Mme Florence Lassarade. Ma question porte sur le départ précipité du Gouvernement de la ministre de la santé. Mme Buzyn a démissionné de son poste pour reprendre, au pied levé, la campagne de Benjamin Griveaux, dans les circonstances que l'on sait.
Cette démission intervient au moment où la crise du coronavirus fait son premier mort en France, où la réforme des retraites est quasiment dans l'impasse et où l'hôpital public traverse une crise profonde et durable. Je regrette en particulier que les mesures prises pour le personnel soignant concernent essentiellement les hôpitaux parisiens.
Il y a de l'incompréhension et de l'étonnement, car être ministre du nouveau monde n'empêche visiblement pas de faire campagne pour les élections municipales : vous-même, monsieur le Premier ministre, faites campagne au Havre ; M. Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics, à Tourcoing ; M. Franck Riester, ministre de la culture, à Coulommiers ; Mme Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, dans le quatorzième arrondissement de Paris ; M. Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales, à Vernon ; Mme Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées, à Mont-de-Marsan ; et enfin, M. Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement, à Marchenoir.
(Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. David Assouline. Vous oubliez M. Attal !
Mme Florence Lassarade. Doit-on comprendre que, dans le nouveau monde, on peut être ministre à temps partiel et se présenter à une élection tout en annonçant à l'avance que l'on ne siégera pas comme maire ?
Dans ce contexte, la démission de la ministre de la santé s'apparente encore plus à une désertion. Pour quelles raisons Mme Buzyn a-t-elle été obligée de démissionner du Gouvernement pour faire campagne à Paris ?
(Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice, au nom de la majorité à laquelle j'appartiens, je vous remercie d'avoir cité les nombreuses villes dans lesquelles nous présentons des candidats de très grande qualité qui porteront nos couleurs à l'occasion des élections municipales.
(Applaudissements sur les travées du groupe LaREM. – Rires et exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
On aurait pu me reprocher de le faire, mais comme cela vient de vous, je ne peux, encore une fois, que vous en remercier.
(Mêmes mouvements.)
Je vous remercie également, madame la sénatrice, de l'émotion qui transparaît dans votre question à l'idée qu'une grande ministre de la santé comme Agnès Buzyn ait pu quitter son ministère. À entendre vos regrets, j'imagine que vous étiez particulièrement favorable à la politique qu'elle a conduite.
Je vais, à mon tour, assurer la promotion de son action, parce qu'elle le mérite.
Mme Buzyn a mis en place le reste à charge zéro en seulement deux ans dans notre pays : 70 000 Français ont déjà pu profiter d'un équipement d'audioprothèse et plus de 2,5 millions de nos concitoyens de soins dentaires sans aucun reste à charge.
(Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Buzyn a également élaboré un plan pauvreté, en passe d'être décliné sur tout le territoire avec le soutien incommensurable des secrétaires d'État Christelle Dubos et Adrien Taquet, qui permet notamment aux enfants de se nourrir correctement à l'école avec la cantine à bas prix et le petit-déjeuner gratuit.
L'action de Mme Buzyn en matière de politique sociale était particulièrement ambitieuse pour notre pays. Je pense aussi à l'action « 1 000 premiers jours » pour la famille, portée par Adrien Taquet.
(Protestations et huées sur les travées du groupe Les Républicains.)
C'est encore un plan d'investissement sans pareil pour l'hôpital public : 150 millions d'euros d'investissement distribués dans les différents hôpitaux et reprise de la dette hospitalière de 10 milliards d'euros dont tout le monde aurait rêvé, sur toutes les travées de cette assemblée sénatoriale. Et encore, et encore…
(Mêmes mouvements.)
Soyez rassurés, en tant que ministre de la santé et des solidarités, je suis prêt à assurer la relève, à poursuivre l'action remarquable qu'elle a engagée dans le pays. Encore une fois, madame la sénatrice, merci.
(Huées sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et sur des travées du groupe RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour la réplique.
Mme Florence Lassarade. Monsieur le ministre, vous avez vite appris : vous n'avez pas répondu à ma question ! (Rires et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe SOCR.)
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