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Jean-Louis Lagourgue
Question d'actualité au gouvernement N° 1769 au Ministère de l'économie


Situation de la compagnie aérienne Air Austral

Question soumise le 8 avril 2021

M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Lagourgue, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires.

M. Jean-Louis Lagourgue. Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de la relance, le secteur aérien français figure parmi les plus durement frappés par la crise sanitaire. Dans ce contexte, l'État a su prendre les décisions permettant de garantir la pérennité d'Air France et de Corsair.

Je souhaite, pour ma part, appeler votre attention sur la situation d'Air Austral, compagnie française de l'océan Indien basée à La Réunion, qui contribue depuis plus de trente ans au rayonnement des ailes françaises dans la zone sud de l'océan Indien.

Depuis le mois de janvier 2020, cette compagnie régionale a subi une chute dramatique de son chiffre d'affaires, de près de 55 %, ainsi qu'une dégradation de ses résultats.

Face à cette situation, un plan d'action a été décidé, mais il n'est pas suffisant. L'intervention de l'État est désormais cruciale pour assurer la survie de ce fleuron qu'est Air Austral, l'une des plus importantes entreprises françaises dans l'océan Indien, qui fait vivre plus de mille familles à La Réunion.

Il est urgent de maintenir les capacités de trésorerie de la compagnie. Un financement d'État de 30 millions d'euros était prévu. À ce jour, il semble que les discussions n'aient pas abouti. Or le temps presse, et il est urgent d'agir.

Le second niveau d'intervention implique que nous nous interrogions sur l'attitude agressive dont Air France fait montre sur les marchés ultramarins, et aux conséquences dramatiques que sa stratégie est susceptible d'entraîner sur l'existence même d'Air Austral, voire sur celle des autres compagnies qui desservent La Réunion.

Cette situation menace gravement l'avenir d'Air Austral. Je souhaiterais donc savoir, monsieur le ministre, si le Gouvernement est aujourd'hui en mesure de rassurer ses dirigeants et ses salariés sur un total soutien de l'État, pour la sauvegarde de la pérennité de la compagnie.

Par ailleurs, quelles mesures comptez-vous prendre pour protéger Air Austral des velléités d'Air France ?
(Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

Réponse émise le 8 avril 2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Monsieur le sénateur, je veux vous confirmer que l'État français soutiendra Air Austral. Il s'agit d'une compagnie vitale pour l'île de la Réunion, qui représente plusieurs centaines d'emplois. Elle se verra ainsi octroyer un prêt garanti par l'État d'un montant de 30 millions d'euros.

J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le président de la région, Didier Robert, voilà quelques instants. Celui-ci m'a confirmé que la Sematra soutiendra aussi financièrement Air Austral, en lui allouant une aide significative.

En outre, la Caisse des dépôts et consignations attribuera une aide de 5 millions d'euros à la compagnie, et je suis disposé à lui demander d'apporter un soutien financier supplémentaire.

Air Austral est une entreprise vitale pour l'île de la Réunion, pour la concurrence et les emplois qu'elle y représente. J'ai eu moi-même l'occasion de constater, lorsqu'il était encore aisé de se rendre à La Réunion, à quel point il s'agit d'une compagnie d'une grande qualité.

S'agissant des relations entre Air France et Air Austral, je ne veux laisser planer aucune ambiguïté : la première n'aura aucune prise de participation au capital de la seconde. Une telle participation a été rendue impossible par le soutien que l'État a apporté à Air France. Cette dernière doit se reconstituer et gagner en compétitivité, et ne peut donc pas dans le même temps investir dans Air Austral.

En revanche, il est essentiel qu'un accord soit conclu entre Air France et Air Austral sur la répartition des créneaux. Je suis conscient que les discussions entre les deux compagnies sont difficiles ; je suis prêt à aider à ce qu'elles puissent se poursuivre et aboutir de manière constructive, sans hostilité ni agressivité.

Je suis convaincu que nous arriverons à trouver ensemble un terrain d'entente. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP. – M. Pierre Louault applaudit également.)

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