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Fabien Gay
Question écrite N° 21033 au Ministère des outre-mer.


Reconnaissance par l'État français des dommages de l'utilisation de produits phytosanitaires en Martinique et en Guadeloupe

Question soumise le 25 février 2021

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M. Fabien Gay attire l'attention de M. le ministre des outre-mer sur les conséquences dramatiques de l'utilisation de produits phytosanitaires, dont la toxicité était pour certains connue comme le chlordécone, pour les ouvriers agricoles et leurs familles en Martinique et en Guadeloupe.

En effet, le chlordécone, principe actif de plusieurs marques de produits phytosanitaire, a été utilisé en Martinique et en Guadeloupe sur les plantations de bananes de 1972 à 1993. Or, l'État français est responsable de ne pas avoir interdit l'utilisation de ce produit, dont la toxicité était suspectée dès 1968 par la commission d'étude de la toxicité des produits phytopharmaceutiques, des matières fertilisantes et des supports de culture qui préconisait son interdiction, et connue avec certitude dès 1976 aux États-Unis suite à un accident. Or, ce n'est qu'en 1990 que l'utilisation du chlordécone est interdite en France, avec dérogation d'utilisation pour les Antilles jusqu'en 1993.

L'utilisation de ces produits a entraîné une pollution massive des sols, pour une durée pouvant aller jusqu'à sept siècles, des nappes phréatiques et des rivières. La contamination s'est étendue aux eaux côtières, entraînant des interdictions de pêche et obligeant près de six cent marins pêcheurs martiniquais à aller pêcher au large. Elle est également responsable de pathologies chroniques et létales chez ceux qui y ont été exposés. En effet, la situation sanitaire est aujourd'hui dramatique pour les ouvriers agricoles et leurs familles. On ne compte plus les familles décimées par des cancers, principalement du sein ou de la prostate mais également de l'utérus ou encore des os, les maladies neuro-dégénératives, les insuffisances rénales, les polyarthrites-rhumatoïdes, les cas de prématurité du fait de l'action de perturbateur endocrinien du chlordécone, de stérilité, etc. Plus exactement, on ne les compte pas, puisque les tests de détection des molécules des produits phytosanitaires sont chers, de 72 à 140 euros pour une seule molécule, et ne sont toujours pas remboursés par la sécurité sociale. Les ouvriers agricoles touchent par ailleurs des retraites extrêmement faibles, notamment du fait d'une absence de déclaration sociale des grands propriétaires terriens, et sont donc confrontés à une très grande précarité.

Les quatre plans chlordécone, loin d'apporter réparation et prise en charge, ont complètement laissé de côté les premiers concernés par les effets de ce produit délétère, à savoir les ouvriers agricoles qui les manipulaient ou en subissaient directement les épandages par avion puis par hélicoptère, le tout sans aucun matériel de protection. S'ajoute à cela le fait que le chlordécone n'est pas la seule substance qui a été utilisée, et que des « cocktails » de produits étaient réalisés.

Il souhaite donc que les injustices criantes soient enfin reconnues et leurs effets, assumés, a minima par la prise en charge de tous les frais médicaux des ouvriers agricoles actifs ou retraités, ainsi que de leurs ayant-droits, la revalorisation de leurs retraites, la mise en œuvre d'une campagne de dépistage massive et l'interdiction totale de l'utilisation de produits phytosanitaires et tout autre produit toxique en Guadeloupe et en Martinique en raison de la pollution déjà extrême et de l'exiguïté des territoires.

Réponse

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