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M. Gérard Lahellec attire l'attention de M. le Premier ministre sur la situation de l'emploi que connaît le secteur des télécommunications dans le Trégor costarmoricain et singulièrement dans la zone géographique de Lannion.
Le développement exponentiel de ce secteur imputable à la grande ambition publique, qui a permis à la France de rattraper son retard et de se hisser au premier rang mondial du développement des télécommunications, mérite à ses yeux qu'en soient tirés des enseignements car, depuis plus de 30 ans, les plans sociaux viennent rythmer la vie de ce secteur. Ainsi, l'entreprise française Alcatel, devenue Alcatel-Lucent en 2006 et rachetée en 2015 par Nokia, fait actuellement l'objet de restructurations qui viennent à nouveau contrarier le développement économique et l'emploi.
Ce plan est en vérité la conséquence d'erreurs stratégiques et d'« alliances » ratées. Ainsi, de 1995 à 2006, la société avait déjà fermé plus de la moitié des sites quand dans le même temps Alcatel a délibérément renoncé au marché du téléphone mobile et de l'internet, pourtant en pleine expansion. En 2006, le nouveau groupe fusionné sous le nom d'Alcatel-Lucent, second équipementier télécom mondial, supprime 10 % des effectifs. Deux plans sociaux sont de nouveau mis en œuvre entre 2009 et 2012 et la série se poursuit en avril 2013 puisque le plan Shift « restaure » la rentabilité au prix de 10 000 emplois supprimés dans le monde, dont 700 en France. Enfin, en octobre 2015, Nokia obtient du ministère de l'économie l'accord réglementaire pour l'acquisition de son concurrent Alcatel-Lucent et procède à quatre plans sociaux successifs. Le constat est donc sans appel depuis le début des années 1990 : la stratégie est de faire de l'emploi une variable d'ajustement.
Les systèmes digitaux et la 5g étant des composants indispensables à la souveraineté du pays car la sécurité et la prospérité future sont assurées par les réseaux et infrastructures télécoms, il est nécessaire que la France ait une industrie avec une base nationale forte dans le domaine de la 5G, au vu de ce qu'elle permet en termes de technologies et d'applications.
Il lui semble nécessaire que le Gouvernement crée une alternative à la stratégie de Nokia qui reprendrait les sites et emplois détruits, rassemblant toutes les ressources nationales afin de créer un « nouvel équipementier télécom » permettant à la France d'être indépendante et a fortiori à l'Europe de l'être aussi. Il lui apparaît également que l'État, en régulant l'interopérabilité des systèmes, pourrait contribuer à cultiver une excellence française sans remettre en cause la mondialisation des échanges et les coopérations industrielles.
L'annonce récente de l'installation de Qualcomm sur le site de Lannion et la création de plusieurs emplois dont le nombre n'est cependant pas encore défini peuvent être accueillies positivement.
Le site de Lannion s'est affirmé tout au long de son histoire comme un pôle d'excellence en matière de télécommunications et s'est maintenu malgré un contexte social et industriel pas toujours facile en conservant ses savoir-faire, ses connaissances et ses moyens de production bien réels. À ses yeux, il y a de la place pour ces deux projets : la création d'un nouvel équipementier télécom, possiblement axé sur l'interopérabilité des systèmes, et la nouvelle installation du groupe américain. L'un dans l'autre, ils permettraient le renforcement et la préservation de l'existant tout en donnant un avenir à ce secteur vital de notre économie.
Cette ambition ne pourra être satisfaite que si les pouvoirs publics s'en emparent et la portent.
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