Mme Marie-Arlette Carlotti. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
Lors des commémorations du 11 novembre dernier, à Djeddah, la France a été visée par un attentat à l'explosif. Une nouvelle fois, notre pays est attaqué au sein du royaume, alors même que l'Arabie saoudite brigue cette année la présidence du G20, qui se réunira, ce vendredi, de manière digitale.
Au-delà des attaques envers la France, l'ensemble des ONG réclame que les pays membres du G20 mettent l'Arabie saoudite face à ses responsabilités et en finissent avec l'hypocrisie. En effet, en dépit des campagnes de communication menées par le royaume, l'Arabie saoudite continue les détentions arbitraires des militants des droits de l'homme : l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, par exemple, reste impuni à ce jour.
De même, la militante féministe Loujain Al-Hathloul est détenue depuis 2018, arrêtée alors qu'elle participait – écoutez-moi bien, mes chers collègues ! – à une campagne en faveur des droits des femmes… Autant dire que c'était une terroriste ! Emprisonnée sans perspective de procès équitable, elle fait aujourd'hui la grève de la faim.
D'autres femmes sont torturées à l'électricité ou à coups de fouet ou subissent des sévices sexuels pour avoir demandé la fin du système patriarcal. Toutes sont réprimées pour « menaces à la stabilité du pays » : en Arabie Saoudite, le féminisme est qualifié « d'extrémisme ». Mais c'est du droit des femmes qu'il s'agit, de celui d'aller et de venir, de travailler, d'être libre, tout simplement. La France ne peut tolérer cela !
Dans ce contexte de violations répétées des droits de l'homme en Arabie saoudite, quelle sera la position de la France lors du G20 ?
Vous n'en avez, à ce jour, pris aucune. Or le G20 est l'occasion de montrer au monde que la France est toujours capable de défendre les libertés fondamentales. Monsieur le secrétaire d'État, allez-vous prendre vos responsabilités et mettre l'Arabie saoudite devant les siennes ?
(Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie.
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie. Madame Carlotti, vous avez évoqué les deux attentats de Jeddah : l'attaque qui a visé l'un des gardiens de l'emprise consulaire et l'attentat à l'explosif qui a eu lieu lors de la commémoration du 11 novembre dernier, en présence du consul général et d'autres consuls.
Bien évidemment, nous avons suivi la situation minute par minute. J'ai pu m'entretenir avec les conseillers des Français établis hors de France, ainsi qu'avec notre consul. Le gouverneur et les autorités saoudiennes ont condamné ces attaques. (Marques d'impatience sur les travées des groupes SER et CRCE.) Le premier assaillant a été appréhendé, et nous sommes en contact avec les différentes instances policières pour avancer sur ce dossier.
En ce qui concerne la sécurité des Français établis hors de France…
(Exclamations sur les travées des groupes SER et CRCE.)
Mme Marie-Arlette Carlotti. Ce n'est pas la question !
Mme Laurence Rossignol. Vous êtes interrogé sur l'Arabie Saoudite !
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. Je répondrai ensuite sur ce point, mesdames, messieurs les sénateurs !
La sécurité des 3 millions de Français établis hors de France, donc, est un sujet majeur. Tous les conseils de sécurité se sont réunis ou vont se réunir. Nous portons la plus grande attention à renforcer les dispositifs aux abords de nos écoles, en lien avec les autorités locales.
(Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE.)
Mme Marie-Arlette Carlotti. Ce n'est pas la question !
M. Hussein Bourgi. Vous avez été interrogé sur l'Arabie saoudite !
M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur le secrétaire d'État. Vous aurez même un peu de TVA pour répondre complètement.
(Sourires.)
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. Il me semblait, madame Carlotti, que l'entame de votre question portait bien sur la sécurité de nos compatriotes à l'étranger !
En ce qui concerne l'Arabie saoudite, donc, les choses sont très claires : la France n'a pas son drapeau dans sa poche.
La France est le pays des droits de l'homme. Elle rappelle régulièrement ses exigences à tous les États qui doivent encore progresser sur ces questions. Nous l'avons fait d'ailleurs publiquement lors de la dernière réunion du Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme, à Genève, en signant une résolution en ce sens.
Mme Laurence Cohen. Et les droits des femmes ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. À l'approche du G20, la France continuera de marteler le message universel des droits de l'homme que nous défendons, de même que nous défendons les personnes que vous évoquez.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Huées sur des travées des groupes CRCE et SER.)
Mme Laurence Rossignol. Même pas capable de citer la militante emprisonnée…
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