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Céline Boulay-Espéronnier
Question d'actualité au gouvernement N° 1715 au Ministère de l'intérieur


Lutte contre la violence chez les jeunes

Question soumise le 11 mars 2021

M. le président. La parole est à Mme Céline Boulay-Espéronnier, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Si les affrontements entre groupes de jeunes existent depuis longtemps, nous sommes en train d'assister à une explosion inédite de la délinquance de rue et de la violence juvénile. Rien que cette semaine, plusieurs jeunes de moins de 15 ans ont été grièvement blessés. Et c'est tous les jours que l'on assiste à un événement dramatique !

Cette nuit encore, à la veille de cette séance de questions d'actualité au Gouvernement, en plein cœur du XVIe arrondissement de Paris, dans un quartier pourtant réputé calme, des affrontements violents ont eu lieu.

M. David Assouline. Le XVIe arrondissement tremble !
(Sourires sur les travées du groupe SER.)

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Il est hors de question de s'abandonner à la fatalité ni de laisser s'installer une sorte de résignation collective. Laisser croire que l'on a tout essayé n'est pas acceptable !

Monsieur le ministre, malgré vos efforts, vous n'arrivez pas à rétablir l'ordre. Les policiers sont épuisés et héroïques, mais on a le sentiment qu'il est plus facile pour la préfecture de police d'évacuer les berges de la Seine que de lutter contre la délinquance de rue.

M. Christian Cambon. Très bien !

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Le 27 janvier dernier, j'ai informé votre préfet par courrier que la tension montait, notamment à la porte de Saint-Cloud, où j'ai assisté à des heurts. Un mois et demi après, toujours pas de réponse ! Lorsque vous le croiserez, monsieur le ministre, n'hésitez pas à lui remettre ce courrier (Mme Céline Boulay-Espéronnier brandit une lettre.), que je tiens à votre disposition.

En matière de police et de justice, la solution consiste non pas à répondre au coup par coup, mais à mettre en place une véritable politique sérieuse et cohérente.

Cette semaine, vous vous êtes déplacé avec M. le Premier ministre à Beauvais et à Lyon pour constater l'escalade de la violence.

Ma question est simple : quelles mesures opérationnelles comptez-vous mettre en œuvre immédiatement pour que les villes ne deviennent pas le terrain d'affrontements systématiques de jeunes armés jusqu'aux dents, sur fond de revendication de territoires et de réseaux sociaux ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Réponse émise le 11 mars 2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, bien entendu, cette question me touche en tant que ministre de l'intérieur, mais s'agissant d'enfants de 11, 12 ou 13 ans – vous venez de parler d'enfants de moins de 15 ans –, je ne vois pas très bien ce que la police ou la gendarmerie peut faire de plus que les parents ou que le suivi éducatif d'un certain nombre d'entre eux.

Que voulez-vous que nous fassions de plus ? Mettre en prison des enfants de 12 ans, que vous dites armés jusqu'aux dents ? Madame la sénatrice, cela n'est pas raisonnable !
(Exclamations sur les travées du groupe SER.)

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Cela relève de la politique de la jeunesse !

M. Gérald Darmanin, ministre. Dans les rixes que l'on observe en Essonne ou sur la plaque parisienne, on trouve effectivement des enfants de 11, 12 ou 13 ans pourvus d'armes blanches, fréquemment des petits couteaux de cuisine ou des Opinel, le plus souvent ce qu'ils trouvent sur la voie publique. Ce n'est pas ce que j'appelle être armé jusqu'aux dents !

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Certains étaient équipés de marteaux !

M. Gérald Darmanin, ministre. Ne confondons pas les événements qui se sont déroulés devant ce lycée du XVIe arrondissement, qui sont évidemment à déplorer, avec les violences urbaines et les règlements de comptes sur fond de trafic de drogue qui ont lieu à Beauvais, Tourcoing, Roubaix ou Marseille. Cela n'a rien à voir ! Il faut savoir distinguer les choses et tenir des propos plus équilibrés.

Ce qui est certain, madame la sénatrice, c'est que les réseaux sociaux et les messageries cryptées – j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer – empêchent aujourd'hui la police de réaliser le travail qu'elle faisait hier ou avant-hier.
(Brouhaha sur les travées des groupes CRCE et SER.)

D'ici à quelques semaines, nous allons examiner le projet de loi Renseignement dans cet hémicycle : j'espère que le Sénat – la majorité sénatoriale au premier chef –, nous aidera à prendre des mesures facilitant les interventions et permettant aux services de renseignement, au renseignement territorial et à la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris, en particulier, de surveiller les réseaux sociaux – Snapchat, notamment, mais aussi Telegram, WhatsApp ou Signal, dont les contenus ne sont pas aujourd'hui accessibles aux services de police.

Nous allons également discuter dans quelques jours du projet de loi Sécurité globale, madame la sénatrice. J'aimerais que le Sénat, puisqu'il vote la loi, autorise les policiers municipaux – et pourquoi pas à Paris aussi ? – à infliger des amendes forfaitaires délictuelles aux mineurs de moins de 18 ans. Malheureusement, la Haute Assemblée a préféré supprimer cette disposition en commission.

M. Yannick Vaugrenard. Elle a bien fait !

M. Gérald Darmanin, ministre. Je suis d'accord pour travailler avec vous, mais ne confondons pas les violences urbaines sur fond de règlements de comptes et ce qui peut se passer, et qui est effectivement tout à fait déplorable, pour des enfants de 11 ou de 12 ans.

M. le président. La parole est à Mme Céline Boulay-Espéronnier, pour la réplique.

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Si je parle de jeunes armés jusqu'aux dents, c'est parce que l'on me dit que, hier soir, ils avaient des marteaux et des couteaux dans leurs poches, pardonnez-moi du peu !

Je ne pense pas que l'État doive se décharger en permanence de ses responsabilités en évoquant les parents et les réseaux sociaux. Nous devrons avoir ces discussions, bien sûr, mais la réponse doit être ferme et immédiate, parce que les Parisiens et les Français ne peuvent pas être constamment pris en otage par les auteurs de ces violences, qui sont inacceptables et qui marquent l'opinion publique tous les jours que Dieu fait ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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