M. le président. La parole est à M. Alain Houpert, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Alain Houpert. Monsieur le Premier ministre, certains étudiants n'ont pas vu un amphi ni un professeur depuis des mois : un sur six a décroché ; un sur trois a des pensées suicidaires. Ils font la queue à la Banque alimentaire !
À ce désespoir, comment avez-vous répondu ? Vous avez inventé le repas à 1 euro : de la bonne conscience pour ne pas regarder la réalité dans les yeux !
M. Jean Castex, Premier ministre. Ah bon ?
M. Alain Houpert. Vous avez produit des chèques-psy pour étudiants en détresse. C'est la stratégie perverse du pompier pyromane éteignant les feux qu'il a lui-même allumés !
(Exclamations sur les travées du groupe RDPI.)
Les étudiants n'ont pas besoin de charité ou de séances sur un divan. Ce qu'ils veulent, c'est retrouver leurs amphis et leurs professeurs.
M. François Patriat. Grâce à la chloroquine ?
M. Alain Houpert. Vous détruisez le présent de notre pays en détruisant son économie. Vous condamnez aussi son avenir en sacrifiant une génération. Cette génération, ce sont les scientifiques, les médecins, les intellectuels, les artistes, les entrepreneurs et les dirigeants de demain.
Enfin, saborder les universités comme vous le faites, c'est condamner cette chance unique pour les jeunes des classes populaires de monter dans l'ascenseur social. Aujourd'hui, l'ascenseur est en panne, et vous avez fermé l'escalier de service !
Vous avez échoué au présent : tentez au moins de sauver l'avenir ! Pouvez-vous prendre aujourd'hui l'engagement de véritables mesures pour permettre à tous les étudiants de retrouver rapidement les chemins des facultés ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Céline Brulin et M. Pierre Ouzoulias applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le sénateur, vous me voyez dans la nécessité de répondre à cette question.
M. Julien Bargeton. C'est trop d'honneur !
M. Jean Castex, Premier ministre. Si j'étais provocateur – mais vous savez que je ne le suis pas –, je vous donnerais une information : nous traversons une crise sanitaire gravissime.
Pas une fois dans votre question vous n'avez cité les mots « covid », « virus » ou « crise sanitaire »,…
M. Julien Bargeton. C'est vrai !
M. Jean Castex, Premier ministre. … laissant à penser – mais personne ici ne l'a cru – que c'est le gouvernement de la République qui serait à l'origine de la situation actuelle.
Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Il n'a pas dit ça !
M. Jean Castex, Premier ministre. Je le concède, les conséquences de cette situation sont totalement dramatiques pour les étudiants et, en effet, pour bon nombre de nos compatriotes.
À l'heure où la circulation virale et le nombre de personnes hospitalisées et en service de réanimation sont extrêmement élevés, à l'heure où des variants se développent – vous connaissez tout cela par cœur, mesdames, messieurs les sénateurs –, à l'heure où la plupart des pays qui nous entourent ont également fermé ou significativement restreint l'accès à leurs établissements d'enseignement supérieur, que proposez-vous ? De les rouvrir massivement ? Ce serait totalement irresponsable ! Ce serait le pire des services à rendre aux étudiants de France !
(Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Albéric de Montgolfier. Facile !
M. Jean Castex, Premier ministre. Bien sûr, nous nous occupons d'eux, et nous le faisons en responsabilité.
Leur donner deux repas à 1 euro par jour dans les Crous, c'est, dites-vous, leur faire l'aumône ? Moi, j'affirme que c'est un honneur ! Car les étudiants y vont, en profitent ; ils en ont besoin ! Ce n'est pas du tout dégradant !
S'occuper de leur santé, y compris de leur santé psychologique, essayer d'organiser, en lien avec la communauté universitaire, le retour extrêmement précautionneux et entouré de toutes les garanties sanitaires dans les conditions que la ministre de l'enseignement supérieur a rappelées, c'est ce qu'il fallait faire. C'est équilibré ! On ne peut pas faire n'importe quoi dans cette crise. Nous devons être prudents. Vous le savez toutes et tous.
Il est inutile de faire croire que le Gouvernement serait à l'origine de la situation. C'est une crise sanitaire ! Il faut tenir un langage de vérité et de responsabilité en même temps qu'un discours et des actions de la plus grande bienveillance à l'égard de la communauté étudiante ; c'est ce que nous faisons !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP, RDSE et UC.)
M. le président. La parole est à M. Alain Houpert, pour la réplique.
M. Alain Houpert. Monsieur le Premier ministre, je suis très heureux que ce soit vous qui ayez répondu à ma question. Je salue l'élu de terrain que vous êtes. Tous les deux, nous avons beaucoup d'humanité, comme tous ici.
Vous avez prononcé le mot « covid ». Dans la course aux vaccins qui a été choisie par votre gouvernement pour sortir de la pandémie, la France vient de déclarer forfait. Au pays de Pasteur, c'est un sacré revers ! (Exclamations sur les travées du groupe RDPI.) Les explications de ce fiasco sont nombreuses, mais, pour ma part, j'en retiens une : la faillite de notre excellence scientifique universitaire.
Le vaccin Pfizer a été développé avec l'université de Mayence (Marques d'impatience sur les travées du groupe RDPI.) et celui d'AstraZeneca avec l'université d'Oxford.
M. le président. Il faut conclure !
M. Alain Houpert. Un gouvernement qui sacrifie sa jeunesse n'a pas d'avenir ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
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