendiée avec plus de 160 véhicules, une grande surface hors d'état… La réponse pénale est si faible qu'elle assume une forme d'impunité désespérant trop souvent les forces de police.
Pensez-vous, monsieur le Premier ministre que la politique annoncée et assumée par la garde des sceaux qui consiste à réduire le recours à l'incarcération soit une réponse adéquate ? Jusqu'où votre politique en matière de sécurité va-t-elle nous emmener ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, on peut tout faire dire aux chiffres. Il faut les regarder dans la tendance.
Toutefois, vous avez raison : les indicateurs sont en partie mauvais et je l'assume parfaitement. C'est le résultat d'une société qui connaît des désordres et des violences, notamment en matière d'atteintes aux personnes qui ne cessent de progresser, année après année, depuis plus de dix ans.
À l'inverse, vous auriez pu mentionner les progrès concernant la délinquance du quotidien : les vols de véhicules et les cambriolages sont en baisse significative depuis trois ans. C'est important, même si ce n'est pas suffisant.
Nous devons mener un combat inlassable sur ces sujets. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé un programme de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires. C'est la raison pour laquelle, dans 47 quartiers de reconquête républicaine (QRR), nous mettons en place des moyens spécifiques. C'est la raison pour laquelle, parce qu'il faut avoir confiance dans notre police, mais aussi parce qu'il faut lui donner les moyens d'agir, j'ai engagé un programme de paiement des heures supplémentaires dont certaines remontent à 2005. C'est aussi la raison pour laquelle nous expérimentons de nouveaux cycles d'horaires de travail, pour plus de présence sur le terrain.
Monsieur le sénateur, l'installation du QRR de la Planoise ne date pas d'il y a deux ans. C'est moi qui l'ai installé, avec seize policiers supplémentaires mobilisés sur le terrain. Ce dispositif porte ses fruits, notamment en matière de démantèlement de trafics de drogues, ce qui provoque aussi, comme vous l'avez souligné, une réaction des trafiquants et une violence supplémentaire, une violence insupportable.
Laurent Nunez se rendra vendredi matin dans le quartier de la Planoise pour travailler avec l'ensemble des acteurs, et notamment avec vous. Nous menons ce combat de manière déterminée pour faire en sorte que chaque mètre carré de la Planoise, de Besançon et de l'ensemble du territoire national soit mieux sécurisé. C'est ce que nous devons à l'ensemble des Français, c'est ce que nous devons aussi aux habitants de la Planoise. C'est le sens d'un budget, monsieur le sénateur, qui a augmenté de plus de 1 milliard d'euros depuis 2017 pour la sécurité des Français.
(Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. Jacques Grosperrin, pour la réplique.
M. Jacques Grosperrin. Monsieur le ministre, on ne dit pas « la » Planoise, mais Planoise…
Je vous entends souvent utiliser l'expression « reconquête républicaine ». Toutefois, au regard des statistiques catastrophiques de 2019 qui quantifient objectivement vos tristes résultats en matière de sécurité et des malaises croissants des forces de l'ordre, une remise en cause des choix opérés depuis le début du quinquennat est non seulement une impérieuse nécessité, mais surtout une urgence absolue pour l'autorité de l'État. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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