M. le président. La parole est à Mme Évelyne Perrot, pour le groupe Union Centriste.
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Évelyne Perrot. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail.
Madame la ministre, nous ne mesurons pas encore toutes les incidences de cette crise sanitaire, malgré les aides qui ont été annoncées. Il faut pourtant savoir qu'à cette période de l'année beaucoup de nos jeunes jouent leur avenir professionnel.
Vous affirmez vouloir relancer l'industrie dans notre pays et y faire revenir des activités de fabrication. Voilà plusieurs années que la filière de l'apprentissage rencontre des difficultés de recrutement. Nous devons nous repositionner et ouvrir les portes des centres de formation d'apprentis (CFA) afin de valoriser les métiers manuels, revoir le coût d'un apprenti, reconsidérer la répartition entre temps en CFA et temps en entreprise, communiquer et innover.
Les métiers manuels n'attirent plus, alors que les artisans sont en demande. Ce type de formation ne doit plus être considéré comme une voie de garage lors de l'orientation scolaire. L'éducation nationale a un rôle immense à jouer pour que le collège oriente davantage vers les métiers manuels.
Nos artisans ont façonné notre patrimoine, qu'il soit bâti, culinaire ou créatif. Pourtant, leurs métiers perdent peu à peu de leur attractivité, malgré les efforts des CFA et autres structures de formation. Nous devons revaloriser les CAP : combien de PME ont été créées par des hommes ou des femmes ne possédant que ce diplôme ? N'oublions pas que l'artisanat est la plus grande entreprise de France !
Cette crise a mis en difficulté toute notre économie. Les centres de formation s'inquiètent pour l'avenir : les entreprises seront-elles au rendez-vous ? Vous avez pris des mesures importantes pour inciter les chefs d'entreprise à embaucher des apprentis ; je vous en remercie. Le Gouvernement va-t-il aider l'artisanat à retrouver la place qu'il mérite et développer les valeurs de l'apprentissage afin d'attirer les élèves vers des études manuelles ?
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail.
Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail. Madame la sénatrice Évelyne Perrot, nous partageons une conviction : l'apprentissage est une voie d'excellence et d'avenir, tant vers l'emploi salarié que vers l'entrepreneuriat. Ainsi, la moitié des artisans ont été un jour apprentis et un tiers des jeunes ayant suivi cette filière créent ou reprennent une entreprise.
C'est pourquoi nous avons engagé toutes nos forces dans la réforme de l'apprentissage. Avec près de 500 000 apprentis en février, soit une augmentation de 16 %, des chiffres historiques, que l'on n'avait jamais connus en France, on pouvait parler d'engouement, y compris du côté des jeunes.
M. Bruno Retailleau. Grâce aux régions, pas à l'État !
Mme Muriel Pénicaud, ministre. La bonne nouvelle dans les difficultés actuelles, c'est que le ministre de l'éducation nationale, la ministre de l'enseignement supérieur et moi-même avons inclus l'apprentissage dans Affelnet et Parcoursup. C'est une première, et l'on constate une demande très forte des jeunes.
Le ministre de l'éducation nationale a en outre changé les règles pour le collège en mettant sur le même plan toutes les filières, ce qui joue beaucoup sur le conseil aux parents et aux jeunes.
Il ne faut pas perdre la dynamique enclenchée grâce à la réforme, à un moment où toute une jeunesse craint pour son avenir. C'est dans cette optique que nous avons instauré la prime à l'embauche en apprentissage et maintenu le cocontrat pendant toute la crise pour les centres de formation d'apprentis, financé des développeurs de l'apprentissage, permis aux jeunes en situation de handicap d'entrer en apprentissage.
Depuis quelques jours, grâce à une plateforme commune, nous connaissons nominativement tous les jeunes qui veulent entrer en apprentissage et nous allons pouvoir, avec les recteurs, les préfets et les organisations professionnelles, vérifier tous les mois, à l'échelon départemental, que chaque jeune voulant entrer en apprentissage a une chance.
Parmi les mesures que nous avons prises de façon très rapide voilà quelques jours, nous avons aussi décidé qu'un centre de formation d'apprentis pourra accueillir jusqu'à six mois un jeune désirant entrer en apprentissage sans avoir encore tout à fait acquis les codes de l'entreprise ou trouvé de contrat d'apprentissage.
Dans notre démarche pour l'emploi des jeunes, qui fait l'objet d'une concertation avec les partenaires sociaux, l'une des grandes priorités sera l'apprentissage. Nous avions réussi, il faut continuer pour notre jeunesse. (M. François Patriat applaudit.)
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