M. le président. La parole est à M. Alain Milon, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Alain Milon. Ma question s'adresse à M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé.
La situation épidémique de notre pays est inquiétante. L'augmentation de la circulation du virus est désormais exponentielle. Nous sommes dans la deuxième vague, et nous nous apprêtons à vivre, malheureusement, le remake de la précédente.
La première vague a été celle de l'improvisation : ni masque, ni gel hydroalcoolique, ni blouses ; pénurie de médicaments, injonctions à répétition du Gouvernement, dans un sens puis dans l'autre ; d'inutile, le port du masque est devenu obligatoire sous peine de sanctions ; les faux pas et le pilotage à vue des pouvoirs publics se sont succédé. Aux discours contradictoires de l'exécutif, se sont malheureusement ajoutés ceux, tout aussi contradictoires, des scientifiques, éblouis pour certains par les feux de la rampe.
La seconde vague est celle de l'impréparation. Elle avait pourtant été annoncée, dès le mois de juillet, par le Conseil scientifique. Le professeur Jean-François Delfraissy avait plusieurs fois lancé des mises en garde. Il dit lui-même ne pas avoir été écouté.
Par ailleurs, nous apprenons par la presse que le général Lizurey, missionné par le Premier ministre en avril dernier, a proposé vingt et une solutions pour mieux gérer la crise sanitaire. Le minimum aurait été d'en informer le Parlement ou, au moins, la commission d'enquête, ce qui n'a pas été le cas.
Le répit laissé par le virus, cet été, aurait dû être mis à profit pour mieux nous préparer. Il n'en a rien été. On a laissé les Français se faire tester en masse, pour faire du chiffre, sans stratégie, ce qui a embolisé le système avec des résultats qui mettaient parfois plus d'une semaine à arriver. Si l'on a beaucoup parlé des brigades sanitaires, peu les ont vues.
Pourquoi ne pas avoir mis à profit ce mois d'été pour préparer l'ouverture de lits de réanimation supplémentaires ? Vous en avez annoncé 12 000 le 27 août dernier ; il n'y en a que 5 700, dont 5 000 sont opérationnels.
Pourquoi ne pas avoir, cet été, formé…
M. le président. Veuillez poser votre question !
M. Alain Milon. … des étudiants, des aides-soignants, des infirmiers, des internes pour venir en renfort dans les services de réanimation en tant que de besoin ?
Ma question, monsieur le ministre, est simple : espérez-vous sortir un jour la France de cette crise ?
(Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le président Milon, pour ce qui concerne, d'abord, l'état de préparation, cet été, plusieurs milliers de soignants ont été formés, non pas par le Gouvernement ni par vous, d'ailleurs (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), mais par les hôpitaux, les facultés, les régions, dont l'action a été déterminante, augmentant les capacités de formation exprès de plusieurs milliers de soignants pour qu'ils puissent participer aux soins dans les services de réanimation.
Cet été, 15 % de lits de réanimation supplémentaires ont été ouverts de façon pérenne dans notre pays. Vous pouvez considérer que c'est peu, mais, pour les hôpitaux qui ont fait cet effort en trois mois, je peux vous garantir que c'est beaucoup !
Monsieur le sénateur Milon, vos chiffres datent : c'était avant-hier qu'il y avait 5 700 lits. Hier, il y en avait 6 400 lits, et, bientôt, leur nombre va monter à 7 500. Pourquoi cette montée progressive ? Bien évidemment, si nous déprogrammions tous les soins d'un coup, le nombre de lits passerait tout de suite à 10 000 ou 11 000, mais, d'une part, ces lits ne seraient pas utilisés aujourd'hui par des malades de la covid, et, d'autre part, des soins utiles pour les Français seraient retardés. Et vous me demanderiez alors, à raison, pourquoi l'on ne soigne pas les Français alors que des lits sont inoccupés !
Monsieur le sénateur, croyez-moi, nous ne testons pas à vide : 1,9 million de tests sont réalisés chaque semaine dans notre pays, avec un taux de positivité de plus de 17 %. Au reste, je me souviens que l'on m'a demandé ici, lors de précédents débats, pourquoi on ne testait pas la population asymptomatique tous azimuts.
Par ailleurs, 100 000 appels sont passés chaque jour par les agences régionales de santé (ARS) et l'assurance maladie auprès des personnes mises à l'abri en raison de la covid.
Quant à savoir qui avait raison et qui avait tort sur la deuxième vague, je rappelle que, lors de l'une de mes dernières interventions dans cet hémicycle, voilà quelques jours – je laisse les Français qui regardent Public Sénat le vérifier ; M. le rapporteur Bas s'en souvient, parce qu'il était d'accord avec moi –, j'ai demandé aux sénateurs de droite et de gauche de ne pas voter, en responsabilité, un amendement, soutenu par tous les groupes, visant à empêcher le Gouvernement de fermer des établissements recevant du public. L'adoption de cet amendement aurait, de fait, autorisé la réouverture des discothèques à Marseille, des restaurants à Lyon ou encore des bars à Saint-Étienne, à telle enseigne qu'une seconde délibération a été demandée dans l'urgence par les sénateurs, voyant l'erreur qui avait été commise.
(Marques d'approbation sur les travées du groupe RDPI.)
Plusieurs sénateurs du groupe SER. C'est faux !
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Menteur !
M. Olivier Véran, ministre. Alors, s'il vous plaît, pas de leçons ! (Huées sur des travées du groupe Les Républicains.)
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