M. le président. La parole est à M. Teva Rohfritsch, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.
M. Teva Rohfritsch. Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de la relance, en apportant un soutien de 4 milliards d'euros à Air France et en en devenant le premier actionnaire, l'État réaffirme son engagement aux côtés de la compagnie et de ses salariés. C'est une action nécessaire pour consolider fortement cette entreprise stratégique pour la France. La question du pass sanitaire ou certificat vert doit également être tranchée pour offrir davantage de visibilité au secteur.
Nos compagnies aériennes françaises régionales, soutenues par nos collectivités territoriales, souffrent tout autant. C'est le cas d'Air Tahiti Nui, qui a dû mettre en œuvre un plan d'économies drastique sans bénéficier du chômage partiel, en se séparant de 17 % de ses salariés. La compagnie, vitale pour la Polynésie française, passera difficilement l'année sans une intervention financière de l'État et l'été sera dramatique, si les frontières polynésiennes ne sont pas rouvertes au tourisme, alors que le contexte sanitaire est maîtrisé là-bas, à 16 000 kilomètres de Paris.
Monsieur le ministre, alors qu'Air France va être, à juste titre, soutenue massivement, que comptez-vous faire pour accompagner nos compagnies aériennes françaises régionales, tout aussi stratégiques pour l'économie de nos territoires ultramarins, en particulier Air Tahiti Nui ?
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Colette Mélot applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Monsieur le sénateur, nous soutenons en effet Air France : on est bien loin d'une vision néolibérale, monsieur Gay. D'ailleurs, avec une participation de l'État dans le capital à hauteur de 30 %, cette vision néolibérale a, si je puis m'exprimer ainsi, du plomb dans l'aile…
(Rires sur diverses travées au centre et à droite.)
S'agissant d'Air Tahiti, nous ferons exactement la même chose. Nous lui avons déjà apporté 60 millions d'euros en prêt garanti par l'État. Nous avons aussi mis en place un dispositif qui apporte une aide, dans la limite de 10 millions d'euros, à la prise en charge des coûts fixes des entreprises qui réalisent plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires mensuel – c'est le cas d'Air Tahiti et je souhaite que cette compagnie puisse bénéficier de ce dispositif.
Je souhaite également qu'Air Tahiti prenne contact très rapidement avec le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) pour regarder comment garantir sur le long terme la pérennité de l'entreprise. Je crois d'ailleurs que les choses sont en cours de ce point de vue.
Je n'ai pas d'inquiétude sur la trésorerie d'Air Tahiti d'ici à la fin de l'année, mais je souhaite que la compagnie puisse continuer à voler et à desservir ses destinations habituelles. Nous avons besoin de trouver d'autres modalités de soutien que celles que nous avons déjà mises en place. C'est pourquoi j'invite Air Tahiti à saisir le CIRI et à discuter avec nous. Nous trouverons des solutions.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Colette Mélot applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Teva Rohfritsch, pour la réplique.
M. Teva Rohfritsch. Monsieur le ministre, je pense qu'Air Tahiti Nui et toute la Polynésie ont écouté votre réponse. Le secteur du tourisme est vital pour la Polynésie française ; des milliers de familles en vivent. Bien entendu, nous ferons toutes les démarches nécessaires selon les formalités que vous venez d'indiquer. De grâce, ne laissez pas Air Tahiti Nui de côté ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP. – Mme Lana Tetuanui et M. Pierre Louault applaudissent également.)
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