M. le président. La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.
Mme Sophie Taillé-Polian. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Je souhaite lui faire part d'une remontée de terrain et citer les propos des responsables de l'académie de Créteil : « Il y a eu un véritable tsunami de remontées de cas positifs par les écoles à traiter cette dernière semaine. Tous les médecins de l'éducation nationale du département sont sur le pont, mais, compte tenu du nombre très important de cas positifs signalés dans les écoles du département, il n'est pas possible de répondre dans des délais satisfaisants. »
Un médecin du Val-de-Marne le confirme : il y a plus de 600 situations de retard – soit autant d'écoles que dans le département ! – pour traiter les demandes qui se multiplient, eu égard à l'augmentation des cas positifs. Voilà la réalité du terrain !
Dans les écoles, vous êtes aujourd'hui débordés. Il n'y a pas de réponse dans les temps pour décider des éventuelles fermetures ou pour mettre en œuvre avec rigueur le « tester, isoler, tracer ». Cela suscite de la confusion et de mauvaises décisions.
Il n'y a pas de remplaçants en nombre suffisant, donc on mélange les élèves pour poursuivre l'accueil, au mépris du protocole sanitaire.
Il n'y a pas de moyens de protection des personnels enseignants ou éducatifs pourtant en première ligne. Certes, il est question de leur ouvrir un accès à la vaccination, comme ils le demandent, mais donnez-leur déjà des masques ! Ces derniers n'ont pas été remplacés depuis le mois de septembre et les personnels se contentent des masques en tissu distribués, qui ne sont même pas de catégorie 1 !
Il n'y a pas de réponse pour les collèges qui demandent à faire des rotations, comme dans les lycées, pour limiter l'accès à la restauration scolaire.
Enfin, il n'y a pas d'anticipation pour utiliser, quitte à les prolonger un peu, les prochaines vacances, afin que celles-ci soient l'occasion d'un freinage puissant.
Comme vous, monsieur le ministre de l'éducation nationale, nous voulons que les écoles restent ouvertes, mais pas n'importe comment ! Quand allez-vous prendre les mesures fortes qui sont nécessaires pour que la situation revienne sous contrôle ?
(Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire.
Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire. Madame la sénatrice, en cette période si particulière, nous avons deux responsabilités. La première est d'assurer la protection de nos élèves et de nos personnels. La seconde est de garantir la réussite scolaire.
Afin de garantir la protection de nos élèves et de nos personnels, je vous rappelle que nous avons déployé des protocoles sanitaires que nous ne cessons d'adapter.
Vous avez évoqué, madame la sénatrice, la question des remplacements. Oui, il y a des remplaçants dans nos écoles : 2 200 d'entre eux ont été affectés dans le premier degré et 2 700 assistants d'éducation, ou AED, ont été affectés dans le second degré. Nous déployons également des tests antigéniques et salivaires : 320 000 tests ont été proposés…
(Exclamations sur les travées des groupes CRCE et SER.)
M. Fabien Gay. Où ça ?
M. Rachid Temal. Où sont-ils ?
Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État. … et 200 000 tests ont été réalisés, avec un taux de positivité dans nos établissements qui oscille entre 0,3 % et 0,5 %.
Comme je l'ai rappelé, notre second objectif est de garantir la réussite de nos élèves. Avec Jean-Michel Blanquer et l'ensemble des membres du Gouvernement, j'ai une conviction : l'école, c'est important, notamment pour nos élèves les plus fragiles. Il faut lutter contre le décrochage scolaire !
Il suffit d'observer, madame la sénatrice, le résultat des évaluations nationales et de comparer les résultats de septembre avec ceux de janvier. Et c'est parce que nos écoles sont ouvertes, c'est parce qu'il y a cette exception française qui fait notre fierté que nous sommes parvenus à rattraper les différences et que nous avons résorbé l'écart qu'il y avait entre les zones d'éducation prioritaire et les autres.
Le Président de la République a annoncé hier l'élargissement de la politique vaccinale, notamment le déploiement d'une campagne ciblée. Madame la sénatrice, nos professeurs pourront en bénéficier d'ici à quelques semaines !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian, pour la réplique.
Mme Sophie Taillé-Polian. Madame la secrétaire d'État, il n'y a pas que les professeurs à vacciner. Il y a toute la communauté éducative et tous les personnels !
À l'école Hautes Bruyères de Villejuif, pour obtenir des remplaçants, les parents ont été obligés de se mobiliser, de menacer et même d'occuper l'établissement ! Si vous pensez être à la hauteur de la situation, vous vous trompez. Il faut des moyens supplémentaires, notamment des remplaçants, pour mettre un terme à l'actuel brassage des élèves ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
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