M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Bruno Retailleau. En France, aujourd'hui, on peut être décapité seulement pour avoir donné un cours d'instruction civique sur la liberté d'expression. En France, aujourd'hui, des fatwas sont lancées et la charia immédiatement exécutée. Mais, cette fois, quelque chose a changé. Les Français sont passés presque instantanément d'un état de sidération à un état de colère ; ils demandent des comptes, ils exigent des résultats, tout simplement parce qu'ils sentent confusément, mais indéniablement, que nous sommes en train de perdre le combat contre le totalitarisme islamiste.
M. Roger Karoutchi. Eh oui !
M. Bruno Retailleau. Faute de courage souvent ! Faute aussi de mener un combat global contre l'islamisme sous toutes ses formes, violentes ou rampantes ! Faute enfin de mener un combat global contre le désordre migratoire – l'un des terreaux de l'islamisme –, qui est un défi et un obstacle à l'assimilation de nos valeurs républicaines !
Monsieur le Premier ministre, êtes-vous prêt à mener ce combat, qui doit être global ? Vous nous parlez d'un texte qui nous arrivera dans cinq mois, en février. Ce texte comportera-t-il, oui ou non, des mesures pour remédier à ce désordre migratoire ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe INDEP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président Retailleau, vous avez dit, à juste titre, que les Français ont été sidérés, qu'ils sont en colère. Je crois que nous le sommes toutes et tous, il n'y a pas de doute là-dessus, mais le Gouvernement de la République que j'ai l'honneur de diriger n'est pas simplement sidéré ou en colère, il est déterminé et à la manœuvre – je le répète, le Gouvernement est déterminé et à la manœuvre !
Mme Françoise Gatel. Très bien !
M. Jean Castex, Premier ministre. Certains semblent s'interroger sur notre prétendue inefficacité. C'est sans doute dans la nature du débat démocratique et, bien entendu, je l'accepte, mais je le regrette aussi, car vous mesurez bien que les choses sont difficiles et que ceux qui combattent la République ont justement comme objectif, je le redis, de faire éclater la communauté nationale – n'en doutez pas un seul instant ! Or nous agissons, notamment en matière de renseignement, et le ministre de l'intérieur pourra y revenir.
Vous avez parlé d'immigration, mais je veux rappeler à chacune et à chacun d'entre vous que de tels actes peuvent être commis par des personnes étrangères comme, malheureusement, par des citoyens de la République – c'est un fait, les chiffres le montrent.
Mme Sophie Primas. Là, c'est un Tchétchène !
M. Jean Castex, Premier ministre. C'est pourquoi notre action est tous azimuts, notamment pour identifier ces personnes et les empêcher de passer à l'acte. Nous avons considérablement renforcé nos capacités de renseignement, nous allons nous attaquer encore plus fort aux effecteurs, comme je l'ai dit précédemment, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires. Nous n'avons aucune hésitation, sachez-le, et notre main, la mienne en particulier, n'a jamais tremblé et ne tremblera pas !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour la réplique.
M. Bruno Retailleau. Monsieur le Premier ministre, c'est votre gouvernement qui fait le lien entre l'islamisme, le terrorisme et l'immigration (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.), puisque les premières annonces du ministre de l'intérieur concernaient des expulsions d'étrangers en situation irrégulière.
(Eh oui ! sur des travées du groupe Les Républicains.)
Ce que nous vous demandons, c'est d'avoir le courage de réarmer la République. Nous vous demandons aussi de faire aimer la France. Ne cédez pas à la tentation, si française, de la pénitence perpétuelle ! (Exclamations sur des travées du groupe SER.) Il faut faire aimer la France. Ne désignez pas la France comme une coupable perpétuelle. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.) Ne faites pas comme le Président de la République, qui a déclaré que la France était coupable de crimes contre l'humanité, le pire des crimes !
Monsieur le Premier ministre, il faut réarmer la République et faire aimer la France. Relevons ensemble l'étendard de nos couleurs et de nos valeurs ! Relevons ensemble l'étendard de la fierté française ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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