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Pierre-Jean Verzelen
Question d'actualité au gouvernement N° 1497 au Premier Ministre


Petits commerces pendant la crise sanitaire

Question soumise le 5 novembre 2020

M. le président. La parole est à M. Pierre-Jean Verzelen, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires.
(Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Pierre-Jean Verzelen. Il n'y a pas des élus qui sont responsables et d'autres qui ne le sont pas.

Dans cet hémicycle, nous savons que gouverner dans la période actuelle n'est pas facile. Et nous réaffirmons que, aujourd'hui, la santé publique, celle des Français, est une priorité absolue.

Le Président de la République a annoncé la semaine dernière un reconfinement, que nous pouvons qualifier de partiel. Les écoles, les collèges et les lycées sont ouverts ; certains commerces, les grandes surfaces, les GAFA et les grands groupes qui livrent les foyers travaillent, tandis que d'autres sont fermés.

Nous le constatons, cela crée, dans le pays, de nombreuses incompréhensions, qui sont légitimes. Voici donc mon conseil : sortez de cette notion de « produits de première nécessité ». Si vous mettez le doigt là-dedans, vous n'en sortirez jamais ! Tous les jours apparaîtront de nouveaux produits de première nécessité, forts d'arguments tenant la route.

La boussole, ce doit être la sécurité sanitaire. On peut rouvrir si la sécurité sanitaire est respectée. On ne le peut pas si elle est impossible. On rouvre partiellement dans d'autres cas de figure. Certains commerces rouvriront, d'autres fonctionneront seulement à la marge, d'autres encore feront des livraisons.

Vous avez le devoir d'apporter à ces commerçants et indépendants la visibilité, le soutien, la confiance et l'accompagnement qu'ils méritent et que nous leur devons.
(Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

Réponse émise le 5 novembre 2020

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Marques de satisfaction sur les travées des groupes SER et Les Républicains.)

M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Verzelen, je souhaite intervenir à ce stade de la séance pour préciser de nouveau la stratégie du Gouvernement, bien que je l'aie déjà fait, ici même, jeudi dernier. Et je vous demande, mesdames, messieurs les sénateurs, que nous nous écoutions les uns les autres – la situation, par sa gravité, le mérite.

Je me suis rendu hier soir, avec le ministre de la santé (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), au Centre hospitalier sud francilien, à Corbeil-Essonnes, que beaucoup d'entre vous connaissent.

Mme Laurence Rossignol. Nous y allons aussi !

M. Jean Castex, Premier ministre. Je vous assure que ce que j'y ai vu et entendu de la bouche des soignants témoigne de la gravité de la situation sanitaire.

Mme Laurence Rossignol. Cela fait trois semaines qu'ils vous le disent !

M. Jean Castex, Premier ministre. La prise en compte de cette situation est le préalable à toutes les décisions et à tous les débats que ces dernières suscitent légitimement.

Hier encore, plus de 430 personnes sont mortes en France. Cette maladie touche toutes les tranches d'âge, et personne n'est à l'abri.

Mme Laurence Rossignol. Nous savons tout cela !

M. Jean Castex, Premier ministre. J'ai vu, hier, en réanimation, deux patients âgés l'un de 27 ans et l'autre de 33 ans.
(M. Laurent Duplomb s'exclame.)

Je l'ai expliqué et réexpliqué, on doit naviguer à vue dans tous les pays, et partout le déconfinement a conduit à des mesures de freinage très lourdes, voire à des reconfinements.

Au-delà des polémiques politiciennes, la vérité est que la deuxième vague de l'épidémie est là et qu'elle est arrivée beaucoup plus vite et beaucoup plus fortement que ce quiconque pouvait imaginer. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) C'est ce constat qui nous conduit à amplifier les mesures que nous avons prises en instaurant un reconfinement.

Je vous en rappelle la logique. Au contraire du déconfinement, qui signifie que l'on est libre de sortir, tous les lieux où l'on peut se rendre étant entourés de protocoles sanitaires, le confinement vise à maintenir le maximum de gens chez eux, pour éviter les flux et interactions propices à la propagation épidémique.

Oui, il s'agit, comme vous l'avez dit, d'un reconfinement adapté. Nous vous avons écouté ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous avons tiré les conséquences du premier confinement.

Je vous rappelle que, lors du premier confinement, l'on pouvait déjà aller travailler et prendre les transports en commun pour cela ; il n'y a rien de nouveau ! (Exclamations sur les mêmes travées.) Nous avions alors fermé tous les établissements scolaires.

Or cette décision a emporté des conséquences extrêmement préjudiciables, notamment pour nos enfants. Des études scientifiques, à commencer par celle de la très sérieuse Société française de pédiatrie, nous ont conseillé de ne surtout pas reconfiner les enfants, et nous les avons suivies. Nous avons donc moins confiné que lors de la première étape.

Une autre exception au précédent confinement était la possibilité de sortir le soir pour se procurer des produits de première nécessité et pour manger. Nous l'avons maintenue, car l'on nous a dit que cette question avait peu émergé lors de la première phase. Toutes les grandes surfaces et tous leurs rayons étaient alors restés ouverts. C'était déjà inégalitaire !
(Mme Cécile Cukierman s'exclame.)

M. Laurent Duplomb. C'est sûr !

M. Jean Castex, Premier ministre. Nous en avons tiré des conséquences adaptées et cohérentes, car, en fermant des rayons dans les grandes surfaces, nous allons limiter les flux et les occasions de sortie. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je le répète : le confinement consiste à rester chez soi le plus possible.

Doit-on accompagner tous ces secteurs que nous fermons, qui n'y peuvent rien et qui ne demandent qu'à travailler ? Oui ! C'est un crève-cœur, et nous devons les indemniser.

M. Laurent Duplomb. Avec quelle dette ?

M. Jean Castex, Premier ministre. Vous l'avez d'ailleurs reconnu : y a-t-il un pays, en Europe, qui soutient mieux son économie que la France ?

Mme Patricia Schillinger. Non !

M. Jean Castex, Premier ministre. Y a-t-il un pays qui accompagne mieux les secteurs qui sont fermés par nécessité sanitaire ?

M. André Gattolin. Non !

M. Jean Castex, Premier ministre. Ce matin, le conseil des ministres a adopté un quatrième projet de loi de finances rectificative, qui comportera toutes les mesures de soutien que Cédric O a décrites. J'espère que vous le voterez.

Nous recevons ces commerçants et nous préparons l'échéance du 12 novembre, mais celle-ci ne pourra être tenue que si la situation sanitaire est meilleure. Vous le savez, cette décision est prise non pas contre eux, mais pour la santé des Français. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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