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Marie-Noëlle Schoeller
Question d'actualité au gouvernement N° 1398 au Ministère des solidarités


Situation des personnes âgées pendant le confinement

Question soumise le 2 juillet 2020

M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Schoeller, pour le groupe socialiste et républicain. Je salue sa première prise de parole dans notre hémicycle !
(Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

Mme Marie-Noëlle Schoeller. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Monsieur le ministre, en 2003, le pays mesurait la part, le poids et la gravité de l'isolement dans la surmortalité de nos anciens. Il y eut un plan canicule.

En 2020, la pandémie induit des mesures drastiques de sécurité sanitaire : nos aînés sont, où qu'ils soient, isolés et même mis sous cloche. S'il était impératif de les protéger, comme les soignants, d'un virus pernicieux, convenait-il de le faire au détriment de toute humanité, au point d'oublier les enseignements de 2003 ?

Dans les structures médico-sociales, dès le 7 mars, il n'y a plus eu ni visites, ni journaux, ni livres, ni animations partagées, ni repas en commun ; la kinésithérapie a été réduite, les vêtements personnels parfois retirés. Reste le téléphone, pour qui n'est pas sourd, et Skype, s'il est du personnel pour assurer les liaisons…

En ville, l'aide à domicile se concentre sur les plus dépendants. Pour les autres, la solitude devient abandon : plus d'aide-ménagère, de visites, de kiné. Les accueils de jour sont fermés : tout s'arrête, et les repas sont déposés sur le seuil de la porte.

Tous les personnels ont fait le maximum pour que, en l'absence des familles, nos anciens soient entourés – sans protection d'abord, car oubliés du système, et sans les nécessaires renforts de personnel.

Reste que le coût humain est lourd : privés, sans le comprendre, de la présence de leurs proches, certains se sont laissés mourir de chagrin et d'ennui ; d'autres subissent des pertes irréversibles d'autonomie, sur le plan de la motricité – faute d'entraînement physique – ou de la mémoire – faute de repères et de stimulation. De vieux couples ont attendu trois mois pour se voir. Des familles ont eu la douleur d'enterrer leur mort à la sauvette, sans un dernier regard…

Monsieur le ministre, envisagez-vous d'établir pour l'avenir un plan Pandémie qui prenne mieux en compte les aînés et leurs proches ?
(Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

Réponse émise le 2 juillet 2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé.

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice, les personnes âgées constituent un public particulièrement fragile et vulnérable, à plus forte raison pendant la crise. De fait, l'âge est un facteur aggravant face au virus : en France, plus de neuf personnes sur dix décédées du covid étaient âgées de plus de 65 ans.

Notre responsabilité était donc de protéger les personnes les plus âgées.

Pour celles qui sont à domicile, nous avons enclenché le plan, fondé sur des registres, créé à la suite de la canicule de 2003. Ce plan, auquel vous avez fait référence, repose sur les communes et les associations, mais nous sommes allés plus loin en croisant ces fichiers avec les données des départements, notamment pour les bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie et de la prestation de compensation du handicap. Ainsi, nous avons été chercher les personnes les plus isolées, que certaines mairies ne pouvaient pas connaître.

Nous avons aussi renforcé le numéro vert de la Croix-Rouge, à destination des personnes isolées et âgées vivant chez elles, pour que cet isolement et cette rupture soient vécus avec le moins de difficultés possible et laissent le moins de traces possible.

Par ailleurs, nous avons engagé 30 000 jeunes en service civique à destination des personnes en établissement – Ehpad ou foyer résidence – et à domicile. Dans le même temps, 300 000 bénévoles se sont mobilisés sur la plateforme « jeveuxaider.gouv.fr ».

Je ne puis donc pas vous laisser dire, madame la sénatrice, que nous n'aurions rien fait !

Oui, nous avons été obligés de prendre des décisions difficiles, quand il a fallu isoler les personnes en établissement, pour les protéger. Nous avons émis des recommandations sanitaires au niveau national, que chaque établissement a adaptées, dans le cadre d'une concertation avec les équipes soignantes, en fonction des besoins et de la situation de chaque personne, atteinte ou non du covid.

Notre objectif était d'apporter une réponse circonstanciée en fonction d'éléments circonstanciés, tout en ayant le souci de protéger les plus âgés d'entre nous.
(M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Schoeller, pour la réplique.

Mme Marie-Noëlle Schoeller. Madame la secrétaire d'État, les situations que j'ai décrites sont du vécu, de l'observation de terrain, au moins dans mon territoire. Avec davantage d'équipements de protection, sans doute aurait-on pu faire beaucoup mieux avec les bénévoles dont vous avez parlé ! (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR et sur des travées du groupe CRCE.)

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