M. le président. La parole est à Mme Claudine Lepage, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
(Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Claudine Lepage. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Un peu partout sur le territoire, l'inquiétude, voire la colère, des enseignants et des parents d'élèves du second degré gronde. En cause, les discussions autour de la dotation horaire globale, qui doit acter votre choix budgétaire de supprimer 1 800 emplois d'enseignants dans le second degré. Ce choix conduit de nombreux établissements à préparer la rentrée scolaire dans des conditions intenables.
Alors que votre gouvernement proclame à longueur d'interviews la priorité donnée à la jeunesse, cette mesure va emporter des conséquences désastreuses sur la qualité des enseignements : classes surchargées, restriction des choix d'enseignements, recours trop important aux heures supplémentaires, réduction du nombre de professeurs remplaçants, etc.
Notre jeunesse, durement touchée par les conséquences de l'épidémie de la covid-19, sera la victime collatérale de ces suppressions de postes incompréhensibles.
Incompréhensibles, car la situation sanitaire devrait, au contraire, nous conduire à recruter davantage d'enseignants pour diminuer le nombre d'élèves par classes et mieux les encadrer.
Incompréhensibles, car la réforme du lycée que vous avez souhaitée nécessite des moyens en heures et en postes.
Monsieur le ministre, le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain vous avait déjà alerté sur les conséquences que vos choix budgétaires allaient emporter sur le terrain, mais il n'est pas trop tard pour agir !
Allez-vous entendre la colère des enseignants et des parents d'élèves, revenir sur votre décision et prévoir, à l'inverse, des mesures exceptionnelles d'accompagnement pour la rentrée 2021 ?
Ce serait un premier signal important envoyé aux enseignants, aux parents,…
M. le président. Il faut conclure.
Mme Claudine Lepage. … et tout particulièrement à notre jeunesse.
(Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Pierre Ouzoulias applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice Lepage, vous abordez une question traditionnelle à cette période de l'année, au moment où les établissements reçoivent leur dotation horaire globale.
M. François Patriat. C'est un marronnier !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Vous faites référence à l'enseignement secondaire et non au primaire, probablement parce que vous reconnaissez implicitement qu'un effort budgétaire considérable a été fait en faveur de ce dernier (Rires sur les travées des groupes SER et CRCE.), avec 2 600 créations de postes, un nombre tout à fait significatif. Ce sera, historiquement, le meilleur taux d'encadrement à l'école primaire.
C'est le résultat d'un choix politique très fort : la priorité donnée à l'école primaire. Disons-le très clairement, la France dépensait jusqu'à maintenant moins que la moyenne des pays de l'OCDE pour son enseignement primaire et davantage pour son enseignement secondaire.
Cela signifie-t-il pour autant que nous sacrifions l'enseignement secondaire ? La réponse est évidemment non.
Tout d'abord, le taux d'encadrement reste le même, parce que nous compensons les éventuelles pertes de postes dans certains établissements par des heures supplémentaires, lesquelles, au passage, peuvent se traduire par une augmentation du pouvoir d'achat de ceux qui les effectuent.
Ensuite, nous avons mis en place une série de dispositifs, qui apparaissent dans le budget, lequel a connu une augmentation inédite de près de 2 milliards d'euros pour l'an prochain. Ce quinquennat aura apporté 6 milliards d'euros en plus à l'éducation nationale, contre 2 milliards d'euros sous le gouvernement que vous souteniez précédemment.
Ces moyens ne sont pas donnés de manière indistincte ; ils sont consacrés à des politiques en faveur des plus défavorisés. J'ai à l'esprit le dispositif Devoirs faits, au collège. Mais ces efforts concernent aussi l'ensemble des politiques qui ont trait aux facteurs sociaux de la réussite éducative, par exemple les cités éducatives que nous mettons en place avec Nadia Hai.
Cette politique publique est qualitative et cible ses bénéficiaires : les plus défavorisés. Il ne s'agit pas d'une politique aveugle, non plus que d'une politique de saupoudrage. Elle prête attention aux territoires, notamment aux territoires ruraux, qui font l'objet d'une attention particulière, y compris dans le cadre du plan de relance.
(Marques de dénégation sur les travées des groupes SER et CRCE.)
Ce plan recèle ainsi une série de bonnes nouvelles pour les territoires, par exemple pour ceux qui, en ce moment, apprennent qu'ils ont été choisis pour accueillir un internat d'excellence,…
M. le président. Il faut conclure !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. … ou encore pour ceux qui bénéficient du plan informatique en zone rurale. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
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