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Jean-Raymond Hugonet
Question d'actualité au gouvernement N° 1647 au Ministère auprès du Ministère de l'économie


Industrie pharmaceutique

Question soumise le 4 février 2021

M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-Raymond Hugonet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Il n'est pas là !

M. Jean-Raymond Hugonet. Elle concerne la politique industrielle de la France, plus spécifiquement deux exemples dans le domaine pharmaceutique, dont les médias se sont fait l'écho et qui doivent nous encourager à agir pour tenter de combler notre retard.

Dans mon département de l'Essonne, à Évry-Courcouronnes, dont le maire, Stéphane Beaudet, est également président de Genopole, l'AFM-Téléthon a créé depuis 2016, avec le concours de l'argent public de Bpifrance, la société Yposkesi. Il s'agit du premier industriel pharmaceutique français dédié à la production de médicaments de thérapies génique et cellulaire pour les maladies rares.

Yposkesi serait aujourd'hui en difficulté financière, et le groupe sud-coréen SK Holdings serait entré en négociations exclusives pour prendre le contrôle de 70 % de son capital.

Parallèlement, le laboratoire nantais Valneva devrait commercialiser à l'automne son propre vaccin contre le coronavirus, mais ces doses tricolores traverseront directement la Manche, Brexit ou pas, pour rallier le Royaume-Uni, car ce sont bel et bien les Britanniques qui ont entièrement financé les essais cliniques de l'entreprise.

À l'heure où, je l'espère, nous avons enfin compris que l'industrie est un élément majeur de notre équilibre économique dans une âpre compétition mondiale, à l'heure où la confusion est totale sur la politique à mener concernant les investissements étrangers vis-à-vis des actifs stratégiques de notre pays, à l'heure où le Président de la République lui-même plaide volontiers pour la reconstruction de la souveraineté sanitaire de la France et de son industrie pharmaceutique, pouvons-nous encore laisser filer une pépite comme Yposkesi – avec laquelle je ne doute pas que vous avez des « discussions nourries » – ou ignorer des acteurs comme Valneva, au moment précis où nous en avons le plus besoin ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Réponse émise le 4 février 2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Monsieur le sénateur Hugonet, vous avez raison de souligner la situation de l'industrie pharmaceutique en France. Quelle est-elle ?

Entre 2005 et 2015, la part de la fabrication de médicaments en France a été divisée par deux. Depuis trois ans et demi, ce gouvernement a refait de la politique industrielle en matière de santé une priorité, en créant un comité stratégique des industries de santé, en élaborant un plan d'action de soixante mesures, déjà réalisé à 80 % l'année dernière, en redonnant la possibilité d'investir dans les médicaments innovants, ce qui n'était pas arrivé depuis vingt ou trente ans. Entre 2003 et 2006, j'étais notamment chargée des conséquences de la tarification à l'activité à l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris, et nous nous battions déjà pour pouvoir administrer à l'hôpital des médicaments innovants !

Nous avons encore beaucoup à faire. Mais, d'ores et déjà, nous accompagnons l'investissement de 600 millions d'euros réalisé par Sanofi dans un site de recherche et de production de vaccins à Marcy-l'Étoile, plutôt qu'à Singapour.

L'appel à projets qu'Olivier Véran et moi-même avons lancé en juin dernier rend également possible aujourd'hui la fabrication en France de trois des quatre vaccins réservés par l'Union européenne à ce stade, grâce au soutien de l'État.

Nous avons désormais tous pris en compte le caractère stratégique de l'industrie pharmaceutique. Nous examinerons le dossier Yposkesi sous l'angle des investissements étrangers en France. Nous avons le droit de bloquer cette acquisition, et je peux vous assurer de l'engagement total du Gouvernement pour reconstituer une recherche et développement et des sites industriels en France. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - M. Bernard Fialaire applaudit également.)

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