M. le président. La parole est à M. Bernard Fournier, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Bernard Fournier. Depuis maintenant huit ans, nos forces armées sont déployées au Sahel. Le courage, l'abnégation et la compétence de nos soldats ont permis d'y remporter de nombreux succès militaires et d'empêcher la constitution d'un sanctuaire islamiste.
Les défis à relever restent cependant considérables. Face à un ennemi toujours dangereux et en perpétuelle mutation, nos armées devront en permanence adapter leur dispositif opérationnel, mais aussi pouvoir s'appuyer sur la montée en puissance des forces armées de nos partenaires pour contrer efficacement la menace.
Face à un ennemi qui se nourrit des fragilités et des défaillances des États de la région, la paix et la sécurité ne pourront renaître à la seule faveur d'une action militaire. Les conditions de cette renaissance sont par ailleurs économiques et politiques. Ce n'est qu'en progressant sur cette voie que l'on pourra durablement consolider les acquis de l'opération et conjurer la tentation d'un retrait précipité, qui ruinerait tous les efforts et les sacrifices consentis.
Lors du récent débat sur le bilan et les perspectives de Barkhane, demandé par notre excellent collègue le président Christian Cambon, M. Le Drian a déclaré que le sommet de N'Djamena devait être celui « du sursaut diplomatique, du sursaut politique et du sursaut du développement ». Ces trois volets sont en effet indispensables pour redonner des perspectives, et d'une certaine manière du sens, à l'engagement de nos troupes sur le terrain.
Monsieur le secrétaire d'État, quels ont été, lors de ce sommet, les messages adressés par le Président de la République à nos partenaires ? Estimez-vous qu'ils ont permis de provoquer ces sursauts que vous appelez de vos vœux ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M le secrétaire d'État chargé des affaires européennes.
M. Clément Beaune, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes. Monsieur le sénateur Fournier, comme vous, je tiens tout d'abord à rendre hommage au courage de nos troupes au Sahel, qui assurent depuis plusieurs années la sécurité de la France et de l'Europe.
Le Président de la République a participé au sommet du G5 Sahel, ou sommet de N'Djamena, par visioconférence, au début de cette semaine, lundi et mardi. Il a également pris part à une session élargie à la coalition pour le Sahel, constituée il y a quelques mois à l'issue du sommet de Pau, et qui regroupe aujourd'hui quarante-cinq partenaires internationaux.
Vous l'avez souligné : il était temps de faire le point sur ces engagements et d'amplifier la dynamique amorcée.
Le Président de la République a eu l'occasion de le dire publiquement : le sommet de N'Djamena a permis de dresser ce bilan, d'enregistrer des résultats et des réussites dans la lutte contre le terrorisme. Ainsi, il a indiqué un certain nombre d'avancées très concrètes, fruits de ce sommet de suivi.
Tout d'abord, il s'agit du déploiement d'un bataillon tchadien dans la zone des trois frontières, pour amplifier l'effort militaire de nos partenaires.
Ensuite, il s'agit de continuer et d'amplifier la lutte contre le haut commandement du groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et de l'État islamique au Grand Sahara ; de poursuivre le financement de la force conjointe du G5 Sahel, notamment en amplifiant les financements européens ; et, conformément aux engagements de la ministre des armées, Florence Parly, d'assurer la montée en puissance de la force européenne Takuba, au sein de laquelle près de dix partenaires européens nous ont rejoints.
Compte tenu de cet alignement politique et militaire, et de l'implication accrue de nos partenaires africains et européens, le Président de la République a indiqué que nous maintiendrions notre effort militaire et que, si des évolutions devaient être apportées, nous les examinerions en temps voulu, après l'amplification de cette dynamique.
Le sommet de N'Djamena a permis de poser les jalons de ce sursaut politique et de développement que Jean-Yves Le Drian avait évoqué : sursaut politique par la relance de la mise en œuvre de l'accord d'Alger sur la question du Nord-Mali ; sursaut de développement, au moment même où le Parlement commence l'examen de notre projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales – Jean-Yves Le Drian sera à l'Assemblée nationale pour cela dès cet après-midi –, pour permettre le retour des services aux populations dans les zones libérées par l'action militaire.
Nous poursuivrons, avec un sommet au mois de mars,…
M. le président. Il faut conclure.
M. Clément Beaune, secrétaire d'État. … le suivi de ces engagements, pris lors du sommet de Pau. (M. François Patriat applaudit.)
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