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Florence Lassarade
Question d'actualité au gouvernement N° 1782 au Ministère auprès du Ministère de la transition écologique - transports


Liaison Bordeaux - Paris-Orly

Question soumise le 8 avril 2021

M. le président. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Florence Lassarade. Ma question s'adresse au ministre chargé des transports et porte sur la suppression totale de la navette aérienne entre Bordeaux et Orly, que le Gouvernement vient de confirmer.

Cette décision, fondée uniquement sur des considérations environnementales, est actée par le projet de loi Climat et résilience sans qu'aucune concertation avec les élus locaux ait eu lieu en amont. Pourtant, cette navette aérienne transporte jusqu'à 550 000 passagers par an. La métropole bordelaise constitue par ailleurs le troisième bassin d'emploi pour l'aéronautique en France et représente près de 35 000 salariés, avec 300 entreprises, dont Dassault ou Thalès. Alors que la région est déjà fortement impactée par la crise, cette suppression risque de remettre en question le choix de localisation et de développement de nombreuses entreprises.

Dans son avis sur le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, le Conseil d'État critique la suppression de la navette Air France entre Bordeaux et Orly. Il souligne que « les conséquences économiques et concurrentielles de l'interdiction sont trop succinctement abordées ». Il vous reproche aussi, monsieur le ministre, de ne pas avoir pris en compte le principe de liberté des transports aériens, qui prévaut dans l'Union européenne.

J'appelle votre attention sur le fait que l'aéroport de Bordeaux s'est doté d'un plan d'orientation stratégique volontariste en termes de lutte contre les nuisances sonores et visant à la neutralité carbone afin de devenir un équipement écoresponsable. De surcroît, la filière aéronautique travaille ardemment à la fabrication d'avions moins polluants dans le cadre du programme européen Clean Sky. Plutôt qu'une suppression totale de cette liaison aérienne, ne serait-il pas possible d'organiser une transition acceptable en maintenant au minimum deux allers-retours quotidiens ?
(Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

Réponse émise le 8 avril 2021

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.

M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports. Madame la sénatrice, vous interrogez le Gouvernement sur l'arrêt de la liaison aérienne entre Paris-Orly et Bordeaux, conséquence de l'article 36 actuellement débattu à l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi Climat et résilience. Cet article, vous y avez fait référence, donne la préférence au train sur l'avion dès lors qu'une alternative ferroviaire robuste, souvent en TGV, existe en moins de deux heures trente.

Nous accompagnons le secteur aérien dans sa transition écologique et énergétique, cela a été dit. Nous y investissons des montants considérables.

Nous avons à cœur de maintenir l'attractivité des territoires. C'est pourquoi les allers-retours professionnels à la journée seront toujours possibles. Ces restrictions ne concerneront pas non plus les vols à haut niveau de correspondances, raison pour laquelle les liaisons vers l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle seront maintenues, ainsi que la continuité vers les outre-mer.

Enfin, les lignes concernées bénéficient toutes d'une liaison ferroviaire de qualité. Des aménagements de fréquence à la hausse, dès que la crise sanitaire s'éloignera, nous permettront de retrouver le niveau de desserte habituel.

Concernant Bordeaux, j'ai demandé à Mme la préfète de région d'être particulièrement attentive aux besoins locaux, notamment en termes d'accessibilité et de desserte régionale.

Les modalités précises de l'application de cet article seront définies par décret. Je souhaite que les élus y soient étroitement associés.
(Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour la réplique.

Mme Florence Lassarade. Le sujet, monsieur le ministre, ce n'est pas le train… Sachez que se rendre en centre-ville quand on habite en région Nouvelle-Aquitaine ou même en périphérie de Bordeaux n'est pas du tout pratique : il faut jusqu'à une heure et demie de voiture pour rejoindre la gare.

Le secteur aérien ne saurait être le bouc émissaire de la lutte contre la pollution. En privant Bordeaux et sa région d'un atout essentiel d'attractivité, ce sont 35 000 emplois de la filière aéronautique qui sont en jeu. Tel était le sens de ma question ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.- M. Vincent Capo-Canellas applaudit également.)

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