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Olivier Cigolotti
Question d'actualité au gouvernement N° 1206 au Ministère de l'europe


Crise migratoire aux frontières de la Grèce

Question soumise le 5 mars 2020

M. Olivier Cigolotti. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, vendredi dernier, le président Erdogan a pris la décision d'ouvrir les frontières de son pays aux exilés en route vers l'Union européenne, violant ainsi les accords de Genève conclus en 2016.

La Turquie, qui accueille près de 4 millions de migrants sur son sol, affirme ne pas être en mesure de faire face à un nouvel afflux de réfugiés syriens, afflux provoqué d'ailleurs par ses propres offensives militaires en Syrie, au travers de l'opération « Bouclier de printemps », menée dans la région d'Idlib.

Ankara a également accusé l'Union européenne d'avoir failli à ses obligations, notamment financières, découlant des accords de 2016.

Il semble toutefois que nous ayons nous-mêmes fourni cette arme au président Erdogan, en le laissant libre de s'en servir à tout moment contre l'Europe. C'est bel et bien du chantage !

Durant le week-end, plus de 24 000 tentatives d'entrées illégales ont été évitées et quelque 200 personnes ont été arrêtées, selon le gouvernement grec. De fait, de vives tensions ont éclaté avec les gardes-frontières.

Plusieurs embarcations pneumatiques transportant des migrants sont également arrivées sur les îles de la mer Égée, où les populations locales ont violemment tenté de les empêcher de débarquer. La situation est explosive et peut facilement dégénérer.

Certes, l'Union européenne s'est rapidement mobilisée. Frontex a déployé des renforts à la frontière gréco-turque et a activé la procédure de mise à disposition de moyens par les États membres.

De plus, la présidente de la Commission, Mme Ursula von der Leyen, a promis hier à la Grèce « toute l'aide nécessaire », notamment une enveloppe de 700 millions d'euros, dont la moitié sera mise à disposition immédiatement pour gérer cette vague migratoire.

Monsieur le ministre, l'Europe est-elle prête à faire face à une nouvelle crise des réfugiés ? Comment le Gouvernement entend-il agir pour apaiser ces tensions ?
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Réponse émise le 5 mars 2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, différentes questions ayant été posées sur le sujet, je vous livrerai une réponse complète en plusieurs temps.

La crise que connaît actuellement le nord-ouest de la Syrie est dramatique. On se dirige vers un véritable cataclysme. Cette crise a une cause : la rupture des accords de Sotchi, qui prévoyaient que les environs d'Idlib, peuplés de trois millions d'habitants, soient considérés comme une zone de désescalade, afin que les groupes terroristes, nombreux, qui s'y trouvent soient démantelés et afin que la population puisse y vivre normalement, même si elle compte une bonne part de réfugiés.

La Turquie en avait la responsabilité, d'où la situation conflictuelle actuelle entre le régime syrien, qui a engagé une reconquête territoriale, et les forces turques présentes dans cette zone.

Ce conflit entraîne une catastrophe humanitaire, de même qu'un comportement inacceptable de la part de la Turquie, qui, pour satisfaire des objectifs internes et externes, notamment pour faire pression sur l'Union européenne, a décidé d'instrumentaliser les migrants qui se trouvaient depuis longtemps sur son propre territoire.

Cette prise d'otages n'est pas acceptable et doit être combattue.

Nos initiatives sont doubles. D'une part, nous agissons auprès de la Russie pour en revenir aux accords de Sotchi – la rencontre entre les présidents Poutine et Erdogan permettra peut-être d'atteindre ce résultat. D'autre part, nous exprimons notre totale solidarité avec la Grèce. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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