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René-Paul Savary
Question d'actualité au gouvernement N° 1888 au Ministère du travail


Retraites

Question soumise le 10 juin 2021

M. le président. La parole est à M. René-Paul Savary, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. René-Paul Savary. Ma question s'adresse au secrétaire d'État chargé des retraites.

Monsieur le secrétaire d'État, les Français sont très attachés à leur système de retraite. Il faut dire que notre pays est celui où l'on part le plus tôt en retraite, avec une pension en moyenne plus élevée que dans les pays voisins. En contrepartie, nous payons des cotisations particulièrement importantes, mais cela ne suffit pas puisque le déficit est chronique.

Les travaux du Conseil d'orientation des retraites (COR) sont particulièrement édifiants : quel que soit le scénario retenu, l'équilibre ne pourrait être atteint qu'au détriment du niveau des pensions.

Nous aimerions que vous puissiez nous aider à décrypter les pensées du Président de la République, ou tout au moins ses arrière-pensées, et que vous n'hésitiez pas dans la foulée à nous faire part des pistes que vous envisagez !
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Yves Détraigne applaudit également.)

Réponse émise le 10 juin 2021

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des retraites et de la santé au travail.

M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d'État auprès de la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, chargé des retraites et de la santé au travail. Monsieur le sénateur René-Paul Savary, vous êtes fort averti du sujet des retraites. Au lieu de chercher à décoder la pensée des uns ou des autres, je vous exposerai la mienne, ce sera plus simple !

Rappelons tout d'abord que la priorité absolue, aujourd'hui, c'est d'accompagner la reprise de l'activité et le rebond de l'économie.

S'agissant des retraites, vous connaissez ma ligne : je reste convaincu qu'une réforme profonde est nécessaire pour assurer, à la fois, l'équité et la pérennité du système de retraite par répartition.

Pas de solidarité durable sans équilibre durable ! La solidarité est à ce prix. La transformation du pays enclenchée en 2017 reste donc indispensable, peut-être plus encore aujourd'hui qu'hier.

La crise de la covid-19 a d'ailleurs montré l'importance de la solidarité lorsque celle-ci est assise sur la base la plus large possible. C'est précisément cette solidarité qui fonde notre système de retraite par répartition, auquel nous sommes profondément attachés.

S'agissant du financement de notre système de retraite, il ne vous a effectivement pas échappé que les dernières projections du COR, qui seront discutées dans les heures et les jours qui viennent, témoignent d'un déficit durable, qui s'est élevé pour 2020 à 18 milliards d'euros, corrigé de 5 milliards d'euros d'abondements. L'équilibre de nos régimes est aujourd'hui précaire : il nous faut un système plus pérenne financièrement pour garantir la stabilité et la soutenabilité de notre système par répartition.
(Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. On l'a compris !

M. le président. Il faut conclure !

M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d'État. Comme l'a indiqué le Président de la République récemment, rien n'est exclu concernant le sujet, mais, pour l'heure, rien n'est décidé.
(Mêmes mouvements.)

Mme Sophie Primas. Magnifique !

M. le président. La parole est à M. René-Paul Savary, pour la réplique.

M. René-Paul Savary. Merci, monsieur le secrétaire d'État, pour cette réponse très précise… (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.) Il n'en demeure pas moins que l'étau se resserre.

Attendre, c'est laisser le déficit se creuser un peu plus, remettre en cause notre système par répartition et inciter les Français à épargner plutôt qu'à consommer. C'est faire que la reprise ne se passe pas exactement comme prévu.

À l'inverse, agir dans la précipitation, c'est nier le besoin de consensus et de discussions. C'est risquer de mettre les Français dans la rue et de compromettre aussi la reprise, d'une autre manière.

Tout cela est bien compliqué, mais le pire serait de ne rien faire. Il faut mettre un terme aux doutes, aux tergiversations inutiles – ce sont de légitimes sources d'inquiétude – et passer à l'acte !

Monsieur le secrétaire d'État, vous avez constaté le fiasco d'un projet que personne n'a compris, que même le Président de la République a jugé trop complexe.

Dites la vérité aux Français, même si ce n'est pas forcément très populaire, et proposez-nous des choses simples. Car, on le voit bien, à vouloir tout changer, on ne change rien ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et des travées du groupe UC.)

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